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Campagne électorale en Allemagne : promis aux travailleurs, juré aux patrons !

16 août 2005

En Allemagne, la campagne électorale des législatives anticipées du 18 septembre est engagée. À vrai dire, elle l’était déjà plusieurs semaines avant que, le 21 juillet dernier, le président fédéral dissolve le Bundestag à la demande du chef du gouvernement, le chancelier social-démocrate Schröder, qui venait de ramasser une claque aux élections régionales de Rhénanie du Nord-Westphalie. Les programmes du SPD, de la CDU/CSU, des Verts ou des « libéraux » du FDP promettent beaucoup. La suite, comme toujours, est sur une page volante !

Le SPD dit vouloir réaliser -si les électrices et les électeurs jouent le jeu- ce qu’il aurait eu largement le temps de faire durant les sept années qu’il vient de passer au pouvoir. L’impôt plus fort sur les riches, c’est promis... mais ça l’était déjà dans le programme électoral de 1998, resté sans effet. L’impôt plus faible sur les entreprises, c’est juré... Mais là, en matière de cadeaux fiscaux au capital, des engagements ont déjà été tenus : la dernière réforme de l’impôt sur les entreprises, en 2001, est évaluée sur trois ans à une ristourne de 77 milliards d’euros d’impôts pour les entreprises. Dans le même temps, ce sont toujours les mêmes litanies sur le fait que les caisses sociales et étatiques seraient vides. Sous ce prétexte, une foule de mesures ont été prises contre le monde du travail. Célèbres sous le nom de « réformes Hartz », les prétendues « restructurations » de l’assurance maladie, de l’assurance retraite et du marché du travail, ont fait que la facture du patronat s’est allégée tandis que la note de tous les autres s’est salée. Mais ni les caisses publiques n’ont été de la sorte assainies, ni un seul emploi créé. Seuls les riches sont devenus plus riches et les travailleurs davantage exploités et paupérisés.

Berlin n’est pas la ville la plus pauvre. Pourtant un habitant sur six y vit dans la misère. Plus d’un demi million d’êtres humains doivent aujourd’hui, dans la capitale fédérale, se contenter de moins de 600 euros par mois. En revanche, des sommités du monde patronal, entre autres les « frères Aldi », magnats de la grande surface, disposent de 30 milliards d’euros.

Les Verts projettent d’augmenter l’impôt sur les entreprises, mais après qu’ils aient gouverné en toute solidarité avec Schröder, qui peut encore les croire ?

Le prétendu « programme de combat » de la CDU/CSU, comme celui des libéraux du petit parti FDP, ne valent évidemment guère mieux. Tous deux en veulent à la protection trop clémente contre les licenciements. Mais que personne ne croie que le maintien d’un gouvernement SPD protégerait les travailleurs. Sans compter qu’il pourrait sortir de ces élections un gouvernement de « grande coalition », du SPD et de la CDU !

Si tous les partis installés prétendent vouloir faire le bien des travailleurs, ces derniers savent qu’avec eux leur bien est mal parti. Il n’est donc pas étonnant que le nouveau « Parti de gauche » (« Linkspartei ») bicéphale -formation récemment constituée par le PDS de Gregor Gysi et l’ancien ministre social-démocrate Oskar Lafontaine, rejoints par la WASG (en français Alternative Électorale pour le Travail et la Justice sociale) à laquelle des militants syndicalistes et d’extrême gauche participent-, puisse réaliser une bonne performance. Dans l’Allemagne de l’Est, le « Parti de gauche » a grimpé jusqu’à 30% dans les sondages, et pour toute l’Allemagne jusqu’à 9%. C’est que beaucoup tiennent à exprimer leur mécontentement face au démembrement des protections sociales et au chômage croissant. Des manifestations importantes, ces deux dernières années, dont les manifestations du lundi, l’été dernier, dans la partie Est du pays, avaient déjà montré que beaucoup n’ont plus l’intention de se laisser faire.

Mais si le nouveau « Parti de gauche » promet lui aussi beaucoup et se situe nettement plus à gauche que tous les autres partis en place, dès maintenant, ses responsables laissent entendre qu’ils s’accommoderaient si besoin d’une reconduction du gouvernement SPD-Verts. Ce qui ne peut être interprété que comme un soutien à la politique de celui-ci.

Le Parti de gauche caresse-t-il l’espoir de trouver une place dans un gouvernement ? Sa participation ne changerait évidemment rien au sort des travailleurs. On le constate en particulier au Sénat de Berlin ou dans le gouvernement du Land du Mecklembourg-Poméranie occidentale, où les ministres du PDS pratiquent la politique de coupes claires dans les budgets sociaux. Et nulle part ni jamais, les Gregor Gysi ou Oskar Lafontaine n’ont essayé de mobiliser contre les licenciements et les « réformes Hartz », ou de préparer une situation où les patrons auraient chaud aux fesses.

Ce serait pourtant la seule politique efficace.

Pauline BAUM

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