Chacun son Tour : Jospin dope les patrons !
27 juillet 1998 Éditorial des bulletins L’Étincelle
Records sans cesse battus à la bourse, bilans financiers accrus des grandes entreprises et des banques… Depuis longtemps déjà, les soupçons s’accumulent autour des performances miraculeuses de la bourgeoisie. La politique fiscale du gouvernement, annoncée mercredi dernier, confirme de façon éclatante que le recours au dopage est général chez les patrons. Les équipes qui se succèdent au gouvernement leur injectent des overdoses de subventions publiques, de dégrèvements de charges sociales et fiscales.
Le docteur Jospin est une fois de plus pris la main dans le sac. Son projet de baisse des impôts est une nouvelle panoplie de mesures artificiellement stimulantes pour le monde des profiteurs.
Certes, pour le bon peuple, il y a quelques ristournes : la taxe de 2 centimes sur la pochette d’allumettes est supprimée ! La TVA sur l’abonnement EDF-GDF (mais pas sur les quittances !) fera faire quelques dizaines de francs d’économies ! Cartes d’identité et permis de conduire ne seront plus assujettis au timbre fiscal de 160 et 250 francs ! Mais le gas-oil deviendra peu à peu aussi cher que l’essence, sous prétexte de défense de l’écologie !
Certes, l’impôt sur la fortune aura une tranche supérieure davantage taxée. Les 800 fortunes qui dépassent 100 millions de francs devront payer un peu plus, si elles ne trouvent pas une combine pour y échapper. Rappelons qu’un certain Sieur Pineau, pédégé parmi les plus riches du pays, s’est illustré en trouvant le moyen de ne pas payer d’impôt.
Pour l’essentiel, la politique fiscale du gouvernement est un super cadeau aux riches, à tous ceux qui possèdent des usines, des portefeuilles d’actions, des propriétés, des fortunes, des biens mobiliers et immobiliers comme on dit. Toute cette bourgeoisie voit sa dette envers l’Etat allégée de quelques dizaines de milliards pour les années à venir : allégements de droits de transmission de patrimoine, allégements de taxation des ventes de logement et surtout, allégements et bientôt disparition de la taxe professionnelle que les patrons avaient à payer aux collectivités locales. Voilà des années que le patronat pleurait pour obtenir sa suppression et, divine surprise, c’est un gouvernement prétendu socialiste qui la lui mitonne !
Pour les seules 5 années à venir, l’édulcoration de la taxe professionnelle va se solder par quelque 27 milliards de francs de plus dans les caisses du patronat, et autant de moins dans les caisses de l’Etat. Autant de moins pour les écoles, les transports publics, les hôpitaux dont on parle tant aujourd’hui et qui ne connaîtraient pas les mêmes drames humains si les moyens matériels n’y étaient pas chichement comptés. Cette somme, pour fixer les idées, c’est ce qui aurait été nécessaire pour satisfaire la revendication du relèvement de 1500 francs des minima sociaux. Jospin ne les avait pas pour les plus pauvres. Il les trouve aujourd’hui pour les plus riches !
Et en guise de gros lot pour les faiseurs de profits, le gouvernement annonce la privatisation - O pardon l’ouverture du capital - d’Aérospatiale. Après les Télécoms, Air-France… Cette fois, le cadeau est pour le patron de Matra, Lagardère.
Si Jospin a voulu adresser un « signe fort » en direction du patronat, c’est réussi. Toute la presse l’a souligné. Sauf l’Humanité qui y a vu une « touche de gauche » ! Pour abuser qui ? Il y a fort à parier que dans les entreprises et les quartiers, les militants et sympathisants du PC ont l’œil plus acéré et la dent plus dure que ces dirigeants qui font les cireurs de pompes du gouvernement socialiste.
Les équipes qui se succèdent au gouvernement « soignent » toujours les mêmes, engraissent toujours les mêmes, dopent toujours les mêmes. Le prétexte à ces perfusions des plus pauvres en direction des plus riches est de créer des emplois. Le résultat est de fabriquer toujours plus de profits et de chômeurs.
Jusques à quand ?
Cela dépendra du monde du travail de décider que c’est l’overdose et d’agir en conséquence.