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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 91, janvier-février 2014

Films

Mis en ligne le 14 janvier 2014 Convergences Culture

A touch of sin

de Jia Zhang-Ke

Sorti en décembre, ce film est centré sur la violence qui s’exerce sur les milieux populaires en Chine, en ces temps de développement sauvage du capitalisme. Violence envers les femmes, envers les ouvriers, envers les gens « ordinaires » qui tenteraient de se mettre en travers du chemin de ceux qui s’enrichissent sans vergogne. Les héros de ces quatre histoires, inspirées de faits divers réels, ne trouvent d’autre issue que de se faire justice eux-mêmes ou de retourner cette violence contre eux-mêmes, d’où une évocation poignante des suicides à Foxconn, sous-traitant de toutes les grandes entreprises informatiques occidentales.

Un témoignage formidable sur ce que vit aujourd’hui la population laborieuse en Chine.

Lydie GRIMAL


Tel père, tel fils

de Kore-Eda

Le thème de ce beau film japonais est le même que celui de La vie est un long fleuve tranquille, la comédie d’Etienne Chatiliez, mais traité de manière plus grave et plus profonde. Un jeune architecte ambitieux travaille pour une grande société, très soucieux de son image. Sa famille, forcement parfaite (épouse soumise qui a abandonné sa carrière pour s’occuper du foyer et un garçon de 6 ans, élevé très strictement) y joue un grand rôle. Or il apprend que, suite à un échange de bébé à la naissance, son fils n’est pas… le sien. Son fils biologique grandit dans une famille modeste d’artisans dans une ville voisine... Les deux familles sont effondrées mais que faire ? Procéder à l’échange d’enfants comme le suggère la direction de la clinique, responsable de l’erreur ? Les liens du sang sont-ils plus forts que ceux de six années de vie quotidienne ? Au terme d’un long cheminement (l’action se déroule sur plusieurs saisons), notre architecte trouve sa réponse...

En plus d’être bien interprété, de nous questionner sur un sujet de toujours, le film présente deux modes de vie du Japon d’aujourd’hui, dans deux milieux opposés, ce qui le rend plus intéressant encore.

Liliane LAFARGUE


The Selfish Giant

(« Le géant égoïste »)

de Clio Barnard

Ce film anglais n’a rien à envier à ceux de Ken Loach. Sinon plus dur et plus âpre encore... Filmé comme un documentaire (jusqu’au générique final, il n’y a aucune musique), il nous fait suivre les aventures de deux très jeunes garçons dans un quartier pauvre de Bradford (une ville industrielle toute proche de Leeds, dans le nord de l’Angleterre). Ces jeunes adolescents sont déscolarisés et veulent gagner de l’argent en travaillant pour un ferrailleur (à qui ils procurent notamment du cuivre), ogre rustre et violent, qui organise aussi des courses de chevaux clandestines. Or, l’un des deux jeunes, d’origine gitane, a une passion pour les chevaux... On sent venir le drame et cela ne loupe pas !

Loin des clichés sur la reprise économique et la réussite, Clio Barnard nous montre une réalité terrible de l’Angleterre actuelle : celle des laissés-pour-compte, celle de la violence, celle de la misère morale. C’est aussi l’histoire d’une amitié plus forte que cet univers glauque, une amitié dont on se prend à espérer qu’elle s’avèrera rédemptrice…

L.F.


Zulu

de Jérome Salle

Le film s’inspire du roman policier de Caryl Férey (écrivain français globe-trotter) qui dresse un portrait au couteau de l’après apartheid en Afrique du sud. Le film reprend fidèlement la trame du roman, avec beaucoup d’images chocs qui reflètent la réalité de ce que vivait et vit encore l’écrasante majorité de la population noire. L’enquête policière démarre par la découverte du cadavre d’une jeune fille blanche pour entrer dans l’arène des cartels de la drogue, véritable fléau qui mine toute la société. Faites de flash-back sur les horreurs de l’apartheid, l’histoire se construit autour d’une fiction sur l’utilisation de la drogue pour en faire une arme chimique de destruction de la jeunesse noire. Mais une fiction construite sur une réalité. Comme le dit l’auteur du roman, Caryl Férey : « le personnage de Basson, évoqué dans le roman, existe. C’est une sorte de Mengele [un nazi tortionnaire d’Auschwitz], qui vit aujourd’hui près de Johannesburg, en toute impunité » [1].

Un polar mené tambour battant sur fond de misère sociale où « le pardon » et la « réconciliation » ne trouvent plus de légitimité.

René SENS


[1Dans une interview à Alternative Libertaire de juin 2008, www.alternativelibertaire.org/spip.php?article2079. Son roman Zulu, paru en 2008, est réédité en folio policier.

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