Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 146, juillet-août 2022 > Après les élections

Ne pas s’abstenir de lutter

Avec 52,49 % d’abstention au premier tour et 53,77 % au second, une majorité des électeurs ne s’est pas déplacée pour aller voter aux élections législatives. L’indifférence et le rejet de la politique institutionnelle ont nourri cette abstention massive. Il faut dire que la campagne électorale était bien loin de répondre aux problèmes immédiats qui se posent pour les travailleurs. Face à un pouvoir d’achat rogné chaque jour par la hausse des prix, à la crise dans les hôpitaux ou au réchauffement climatique, les classes populaires auraient dû choisir à quel sauveur suprême se fier ? Une large majorité pour Macron ou un Mélenchon Premier ministre ?

Mais la participation aux élections marque de fortes disparités. Dans les Bouches-du-Rhône, l’abstention atteint presque 57 % au second tour, mais elle est de 63 % dans la troisième circonscription et de 72 % dans la septième, les deux circonscriptions des quartiers nord de Marseille qui sont les plus populaires du département. Dans certains bureaux de vote de Marseille, l’abstention a même atteint 84 % au premier tour. En Seine-Saint-Denis, l’abstention a de nouveau atteint des records, entre 55 et 68 % des électeurs. Et même jusqu’à 77 % dans les deux circonscriptions dans lesquelles il ne restait qu’un seul candidat en lice. À Strasbourg, dans un quart des bureaux de vote, entre 58 et 80 % des électeurs n’ont pas exprimé leur voix, et ces derniers se trouvent presque intégralement dans des quartiers populaires.

Disparité aussi au niveau de l’âge des votants. Si 71 % des 18-24 ans, 66 % des 25-34 ans, 62 % des 35-49 ans n’ont pas voté, seuls 42 % des 60-69 ans et 34 % des plus de 70 ans se sont abstenus [1]. Selon la même enquête, le taux d’abstention diminue en même temps que les revenus mensuels du foyer augmentent.

Voter ou pleurnicher ?

Autant de statistiques qui font dire aux différents commentateurs que Mélenchon est celui qui a pâti de l’abstention. Il faut dire qu’il y a deux mois, le vote des jeunes et des habitants des quartiers populaires expliquait en partie son résultat à la présidentielle.

Avant le deuxième tour, ce dernier a d’ailleurs tenté de s’adresser à ses anciens électeurs qui se sont abstenus. Il appelait donc « ceux qui viennent pleurer » dans son bureau à voter, car ce serait la « dignité du citoyen ». La veille, il était encore plus clair en s’adressant aux jeunes : « vous avez vu le nombre de ceux qui n’ont pas été voter ? Ce n’est pas sérieux quoi… moi je m’épluche la vie pour supprimer Parcoursup donc faut qu’ils viennent donner le coup de main » et d’ajouter « mais bouge-toi mon pote, fais quelque chose à part pleurnicher ou rester à la maison ».

Le manque d’enthousiasme pour la nouvelle version de l’union de la gauche sauce mélenchoniste est balayé par une leçon de morale pour les abstentionnistes qui deviennent responsables de la défaite. Et pas question, pour celui qui nous promettait d’économiser des kilomètres de manifestation en cas d’élection, de mettre en avant une solution autre qu’institutionnelle. Sauf à pleurnicher ?

Ce n’est que par leurs luttes que les travailleurs peuvent reprendre leurs affaires en main, affirmer leur politique, contester le pouvoir des patrons et du gouvernement… Et ceux qui n’ont pas mis de bulletin dans une boîte aux élections législatives ne seront pas forcément parmi les derniers à les mener.

Norbert Moravčik


[1Enquête Ipsos / Sopra-Steria

Mots-clés :

Imprimer Imprimer cet article