Éditorial des bulletins d’entreprise du RSO (Allemagne), 21 octobre 2021
L’hiver s’annonce cher – les riches aussi vont devoir payer !

La fraîcheur automnale nous rappelle qu’il faut mettre le chauffage. C’est pour beaucoup un problème suite aux prix de l’énergie qui explosent. Le gaz surtout a connu une hausse exponentielle : début octobre, il était déjà presque trois fois plus élevé qu’au mois d’août à la livraison immédiate (Spotmarkt). Le prix du fuel domestique est également supérieur de beaucoup à celui de l’an dernier. C’est le « consommateur », c’est-à dire nous tous, qui devrions en faire les frais. Les fournisseurs de gaz ont déjà annoncé des hausses de prix de 13 % en moyenne et ça n’est qu’un début. L’énergie est le principal responsable de la poussée inflationniste qui a déjà dépassé les 4 % ce mois-ci. Les hausses ne concernent pas seulement le fuel domestique et l’essence, car le prix de l’énergie se répercute en effet sur celui de la plupart des marchandises.
À présent, on discute de « précarité énergétique » : les plus démunis n’ont plus vraiment les moyens de se payer l’électricité et de quoi se chauffer. En Allemagne, on pourrait au moins penser que les bénéficiaires de l’allocation-chômage catégorie II ne sont pas concernés puisque c’est l’agence qui prend en charge les frais de chauffage. Oui, mais pas les factures d’électricité ! Et là aussi, la gestion de la misère par la bureaucratie de l’État réserve de mauvaises surprises. L’agence ne prend en charge que les frais de chauffage qu’elle estime « raisonnables », qui sont souvent calculés sur la base de ceux en vigueur dans la région. La « péréquation » incluant les maisons de personnes aisées bénéficiant d’une bien meilleure isolation thermique, il est fréquent que le calcul ne couvre pas les besoins des autres.
Deux crises que le marché est incapable de résoudre
D’où viennent soudain ces prix élevés, alors que ces dernières années nous étions habitués à une inflation très faible et qu’on a même dû apprendre des mots comme « intérêts négatifs » ? C’est parce que le marché du système capitaliste est incapable de gérer l’économie de façon rationnelle et durable. On a constaté cette défaillance au début de la pandémie du coronavirus, en matière de besoins hospitaliers et de masques de protection. Mais elle se constate de façon bien plus générale et dans tous les domaines. Suite au marasme dû au coronavirus, l’économie mondiale a un besoin frénétique d’énergie que le marché est incapable de satisfaire rapidement. Surtout quand il s’agit d’énergies durables et renouvelables. Car la hausse du prix des énergies fossiles est présentée par les possédants comme la seule idée permettant de réduire les gaz à effet de serre dans le secteur de l’énergie. Mais ça ne marche pas. La crise actuelle montre à quel point le monde continue de dépendre des énergies fossiles.
En conséquence de quoi nous sommes doublement punis : par des prix élevés qui diminuent notre niveau de vie et par la constante aggravation de la crise climatique qui va menacer la vie future de milliards d’êtres humains. Le marché est incapable de stopper cette crise climatique. Elle ne pourra l’être que si l’économie est contrôlée de façon démocratique et rationnelle par la majorité de la population laborieuse. Pour cela, il faut l’arracher des mains des vautours de la finance et des marchés boursiers qui ne songent qu’à faire du profit.
Il faut augmenter les salaires !
Les maigres replâtrages dont les politiciens discutent ne peuvent suffire à compenser la hausse des prix. Il s’agit en réalité de prendre sur ce que les super-riches accumulent, il faut que les salaires augmentent au moins dans la même proportion. Un bilan provisoire établi cet été par le centre d’informations WSI-Tarifarchiv, proche des syndicats, montre que les salaires fixés par les conventions collectives ont globalement augmenté de 1,6 % cette année. Compte tenu de l’inflation, cela représente une perte importante de salaire. Les hausses décidées lors des dernières conventions collectives dans le commerce de détail (à peine 3 %) et dans le secteur ferroviaire (1,5 % la première année malgré des grèves dures) se traduisent en fait par un manque à gagner conséquent.
Ces grèves ont été précieuses, tout comme le mouvement de protestation des hôpitaux de Berlin qui a imposé un allègement sensible de la charge de travail pour le personnel soignant des établissements Charité et Vivantes. Ces grèves montrent la force des travailleurs quand ils se mobilisent collectivement et de façon solidaire pour la défense de leurs intérêts. Ce sont de telles expériences qu’il faut multiplier pour contraindre les super-riches et leur capital à payer pour leurs crises !
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Mots-clés : Allemagne