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Confession d’un déconfiné

Chômage… par ciel !

17 mai 2020 Article Société

Ce samedi 16 mai, après une fermeture de près de neuf semaines, a rouvert l’un des fleurons des sites touristiques français et son célèbre autel étoilé. C’était urgent. Car cette digne PME, vieille de 162 ans, joyau spirituel de la « fille ainée de l’Église » comme il est, parait-il, traditionnel de surnommer notre pays depuis Charlemagne, a déjà essuyé, du fait du confinement, une ardoise de huit millions d’euros de déficit.

La grotte de Lourdes, avec sa basilique et son autel donc, puisque c’est d’elle que nous causons, menaçait de devenir un trou sans fond. Elle qui faisait pourtant depuis des années des miracles dans le domaine du taux de profit, compte tenu de la faible composition organique de son capital, comme l’explique le livre 1 du Capital de Marx. Puisque son investissement premier se limite à des voix célestes amorties depuis longtemps.

Et, côté plus terre à terre, n’oublions pas que cette entreprise emploie tout de même 240 salariés auxquels s’ajoutent 80 travailleurs saisonniers. Comme il le confesse, monseigneur Olivier Ribadeau Dumas, PDG-recteur de la basilique, pour résoudre le grave problème social lié à l’arrêt de l’activité, a dû avoir recours à une manne venue d’en haut : le chômage par ciel (Ô pardon, partiel !), financé par l’État.

Car vous vous en doutez toutes et tous, le drame des héritiers de Bernadette, la petite bergère des Pyrénées, celle qui en 1858 à 14 ans faisait déjà partie de cette « France qui se lève tôt », ne pouvait qu’émouvoir les sommets de l’État.

Mardi 21 avril, déjà, son excellence Emmanuel Macron, puisque c’est sa dénomination dans le langage diplomatique planétaire, s’était entretenu près d’une heure au téléphone avec sa sainteté le pape François sur ce problème, et même plus généralement sur le drame des églises, voire de la place Saint-Pierre de Rome elle-même, vidée de monde. Il a reçu en échange la bénédiction papale pour son prêche sur l’annulation de la dette des pays les plus pauvres. A-t-il obtenu également l’absolution pour son matraquage des Gilets jaunes ? Nous n’en saurons jamais rien : les péchés restent dans le secret des confessionnaux – du confit de confiné !

Et, liberté-égalité-religiosité exigent, après d’âpres échanges ecclésiastiques, Emmanuel Macron et son premier ministre, qui avaient promis le déconfinement des églises pour la date du 11 juin, ont fini par l’avancer à la date du prochain lundi de pentecôte, le 1er juin, afin de ne pas priver les paroisses plus pauvres que Lourdes de leur modeste clientèle. « Lorsque j’ai dû faire procéder à la fermeture des portes de notre sanctuaire le 17 mars dernier, pour une durée indéterminée », dit le recteur de la basilique de Lourdes, « je savais que nous entrions dans une des plus grandes crises de l’histoire récente du sanctuaire. J’ai tout de suite souhaité, en lien avec Mgr Antoine Hérouard, délégué apostolique, de réouvrir dès que cela serait envisageable. »

Mais le recteur de Lourdes tempère cependant les espérances des pèlerins.

Premièrement, il faudra respecter les distances et gestes barrières pour éviter un passage trop rapide dans l’au-delà (alors que pourtant le sanctuaire est là pour les en protéger). Deuxièmement, le site ne sera, dans un premier temps, rouvert qu’aux « pèlerins de proximité ». Et c’est avec un humour probablement involontaire qu’il appelle lesdits pèlerins à la prudence et en décommande la fréquentation « aux personnes fragiles », à leurs chaises roulantes et leurs béquilles, et tous leurs accompagnateurs en goguette, principal fonds de commerce du site ! En plus des frites et de la bière, évidemment.

Diantre, si même lui ne croit plus aux miracles de la vierge face à ce diable de coronavirus, à qui pouvons-nous désormais prêter foi ?

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