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Deux mois de coalition « feu tricolore » - c’est tout vu !

Éditorial des bulletins d’entreprise du RSO (Allemagne), du 12 février 2022

21 février 2022 Article Monde

(Note du traducteur : l’actuelle coalition gouvernementale allemande est intitulée « feu tricolore » (« Ampel-Koalition »), du fait de la participation du SPD (qualifiés de « rouges », même s’ils ne le sont plus depuis bien longtemps !), du Parti libéral-démocrate (qualifiés de « jaunes ») et des « Verts »…)

Sur toutes les chaînes de télé, on n’arrête pas de parler du coronavirus. Le nombre des personnes infectées a atteint un record. Et même si Karl Lauterbach (ministre SPD de la Santé) semble en savoir davantage en médecine que Jens Spahn (ex-ministre CDU de la Santé), les mesures prises par le nouveau gouvernement sont aussi peu lisibles que celles de l’ancien. Ce qu’on a considéré durant des mois comme extrêmement important – le traçage et les tests PCR –, sera tout simplement abandonné pour le plus grand nombre, les moyens pour les faire étant insuffisants. À la place on introduit une obligation vaccinale dans le secteur de la santé, à charge pour les services de santé de décider qui a le droit de continuer à travailler. Ceux-ci ont déjà fait savoir qu’ils n’y arriveraient pas par manque de personnel.

De meilleurs salaires pour les soignants…

Au lieu de tout faire pour rattraper le retard en matière de vaccination, surtout chez les personnes âgées, c’est encore au personnel soignant qu’on va demander de se débrouiller. Cela fait deux ans qu’on sait qu’il faut massivement renforcer le système de santé par des salaires nettement plus élevés, de meilleures conditions de travail et davantage de personnel dans les établissements et services de santé. L’ancien gouvernement s’était rendu coupable de n’avoir presque rien fait mais le nouveau ne se distingue guère par ses actions dans ce domaine. Pour combattre cette pandémie planétaire, une mesure serait vraiment efficace, la levée des brevets ! Pendant la campagne électorale, Habeck militait pour. Maintenant qu’il est ministre de l’Économie et suite à ses nombreux entretiens avec le lobby pharmaceutique, il n’est plus d’accord. Au motif qu’il serait tout à fait impossible d’augmenter rapidement la production de vaccins. Ce que de nombreuses organisations d’aide au développement contestent.

…et pour tous les autres salariés !

Temps de travail trop lourd et salaires trop bas, qui nuisent à l’« attractivité » de la profession, concernent l’ensemble du monde du travail. Scholz a promis douze euros de salaire minimum, comme coup de pouce aux bas salaires, sans doute pour octobre. Jusqu’ici, pas moins de 6,2 millions de travailleuses et de travailleurs gagnent moins ! Depuis le début de l’année, le salaire minimum est passé à 9,82 euros. Mais cette augmentation ne protège pas les travailleurs âgés de la pauvreté. Et les entreprises s’insurgent déjà contre cette « ingérence » de la politique. « Dans notre système économique, ce qu’est un salaire convenable pour le travail accompli, ce sont jusqu’ici les partenaires sociaux qui, dans le cadre des conventions collectives, ont trouvé la réponse », déclare l’association des entreprises allemandes BDA. Et le fait que des patrons trouvent « convenables » des salaires de 9,82 euros, ou « convenables » des contrats salariaux qui ne suivent pas l’inflation ne surprendra personne. Ce que nous, nous trouvons convenable, il faudra l’imposer par des revendications collectives claires et des grèves.

Pour faire avaler la pilule du salaire minimum aux entreprises, il est question de les autoriser à pratiquer davantage les minijobs. Résultat : davantage de personnes tombent dans la précarité, et le déficit en cotisations sociales menace toujours plus le système social. Tout comme les subventions versées aux entreprises par la prolongation du recours au chômage partiel, qui profitent surtout aux groupes qui malgré le coronavirus (ou à cause de lui ?) ne cessent d’annoncer des profits records.

Jouer avec la menace de la guerre

En matière de politique extérieure, l’Allemagne s’est montrée un peu plus réservée que d’autres États membres de l’Otan. C’est ainsi que la ministre des Affaires étrangères Baerbock refuse jusqu’ici de livrer des armes létales à l’Ukraine. Non pas parce que le gouvernement allemand serait plus pacifique que d’autres, mais parce qu’il dépend du gaz russe, de plus en plus du fait de la sortie du nucléaire et de la fin de l’exploitation du charbon (plus de la moitié du gaz naturel consommé en Allemagne vient de Russie). Malgré cela, l’Allemagne montre aussi les muscles face à la Russie dans le cadre de l’Otan. Elle a par exemple envoyé de nouveaux soldats de la Bundeswehr en Lituanie, près de la frontière russe. Et quand l’État turc, membre de l’Otan, profite de la crise ukrainienne pour effectuer de nouvelles attaques aériennes contre les territoires kurdes d’Irak et de Syrie, la ministre des Affaires étrangères, soi-disant attachée à « des valeurs », se contente de regarder ailleurs.

Si quiconque avait espéré voir la situation des travailleuses et des travailleurs s’améliorer un peu avec un chancelier SPD, il aura été vite déçu. Il n’a jamais été question pour nous de confier l’amélioration de nos conditions d’existence à ce « feu tricolore » !

(Retrouver sur le site du RSO-Allemagne l’éditorial en allemand)

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