Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Les articles du site

La porte du voyage sans retour, de David Diop

Seuil, 2021, 256 p., 19 €

8 novembre 2021 Article Culture

Professeur de littérature à l’université de Pau et des pays de l’Adour, David Diop est né en France mais a grandi au Sénégal. Et ce livre est en quelque sorte un hommage à ces deux cultures, européenne et africaine, qui l’ont pétri.

Il nous fait revivre l’aventure d’un botaniste du xviiie siècle, Michel Adanson, parti vers ces terres lointaines dans l’espoir de découvrir de nouvelles plantes et de nouveaux coquillages qui viendront enrichir ses collections, mais surtout figureront en bonne place dans une espèce d’encyclopédie universelle qu’il prépare. Elle comprendra des milliers de pages et sera le couronnement d’une vie.

La supériorité d’Adanson sur les autres Blancs qu’il va côtoyer sur les rives du fleuve Sénégal est qu’il n’a aucun préjugé racial, ce qui est plutôt rare pour un Européen de cette époque. Pour mieux comprendre les gens qu’il côtoie au cours de ses missions il va apprendre la langue locale, le wolof, parlé par le peuple du même nom qui réside au Sénégal et en Gambie, langue qu’il adoptera et finira par mieux utiliser que le français.

Et sa passion pour ce pays lointain, sa faune, sa flore, ses habitants et leurs coutumes, finira tout naturellement par l’attirance qu’il va ressentir pour une jeune femme de couleur dont il tombera secrètement amoureux sans jamais vraiment se dévoiler. C’est en tentant de la sauver de l’esclavage, auquel veut la soumettre le gouverneur de l’endroit, que finalement il la perdra.

Au passage, Diop dresse un portrait féroce de cette société esclavagiste imposée par le colonisateur, dont l’appât du gain est le seul mobile. D’ailleurs le titre du livre, La porte du voyage sans retour, fait référence au surnom donné à l’île de Gorée, qui se trouve dans la baie de Dakar, et d’où sont partis vers les Amériques des millions d’Africains arrachés à leur terre et à leur famille au temps de la traite des Noirs.

Au final, c’est sa fille, Aglaé Adanson, qui découvrira les cahiers de voyage de son père, après sa mort, et qui fera connaître son histoire.

Un livre attachant qui nous rappelle l’histoire de ces savants voyageurs épris tout autant de la science que de la nature et de l’humanité.

Jean Lievin

Mots-clés : |

Imprimer Imprimer cet article