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Éditorial des bulletins d’entreprise du RSO (Revolutionär sozialistische Organisation) d’Allemagne, du 4 mars 2021

Le printemps, c’est le temps de la grève…

9 mars 2021 Article Monde

Cette année, les négociations salariales de branche dans la métallurgie, qui ont commencé avec des « grèves d’avertissement » ce mardi à Berlin, diffèrent de l’habitude. Et cela, pas principalement parce qu’il faut désormais porter le masque et respecter les distances pendant les manifestations, mais parce que les patrons de la métallurgie et de l’électronique veulent utiliser la crise due au Covid pour des attaques massives, en espérant forcer aux concessions par le chantage à l’emploi.

Dans l’automobile, le prétexte est la transition vers les véhicules électriques, chez Siemens Energy c’est la transition énergétique. Ainsi, le plan de suppression d’emplois dans l’usine de turbines à gaz à Berlin (qui menace 740 collègues) est justifié par la nouvelle politique « verte » de l’entreprise, alors que Siemens continue à se faire du fric avec des énergies polluantes à travers la planète. Il serait pourtant urgent d’embaucher massivement et de créer de nouveaux emplois face à la crise climatique : pour que l’Allemagne atteigne une neutralité carbone par ses propres moyens, il faudrait multiplier la part des énergies renouvelables par cinq !

Cela fait deux ans que la casse de l’emploi se fait à grande échelle dans la métallurgie et l’électronique : 162 000 postes ont été supprimés entre mai 2019 et décembre 2020. Et les menaces ne cessent pas, loin de là. Chez Siemens Energy, c’est 7800 postes dans le monde qui sont menacés, dont 3000 en Allemagne. Et cela bien que l’entreprise fasse des bénéfices (243 millions au premier trimestre) et que la Siemens AG, qui a cédé la filiale Energy l’an dernier, ait atteint 4,2 milliards de bénéfice en 2020.

Le chantage malgré des profits juteux

Avec ce genre de menaces en toile de fond, la fédération patronale de la métallurgie, Gesamtmetall, réclame des négociations « zéro » : il n’y aurait « rien à distribuer cette année ». De plus, elle veut imposer la possibilité d’une « dérogation automatique à la convention de branche en cas de difficultés économiques ». C’est le rêve de toujours des patrons, de pouvoir rabaisser les salaires et les conditions de travail entreprise par entreprise, en s’émancipant de la capacité de mobilisation des salariés au niveau national. Une provocation grossière !

Contrairement à de nombreuses petites entreprises qui souffrent de la crise sanitaire, les grands patrons se sont très bien sortis de la crise, entre autres avec ces « plans de sauvetage » se chiffrant en milliards… Daimler par exemple, qui annonce des milliers de suppressions de postes, a fait 48 % de bénéfices supplémentaires pendant la pandémie, en comparaison avec 2019 ! Des bénéfices bien aidés par cette gigantesque machine de redistribution vers les grandes entreprises qu’est le chômage partiel : les salariés perdent 40 %, le reste est payé par les caisses publiques, et les entreprises s’en sortent bien !

Toutes branches confondues, les salaires réels ont chuté de 1 % d’après les statistiques officielles, et la colère est grande chez les presque quatre millions de collègues de la métallurgie et de l’électronique.

Tous ensemble, remettons les patrons à leur place

On ne peut pas séparer les revendications des négociations collectives de branche et la lutte contre les suppressions de postes. Lundi, quatre cents collègues de Siemens Energy ont manifesté devant la mairie de Berlin, seuls, à l’exception d’une petite délégation de Daimler [1]. Mardi, alors que les premières « grèves d’avertissement » avaient lieu chez Siemens, les collègues de Siemens Energy n’étaient pas appelés à faire grève.

Toutes les divisions, qu’elles soient entre sites, entreprises ou syndicats, sont nuisibles. Une grève, même seulement d’avertissement, qui rassemblerait des milliers de travailleurs de différentes entreprises, pourrait amener un nouvel élan et être la clé du succès !

Le Covid double notre colère

Le gouvernement et les capitalistes nous font payer la crise du Covid. Payer au sens propre du terme, par des réductions de salaire et des suppressions d’emplois, mais aussi par tout ce qui pèse sur nos vies quotidiennes et les risques pour notre santé.

Aux chemins de fer aussi, les conventions signées avec la GDL [2] sont arrivées à terme, et l’obligation de respecter la « trêve sociale » [3] est levée. Imaginons quel signal serait envoyé si métallos et cheminots faisaient grève en même temps ! C’est bien ce qui montrerait ce qui est « essentiel », et qui a fait fonctionner la société pendant cette année de pandémie !

C’est à nous de trouver les moyens militants de relier et de coordonner ici et là des « grèves d’avertissement ». Les directions syndicales, pour qui le « dialogue social » compte avant tout, ne le feront certainement pas d’elles-mêmes. Mais l’élan et le succès des grèves dépendent fortement d’une telle dynamique. La détermination est contagieuse ! Et cette fois les riches pourraient prendre peur, et se sentir contraints de lâcher du lest.


[1Pour plus de détails et des images de la manifestation : https://www.instagram.com/p/CL5SZvf...

[2Syndicat corporatiste des conducteurs, qui s’est élargi à d’autres secteurs du personnel roulant pour concurrencer le principal syndicat des transports, l’EVG.

[3En Allemagne, les conventions de branche fixent la durée de validité des accords conclus, pendant lesquels les syndicats n’ont pas le droit de rompre « la paix », c’est-à-dire d’appeler les salariés à se mobiliser pour des améliorations de conditions fixées par la convention.

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