Dans l’Education nationale, la consolidation de la précarité !
1er octobre 2000 Convergences Politique
Dans l’Education nationale, un certain nombre de CES vont être transformés en CEC [1]. Mais contrairement à ce qui se fait déjà depuis un certain temps dans la Fonction publique territoriale (municipalités, conseils généraux, etc.), il n’y aura pas d’embauche définitive des CEC au bout de 5 ans. Des limites d’âge sont imposées : plus de 40 ans pour postuler et à ce jour ceux qui ont été pris avaient plus de 55 ans et allaient ainsi jusqu’à la retraite.
Les établissements étaient jusqu’alors réticents pour transformer les contrats car se posait le problème du paiement de l’assurance chômage. Or depuis septembre, c’est le ministère de l’Education nationale qui prend en charge cette assurance et finance la totalité des salaires, comme pour les CES. Un quota a été fixé par académie et département. En Charente Maritime par exemple, il est de 130 et à l’heure actuelle la moitié des postes ont été pourvus. Ce qui représente une moyenne d’environ 2 CEC par établissement de 800 élèves (rappelons qu’un établissement de ce type emploie une bonne dizaine de CES et souvent plus).
Cette transformation des CES en CEC se fait dans le cadre de la prétendue résorption de la précarité dans la Fonction publique ! Disons plutôt « consolidation » de la précarité puisqu’on transforme des précaires de 2 ans en précaires de 5 ans. Les uns et les autres « renouvelables » (ou pas !) à des échéances plus courtes ! Mais l’Etat et des directeurs d’établissements y trouvent leur intérêt. Ils utilisent un personnel qui connaît son boulot, pendant cinq ans au lieu de deux, pour un salaire de 4300 F par mois environ et, qui plus est, sous contrat privé. Plus rentable que d’embaucher massivement des fonctionnaires auxquels il faut garantir un emploi et un salaire bien supérieur pendant 37 ans et demi !
Avec cette précarité qui dure et s’institutionnalise, ceux qui nous gouvernent organisent donc la réduction du nombre des fonctionnaires sous statut et le grossissement parallèle d’un « corps » de précaires de 5 ans. Cela s’ajoute aux emplois jeunes Aubry. C’est ce que voudrait également généraliser le MEDEF dans le privé en embauchant sous contrats de 5 ans renouvelables, selon les besoins de des profits. Toujours sous prétexte de lutter contre le chômage, évidemment !
Bien sûr, sans être dupes, les hommes et les femmes employés en CES, puis en CEC, et qui souvent ont été victimes de licenciement collectifs à un âge où il n’est pas facile de retrouver du travail, voient comme une aubaine ce contrat de 5 ans (en fait un peu moins car il faut déduire les années de CES pour ceux qui ont moins de 55 ans). Comme une aubaine de passer de 20 à 30 heures avec 50 % de leur actuel salaire en plus et l’espoir que d’ici la fin du contrat de nouvelles mesures leur permettront de rester. Comme l’espèrent les emplois jeunes ! Et là où des « principaux » de collèges s’opposent à la création de CEC ou font lanterner dans l’attente de la publication du décret officiel, les CES s’impatientent. En Charente-Maritime, certains se sont réunis à plusieurs reprises avec la CGT. Et au-delà de la transformation des CES en CEC, c’est la nécessité d’un emploi stable pour tous qui posée.
14 septembre 2000, N.N
[1] CES ou contrat de deux ans maximum renouvelable tous les 6 mois : 20 heures par semaine, payées au SMIC horaire, soit environ 3000 F par mois. CEC ou contrat de cinq ans renouvelable tous les ans : 30 heures par semaine, payées au SMIC horaire.
Mots-clés : Enseignement | Précarité