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DOSSIER : Protectionnisme « Made in France » : fausse solution, vraie arnaque

Programmes de candidats : Du côté des démagogues…

Mis en ligne le 25 mars 2012 Convergences Politique

En pleine crise du capitalisme, les candidats de la bourgeoisie n’auront pas réussi à éviter que la question de l’emploi occupe la première place dans la campagne présidentielle. Tous leurs efforts se portent donc à l’orienter sur le terrain du chauvinisme. Ils multiplient les déclarations sur le « patriotisme économique » , « produire en France » ou autre « acheter français » .

  • Nicolas SARKOZY voudrait ainsi réformer les accords de Schengen ! Et vite ! Sinon il « suspendra sa participation ». Il saupoudre son annonce des mots « délocalisations », « emploi », « se protéger », histoire de faire croire qu’il va réindustrialiser la France. Mais quand il déroule ses mesures concrètes... il n’est plus question que de s’en prendre aux immigrés : mieux contrôler les entrées des personnes, faire converger les politiques du droit d’asile (comprendre réduire le nombre de droits accordés), sanctionner ou exclure un pays qui ne fermerait pas assez ses frontières, etc. Les barbelés ne sont pas pour le capital, mais bel et bien réservés aux travailleurs !

En guise de protectionnisme, Sarkozy a exigé la « réciprocité commerciale », c’est-à-dire l’obligation pour les pays pauvres d’ouvrir leurs frontières aux produits européens, justifiant que le marché européen leur est ouvert. Sauf que ceux qui exportent vers l’Europe sont majoritairement les capitalistes occidentaux qui pillent les richesses naturelles et exploitent la main d’œuvre bon marché des pays pauvres. Tandis que les exportations européennes vers ces pays, notamment les produits agricoles ultra-subventionnés, ruinent leur économie locale et plongent des centaines de milliers de travailleurs et petits paysans dans le chômage et la misère. Tous les protectionnismes ne se valent pas et imposer la réciprocité commerciale n’est rien d’autre que la politique du FMI depuis trente ans, qui a enfoncé les pays pauvres dans la dette et leur population dans le chômage et les bidonvilles.

Autre grande annonce de Sarkozy : un « Buy European Act », c’est-à-dire une loi obligeant les États européens à ne passer commande qu’auprès des entreprises produisant en Europe, à l’image du « Buy American Act  » existant aux États-Unis depuis 1933, et aujourd’hui directement reprise du programme du Front national où elle figure sous le nom francisé (chauvinisme oblige) de « loi Achetons français ». Mais il y a belle lurette qu’en France les principaux marchés publics sont réservés aux patrons français : nouvelles LGV [1], distribution de l’eau, armement, ramassage des ordures, constructions et ouvrages d’art (Stade de France, Viaduc de Millau, etc.). L’argent public fait la fortune des Bouygues, Eiffage, Vinci, Véolia, Suez, Lagardère, Dassault et Cie... sans parler des marchés truqués qui ont mouillé politiciens et patronat (rénovation des lycées parisiens, Balardgone, etc.).

  • François HOLLANDE, de son côté, laisse les déclarations les plus chauvines à Montebourg (ce qui ne l’a tout de même pas empêché, pour donner la réplique à Sarkozy, de s’acheter en grandes pompes, c’est le cas de le dire, une paire de chaussures dans la ville de Romans, en vantant le « fabriqué en France »). Partisan de la « démondialisation », Montebourg tente de rabattre pour Hollande les voix du FN et du Front de gauche par ses propos contre la Chine, rendue responsable des licenciements en France, ou contre l’« Allemagne à la Bismarck ». Au thème « patriotisme industriel », le programme officiel de Hollande est beaucoup plus timoré. Il prévoit la création d’une « Banque publique d’investissement »... telle qu’il en existait jusqu’à leur démantèlement par la gauche au début des années 1980. Il est surtout question de « favoriser » et de « soutenir » tantôt les PME et les filières d’avenir, tantôt la production et l’emploi en France. Méthode proposée ? Financements, aides publiques et allègements fiscaux. Rien de plus que des subventions comme l’État et les conseils régionaux, presque tous « socialistes », en distribuent depuis longtemps à des entreprises qui, bien peu reconnaissantes, ne se gênent pas pour licencier ou fermer après avoir empoché l’argent public.
  • Marine LE PEN est dans son créneau, niveau chauvinisme. Depuis toujours, le FN veut « produire français avec des Français ». Une fois le chômage mis sur le dos des travailleurs immigrés, Marine Le Pen n’a pas de mots trop forts contre la « mondialisation débridée qui met nos industries en concurrence déloyale avec le monde entier et un fonctionnement de la zone euro qui nous soumet à la politique d’hyper-compétitivité de l’Allemagne ». Comme si les capitalistes français n’étaient pas du côté des exploiteurs du « monde entier » ! Quant à sa grande proposition de sortir de l’euro, elle serait suivie d’une « dévaluation compétitive maîtrisée du Franc, de l’ordre de 20 à 25 % », c’est-à-dire d’une baisse d’autant des salaires réels. Côté vieilles recettes anti-ouvrières, Marine Le Pen est aussi pour le rétablissement d’un protectionnisme à l’ancienne, avec droits de douane et quotas, mais attention : contre les pays qualifiés de « déloyaux » et surtout pas contre les pays riches ! Car, au-delà de l’apologie du saucisson-pinard, le programme du FN est très libéral et se résume à : protection contre les pauvres, liberté pour les riches.
  • Jean-Luc MÉLENCHON, avec sa campagne sur le thème « France belle, France rebelle », reprend la vieille ligne nationaliste du Parti communiste qui, dans les années 1980, scandait « Produisons français ! ». Un programme ambitieux pour « un renouveau industriel et technologique » et « rétablir des productions délocalisées » ? Il en a bien un. Mais, bien respectueux du système capitaliste, il ne propose qu’incitations fiscales, « plans industriels » et collaboration entre « partenaires publics et privés ». Des mesures d’un « bon » président... mettant l’argent public au service d’un développement industriel privé et dans lesquelles les travailleurs n’auraient qu’à applaudir. Il invoque également « la France pour changer le cours de la mondialisation ». De quelle France parle-t-il ? Là est la question !

M.S.


[1La construction et l’exploitation des trois futures lignes à grande vitesse a été attribuée en partenariat public-privé à Vinci pour Tour-Bordeaux, Eiffage pour Le Mans-Rennes et Bouygues pour Nîmes-Montpellier, le tout pour 12,8 milliards d’euros.

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Numéro 80, mars-avril 2012