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Accueil > Éditos de bulletins > 2001 > mars > 19

Résultats de ces municipales : la droite perd les capitales, Paris et Lyon ; la gauche perd bon nombre de villes de province. Bref, pas de jaloux. La gauche gouvernementale est désavouée par l’électorat populaire, et la droite présidentielle n’a pas de quoi se vanter. Une baffe à gauche, une baffe à droite, mais une montée de l’extrême gauche au premier tour. L’air est plus vif, et somme toute plus sain, dans toutes ces villes ouvrières qui la semaine dernière ont donné 8, 10 ou 15 % et plus aux organisations d’Arlette Laguiller ou d’Alain Krivine.

Les organisations d’extrême gauche (Lutte Ouvrière, Ligue Communiste Révolutionnaire et Parti des Travailleurs) ont obtenu au premier tour, séparément ou en additionnant leurs voix, des scores de plus de 10 % dans plus de 30 villes, et plus de 7 % dans plus de cinquante. Bien souvent leurs scores ont doublé ou triplé par rapport à ceux des dernières municipales ou des précédents scrutins. Voilà le fait politique véritablement nouveau de ce scrutin.

Les responsables de la gauche plurielle ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, à commencer par le Parti communiste qui paie la note la plus salée de la politique gouvernementale anti-ouvrière à laquelle il contribue : « Il faut regarder de près ce qui s’est passé dans les quartiers populaires. Il y a des attentes qui ne sont pas satisfaites à gauche » a déclaré Robert Hue. Et son journal, L’Humanité, de mettre les points sur les ‘i’ en parlant « d’avis d’alerte maximale » pour la gauche : « Il est à noter que les listes d’extrême gauche… s’en sont prises directement à la politique du gouvernement et aux partis qui en partagent la responsabilité. Leurs scores, indiscutablement, constituent une sanction pour la gauche et un enseignement » (L’Huma, lundi 19 mars). Bien vu.

L’ennui, c’est que ni Robert Hue ni L’Huma n’en tirent les conclusions qui s’imposent en annonçant, par exemple, que le PCF va sortir du gouvernement pour prendre la tête de la contre-offensive ouvrière contre le patronat et la gauche capitaliste ! Le PCF perd Nîmes, Evreux, la Ciotat, Tarbes, Sète, Argenteuil, Drancy, Sens ou Montlucon…, sait très bien pourquoi, le dit, mais persiste, plus servile que jamais, à courber l’échine aux côtés de Jospin et de ses ministres aux ordres d’Elf, Bouygues, Danone et autres Vivendi.

Alors, oui, une partie significative du monde du travail attend désormais de l’extrême gauche ce qu’elle n’attend plus du PCF. Des perspectives de mobilisation, de contestation, dans les quartiers, les entreprises, et quand il le faut dans la rue, qui permettent de changer le rapport de force en faveur de la classe ouvrière. Il y a cinq ans, dix ans même, la désillusion envers la gauche gouvernementale était déjà là. Le chômage aussi. A l’époque, les démagogues d’extrême droite essayaient de canaliser l’amertume vers les préjugés racistes et xénophobes. Mais quelque chose d’autre se dessine désormais. La fin des illusions, c’est acquis. Gauche, droite, bien malin qui les distingue.

Ce qui se dessine, c’est que les travailleurs de tous les secteurs, des caissières de supermarché à temps partiel éclaté jusqu’aux nouveaux bagnards sans horaires de l’informatique, en passant par les cheminots, les métallos… les infirmières ou les instits, remettent à l’ordre du jour la lutte de classe, l’organisation de classe, les idéaux de classe.

6, 8 ou 15 % dans les urnes, c’est déjà un signe. Mais qu’une partie d’entre eux rejoignent d’une façon ou d’une autre les rangs de l’extrême gauche, reprennent goût à l’organisation politique, constituent leur propre contre-pouvoir, dans les entreprises, les quartiers, et quand il le faut dans la rue, et cela donnera toutes les raisons d’espérer… en ses propres forces !

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