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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 116, décembre 2017

Colère et mobilisations au Centre hospitalier de Saint-Denis

13 décembre 2017 Convergences Entreprises

Le 12 octobre, une centaine d’hospitaliers ont envahi un conseil de surveillance pour remettre une pétition signée par plus de 800 salariés. Le 7 novembre ils étaient en grève avec un rassemblement devant l’hôpital, avant d’envahir les locaux de la direction. Sur les pancartes, « ASH en colère ». Sur les banderoles accrochées à divers endroits : « Des moyens pour l’hôpital », « NON à la privatisation ». Et des slogans : « des moyens il y en a, dans les poches du patronat ».

À l’origine de cette colère, l’annonce fin septembre de la suppression des postes « contrats avenir », à la suite de réduction des budgets au niveau national. Sur l’hôpital, ces postes concernent des fonctions d’accueil et essentiellement des agents des services hospitaliers (les ASH), organisés en « pool » (il s’agit de 45 agents qui sont propulsés de service en service en fonction des manques d’effectif). Au total, ce sont 56 personnes qui sont jetées au chômage. En réalité, bien plus ! La direction en profite pour relancer un projet d’externalisation du bio-nettoyage en chambre sur trois « pôles de soins » : neurologie-médecine physique et de réadaptation, pôle femme-enfant et médecine. Les agents en CDD (contrat à durée déterminée) ne seront pas repris. Quant aux agents en CDI (contrat à durée indéterminée, ici de droit public), rien n’est clair : seront-ils repris par la nouvelle entreprise ou réaffectés arbitrairement (comme les titulaires) ?

Les ASH : des bouche-trous et des kleenex ?

Les ASH assurent le nettoyage des chambres mais participent aussi pleinement à l’accompagnement des personnes hospitalisées avec leurs collègues aides-soignantes et infirmières. Ces suppressions d’emplois vont renforcer le stress des restructurations permanentes pour « mutualiser » selon le jargon en vigueur, c’est-à-dire faire plus avec moins et déplacer les salariés comme des pions au nom de la sacro-sainte « polyvalence ». Ce qui signifie alourdir la charge de travail au détriment des soins des malades et briser les équipes.

Ce n’est pas pour rien que les arrêts maladies des ASH organisées en « pool » (pour boucher les trous !) ont augmenté de plus de 30 % en un an sur l’hôpital [1]. Cette augmentation des arrêts maladie est d’ailleurs cyniquement l’argument de la direction pour défendre l’externalisation des fonctions de nettoyage des chambres. Les collègues ont aussi le sentiment de ne plus pouvoir faire leur travail correctement. Externaliser le nettoyage des chambres – pour faire comme à Lyon [2], où c’est sept minutes chrono pour une chambre, badge à l’appui ! – va nuire à l’hygiène de l’hôpital et renforcer la charge de travail sur tous les agents. Ce que ne fera plus l’ASH sera pris en charge par l’aide-soignante, qui laissera plus de travail à l’infirmière. Tout le monde le sait, et c’est bien ce qui a motivé des agents de toutes les professions à se mobiliser : aides-soignantes, infirmières, personnels techniques… Quelques cadres et chefs de service ont également exprimé leur désaccord.

Les revendications

Des assemblées générales, organisées en intersyndicale sur les deux sites de l’hôpital, ont regroupé de nombreux services. Aux premières, en additionnant les deux sites, il y avait au total 140 personnes de différentes professions. D’autres problèmes furent mis en avant, notamment le sous-effectif et la sécurité, au point d’aboutir à une plateforme de revendications exigeant des effectifs supplémentaires, l’embauche définitive des personnes en « contrats avenir », le refus de l’externalisation du bio-nettoyage, du personnel d’accueil et de sécurité (suite à différentes agressions), la fin de la polyvalence imposée. Les syndicats ont insisté pour remettre en cause les Groupements hospitaliers de territoire et toute mutualisation de services, et demander un financement à la hauteur des besoins.

Une journée de grève fut votée pour le 7 novembre. Certains agents se la sont appropriée en venant la veille préparer slogans et banderoles, mais aussi dès 6 heures 30 pour discuter avec les collègues qui finissaient ou commençaient leur travail. L’accueil était chaleureux. La direction avance le chiffre de 65 grévistes mais sans communiquer le nombre d’assignations alors que de nombreux agents affichaient « en grève » sur leur tenue professionnelle. Des médias étaient présents.

De nouvelles AG ont eu lieu. Une nouvelle action est en cours de préparation. 

1er décembre 2017, Thelma GRAM et Kris MICLOS


Un centre, deux sites

Le centre hospitalier de Saint-Denis est un établissement public de la région Île-de-France réparti sur deux sites : Delafontaine (500 places) et Casanova (315 places). Environ 2 000 salariés (hors médecins) y travaillent. Il accueille la population du territoire nord-ouest de la Seine-Saint-Denis, département où le taux de pauvreté atteignait 27,8 % en 2013 selon l’Insee. De nombreuses personnes en situation précaire (pauvreté, sans-papiers, sans domicile…) se retrouvent aux urgences de cet hôpital.


[1Les arrêts maladie sont souvent dus « à des contraintes physiques (exposition à des produits dangereux, charge de travail élevée, etc.), psycho-sociales (tensions avec le public, confrontation à la souffrance des patients, etc. », selon l’enquête de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) de novembre 2017 intitulée : Arrêts maladie dans le secteur hospitalier : les conditions de travail expliquent les écarts entre professions.

[2Cf. Hospices civils de Lyon : les effets de la privatisation du ménage, Convergences révolutionnaires, no 93.

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