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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 112, mars-avril 2017 > Présidentielle 2017 : Philippe Poutou, candidat ouvrier

Pour un monde sans frontières

Face au tout sécuritaire dont on nous abreuve sous prétexte de protection contre les attentats, au problème des centaines de milliers de réfugiés qui tentent de gagner l’Europe riche au risque de leur vie, l’intérêt de travailleurs est de créer un monde sans frontières, sans armées, sans forces de répressions. C’est aussi cela que nous avons à dire dans cette campagne.

Accueillir et exprimer notre solidarité avec tous les opprimés, les exploités

Des murs couvraient 16 % des frontières en 2009. Des États-Unis de Trump à la Hongrie de Orban, la tendance est à la hausse. Mais, même truffés de caméras infrarouge, hérissés de barbelés ou électrifiés, ils n’empêcheront pas de passer les milliers de femmes et d’hommes qui prennent la route de l’exil. Ils augmentent seulement de nombre de morts. Et l’Europe riche ne cesse de renforcer sa surveillance des côtes qui provoque tous les ans des milliers de morts en Méditerranée. Peu importe pour nos gouvernants que les migrants fuient la guerre, une dictature ou tout simplement la misère. « Nos » États, « nos » multinationales ne sont jamais bien loin quand on se met à chercher les responsables. Combien de dictateurs l’armée française soutient-elle ? Combien de pays voient leurs richesses pillées par Total, Bolloré ou Areva ?

Ouverture des frontières, liberté de circulation et d’installation

C’est notre programme : les marchandises et capitaux se promènent librement d’un point à l’autre de la planète. Il doit au minimum en être autant des êtres humains. La France ne pourrait pas accueillir plus de 30 000 migrants (elle qui a en encore accueilli bien moins que ce misérable chiffre promis) ? Le Liban et la Turquie en ont hébergé respectivement un million et 2,7 millions.

Les migrants prendraient la place de pauvres bien français ? Mensonges ! On compte à peu près 142 000 sans-abri et 900 000 personnes dépourvues de logement personnel… mais 2,6 millions de logements vides ou vacants, un chiffre qui a explosé sous le coup des différentes mesures d’aide aux propriétaires. Si l’État voulait loger ceux qui ne le sont pas, ou mal, il le pourrait. Il n’y a même pas à faire voter une nouvelle loi : elle existe déjà… mais n’est jamais appliquée !

La libre circulation, l’accueil des migrants, nous ne pouvons l’attendre de nos gouvernants. Mais nous ne sommes pas impuissants. À en juger par les manifestations de solidarité qui ont eu lieu quand la police faisait la chasse aux migrants, expulsait un campement de réfugiés, à Paris, à Calais ou ailleurs. Même si elles n’ont pas été souvent assez fortes pour empêcher l’expulsion et encore moins pour imposer un accueil et un hébergement décent. Il en faudra plus. À en juger aussi par la sympathie qu’a soulevée cet agriculteur des Alpes maritimes que le gouvernement traînait en justice pour avoir aidé et hébergé des migrants qui venaient de passer la frontière italienne. Un exemple qui mérite de faire tache d’huile.

Égalité des droits entre Français et étrangers

Le dumping social que pratiquent les requins du bâtiment ou de la construction navale en employant des travailleurs dits « détachés » prendrait fin du jour au lendemain si on imposait que ces derniers disposent des mêmes droits que les autres dès la première heure de travail.

Le droit de vote pour les immigrés renforcerait le poids politique de toute la classe ouvrière, puisque seule une petite minorité d’entre eux appartiennent à la classe exploiteuse.

Régulariser tous les sans-papiers, c’est enfin faire sortir de la clandestinité des milliers de camarades de travail. C’est leur offrir les moyens de résister au double chantage à l’expulsion et à l’emploi, menaçant tous ceux d’entre eux qui veulent ne serait-ce que défendre leur dignité.

Non aux budgets militaires

Selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), 44 milliards de dollars suffiraient à éradiquer la faim dans le monde. Trop cher ? Les États ne dépensent pas moins de 1 570 milliards de dollars par an pour leurs budgets militaires. Ou comment attiser l’incendie au lieu de l’éteindre…

Bien sûr, il s’agit de garantir les profits des industriels de l’armement avec l’argent public. Mais les États n’accumulent pas les armes sans s’en servir. Hollande et son ministre Le Drian n’ont pas seulement battu les records de vente d’armes. Ils ont aussi rallongé le budget militaire de quatre milliards d’euros supplémentaires jusqu’en 2019, surtout pour les « opérations extérieures ».

Opposition à toutes les interventions militaires

C’est avec notre argent et – pire ! – en notre nom qu’on bombarde et qu’on tue. Aujourd’hui, la majorité de ces expéditions militaires prend pour prétexte la lutte contre le terrorisme. Mais utiliser des drones pour exécuter des personnes sans jugement (comme Hollande s’en est vanté auprès d’un journaliste écrivant un livre sur lui), bombarder au risque de massacrer des populations, voire cibler un hôpital comme on l’a vu plusieurs fois au cours des interventions militaires actuelles au Moyen-Orient, ce n’est pas moins du terrorisme. Et nous en payons tous le prix avec les attentats. Car ce sont bien ces guerres que nos gouvernants mènent, avant tout pour le pétrole, qui permettent à des organisations terroristes, de l’autre côté, de recruter autant de jeunes suffisamment désespérés pour être prêts à se faire sauter dans un attentat suicide.

Abrogation de l’état d’urgence

Les services secrets et la police, nous dit-on ici, ont au moins servi à démanteler des groupes téléguidés par l’État islamique et à déjouer des attentats. Mais c’est aux causes qu’il faut s’atteler, à commencer par l’arrêt des guerres que les armées des grandes puissances mènent là-bas, et à l’exploitation qui réduit ces pays à la misère.

Par contre pour un terroriste intercepté, combien de manifestations interdites, au nom du fameux « état d’urgence » ? Combien de militants arrêtés ? L’appareil d’État se sert des moyens de lutte anti-terroristes pour ses propres objectifs de « maintien de l’ordre ».

Quant à la police elle se croit tout permis, surtout dans les quartiers pauvres évidemment, comme vient de le montrer à nouveau le matraquage et le viol du jeune Théo en banlieue parisienne.

Mathieu PARANT

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