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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 3, mai-juin 1999 > DOSSIER : L’offensive Jospin contre les retraites

DOSSIER : L’offensive Jospin contre les retraites

L’offensive Jospin contre les retraites

Mis en ligne le 1er juin 1999 Convergences Politique

Alain Juppé avait tenté de s’en prendre aux régimes spéciaux de retraites. La grève de novembre décembre 1995 a obligé le patronat et le gouvernement à remiser leur copie. A l’époque, le parti socialiste avait critiqué la « méthode Juppé », en prenant soin de ne pas se prononcer sur le fond du projet. Aujourd’hui, Jospin va au-delà du plan Juppé en concoctant une réforme globale du système des retraites en France remettant en cause la plupart des acquis des travailleurs en la matière. Seule différence de « méthode » : Jospin déclare vouloir « prendre son temps ». Juppé avait obtenu le consentement de la CFDT, avec Nicole Notat. Jospin, lui, veut prendre le temps d’obtenir aussi au moins celui de la CGT de Bernard Thibault. A quoi sert un gouvernement socialiste ? A prendre le temps d’obtenir de tous les syndicats qu’ils fassent passer les pires réformes anti-ouvrières. C’est toute la nuance de méthode !

Depuis octobre 1998, le commissaire au plan Jean-Michel Charpin a travaillé avec des fonctionnaires auxquels étaient associés des représentants de toutes les confédérations syndicales et des caisses de retraites pour élaborer son rapport. Aucun n’a claqué la porte et n’a remis en cause cette méthode qui cherche en réalité à faire avaler par petites doses successives l’amère potion.

Ce rapport Charpin, sur la base de prévisions démographiques catastrophiques (voir notre article Des chiffres et des mensonges) propose deux choses : d’une part l’allongement de la durée de cotisation à 42,5 annuités pour tous (soit deux ans et demi de plus dans le privé et cinq ans de plus dans le public) ; d’autre part, en sus des fonds de pension privés existant déjà aujourd’hui, un « fonds de réserve », sorte de fonds de pension public. L’évolution générale est claire : d’abord la diminution des retraites réellement perçues dans le système actuel ; ensuite la diminution de la part de la répartition dans la retraite versée et l’augmentation progressive de la part réservée à la capitalisation sous une forme ou une autre.

Jospin voudrait bien sûr éviter un affrontement généralisé et obtenir des confédérations syndicales un consensus lui permettant de faire passer cette réforme chère aux capitalistes. Il est d’ores et déjà clair sur une chose : il y aura mariage de la répartition et de la capitalisation. Il déclare ainsi dans Le Parisien du 29 avril – c’est nous qui soulignons : « Il n’y a qu’une chose qui soit impossible : ne rien faire. A partir de là, toutes les options peuvent être discutées, y compris une forme d’épargne collective consacrée au financement de retraites . Mais à deux conditions. D’abord que l’avenir des régimes de retraites soit au préalable garanti [traduisons : il faudra payer plus et plus longtemps](……)Ensuite, que les syndicats et organisations professionnelles soient associées à la gestion de ces fonds ( ….) Ces fonds d’épargne ne sauraient être qu’un complément du système de répartition. »

Derrière la concertation avec les syndicats, un projet anti-ouvrier dont l’essentiel est déjà ficelé. La méthode ? Intégrer et intéresser les appareils syndicaux au nouveau système. Cela suffira-t-il à éviter un affrontement avec la classe ouvrière risquant de se généraliser, comme en 1995 ? Ou cela compromettra-t-il les directions syndicales au point que la base prenne d’elle-même l’initiative de la riposte et les déborde ? Dans l’affaire de l’application des 35 heures à la sauce Aubry, on voit aujourd’hui à la SNCF la base CGT s’insurger contre ses dirigeants. Dans l’affaire des retraites, la base ouvrière pourrait également réagir de façon intempestive, d’une façon que ni le gouvernement ni les dirigeants recentrés n’ont prévue.

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