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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 7, janvier-février 2000 > DOSSIER : A la veille du XXXe congrès : où va le PCF ?

Les pieds dans... le gouvernement

1er février 2000 Convergences Politique

Le PCF est au gouvernement pour la troisième fois de son histoire, au moment où ses résultats électoraux sont les plus mauvais qu’il ait connus depuis cinquante ans. Pourtant Robert Hue affiche la volonté que ce ne soit plus seulement une participation occasionnelle et éphémère. Il prétend avoir définitivement réintégré son parti dans les rangs des formations qui ont vocation à gouverner ce pays. L’avenir montrera la nature et l’importance de cette mutation.

Pour l’instant en tout cas rien n’a entaché la lune de miel du PCF avec Jospin. Il est vrai qu’il n’a pas rechigné à avaler toutes les couleuvres : privatisations auxquelles il s’était jusque-là toujours dit opposé, ou traités instituant l’Union Européenne, dont Maastricht qui fut longtemps pour lui la cause de tous les maux. Il a même supporté sans broncher de petites avanies de la part du premier ministre socialiste, si mesquines qu’elles ne semblent destinées qu’à faire la preuve de sa capacité à tout supporter pour rester au gouvernement : refus méprisant opposé à la demande bien polie de donner quelques petits coups de pouce au SMIC, il y a deux ans, ou encore sec rappel à l’ordre aux députés PCF d’avoir à laisser passer le budget d’austérité de la Sécurité sociale pour l’an 2000, il y a deux mois.

Pourquoi Jospin se séparerait-il d’un allié aussi accommodant ? Les mauvais résultats du PCF ont peut-être aiguisé les appétits électoraux des notables PS ou Verts, mais le chef du gouvernement ne peut pas confondre nombre de voix recueillies et influence dans le monde du travail. Au contraire, pour aider la direction du PCF à conserver ce qui lui reste de cette influence, il sait lui laisser quand il le faut la petite marge de manœuvre, dont elle a besoin pour faire les gestes qui, dans le calme social actuel, lui suffiront pour prétendre, avec « un pied dans le gouvernement », conserver « un pied dans le mouvement populaire ».

La répartition des rôles

Ainsi le 16 octobre dernier, la direction du PCF a pu donner le change en appelant à manifester « pour l’emploi » et même en invitant l’extrême gauche à le faire avec elle. Mais elle l’a fait avec prudence. D’abord en réaffirmant sa totale solidarité avec la politique de Jospin par l’annonce, faite la veille même de la manifestation, qu’elle voterait la loi Aubry. Puis en se refusant de fait à donner une suite à cette manifestation, comme le peu d’efforts qu’elle a fait pour mobiliser ses troupes lors de la journée du 11 décembre l’a montré.

A l’adresse de ses militants, la direction du Parti communiste explique que « contrairement aussi à d’autres périodes durant lesquelles la gauche exerçait des responsabilités gouvernementales, les luttes sociales ne sont plus considérées comme une gêne pour le gouvernement » ; celles-ci seraient même aujourd’hui « un atout pour amplifier les réformes progressistes » selon les termes du rapport du Comité national du PCF du 13 décembre dernier. Facile à dire tant qu’il n’y a pas de luttes sociales. Ce n’était pourtant pas l’avis ni de Gayssot ni de Hue l’an dernier lorsque les conducteurs de la SNCF se mirent en grève contre les modifications d’horaires qu’on leur imposait sous couvert de passage aux 35 heures.

Les rôles sont bien répartis entre les différentes forces de la gauche plurielle pour appliquer au fond la même politique. Le PS utilise la « méthode Jospin » de négociation préalable et d’émiettement des problèmes pour arriver à ses fins en évitant toute riposte un peu générale. Le PCF offre une caisse de résonance aux mécontents des couches populaires pour faire croire qu’on les écoute et qu’on les prend en compte. Les Verts radicalisent les mots pour occuper avec de belles phrases une autre frange contestatrice. Tout ce dispositif ne vise qu’à une chose : faire avaliser la politique actuelle du gouvernement de gestion du capitalisme florissant comme seule perspective possible, comme seul horizon pour les exploités et les opprimés en évitant toute riposte, toute mobilisation.

Le 28 décembre 1999

Olivier BELIN

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