Brésil : nouvelle étape après la victoire de Lula. Les travailleurs et le front populaire
Article de Rafael Santos (PO, Parti ouvrier d’Argentine)

Le deuxième tour de l’élection a finalement été remporté par Lula avec 50,9 % des voix contre 49,1 % pour Bolsonaro. L’écart est d’un peu plus de deux millions de voix en faveur du PT (Parti des travailleurs).
D’après les sondages, on s’attendait à un avantage plus important pour Lula. Entre le premier et le second tour, le PT a gagné deux millions de votes, tandis que Bolsonaro en a gagné sept millions. La participation a été à peu près la même, ce qui veut dire que ces voix reportées proviennent du reste des candidats, qui avaient totalisé près de dix millions de votes. Lula a « acheté » le soutien politique de Tebet [1] et de Ciro [2], arrivés respectivement en troisième et quatrième position aux élections générales, et l’a « payé » par la droitisation explicite de sa campagne : rejet de la lutte pour le droit à l’avortement, rapprochements avec la curie évangélique, etc. Mais la majorité des votes se sont reportés sur Bolsonaro, pas sur Lula.
Réaction de la droite
Comme attendu – et comme cela avait été annoncé à maintes reprises par le gouvernement – Bolsonaro a refusé de reconnaître immédiatement sa défaite, encouragé en cela par la marge relativement faible qui le séparait du vainqueur.
Les fanfaronnades de Bolsonaro, qui ne cessait de promettre qu’il ne reconnaîtrait pas une victoire de Lula et laissait craindre un possible coup d’État, ont amené à ce que Biden, Macron et d’autres figures de l’impérialisme reconnaissent très rapidement le triomphe de Lula. De même que d’autres institutions et personnalités, y compris militaires (comme l’actuel vice-président, le général Mourao) et religieuses (entre autres, l’épiscopat catholique du Brésil, ou l’évêque évangéliste qui dirige l’Église universelle, Ecir Macedo, qui a déclaré que Lula avait gagné « par la volonté de Dieu »). Il s’agissait de décourager ainsi la progression de toute aventure putschiste.
En l’absence de reconnaissance explicite par Bolsonaro de la victoire de Lula, au soir même des élections le dimanche 30 octobre, des blocages de route « spontanés » ont commencé, menés par des camionneurs, forces de choc bolsonaristes. Ils cherchaient à paralyser le Brésil. Ils protestaient contre les résultats électoraux et exigeaient une « intervention fédérale » de l’armée pour empêcher l’accession au pouvoir de Lula à compter du 1er janvier. L’ordonnance du Tribunal suprême demandant que la sécurité routière évacue les routes a été entendue mais pas mise en œuvre.
De nombreux témoignages font état de la connivence existant entre les agents de la sécurité routière et les piquets bolsonaristes qui coupaient les routes. À l’inverse, le directeur de la sécurité routière avait été extrêmement diligent le 30 octobre quand il s’agissait de bloquer dans le nord-est du pays les bus et véhicules transportant des soutiens de Lula, afin qu’ils ne parviennent pas à voter.
La Cour suprême a dû faire appel à la police militaire, dépendante des gouverneurs. Plusieurs d’entre eux, bolsonaristes (dans le Minas Gerais, à Rio de Janeiro et São Paulo notamment) sont intervenus pour lever les piquets. Certains piquets se sont déplacés aux portes des casernes militaires pour réclamer leur intervention pour un coup d’État.
L’absence du PT et de la CUT
Le Front de l’espoir [3] dirigé par Lula a laissé entre les mains des « institutions » du gouvernement fascisant en place le soin de résoudre cette émeute bolsonariste.
Lula est parti en vacances avec son épouse, fatigué par la campagne électorale. Mais le PT et la principale centrale ouvrière (la CUT [4], Centrale unique des travailleurs) ont empêché toute tentative de mobilisation populaire contre les bandes de droite.
Le Mouvement des sans-terre (MST) [5] avait annoncé initialement qu’il allait mobiliser les milliers de paysans et travailleurs agricoles qu’il organise pour libérer les routes. Mais la présidente du PT, Gleisi Hoffman, a immédiatement réagi pour freiner cette initiative de mobilisation comme d’autres, en appelant à ne pas réagir aux provocations et à laisser les « institutions » résoudre les provocations bolsonaristes. Le MST s’est donc « repris » : il a appelé à garder le calme, à laisser l’État lever les blocages de route, et à se préparer à revendiquer des droits pour les paysans après l’accession à la présidence de Lula.
Malgré tout, il y a eu plusieurs initiatives contre les blocages bolsonaristes. Les supporters de plusieurs clubs de foot (comme les Corinthians [6]), des habitants des « favelas », des travailleurs organisés sont intervenus sur les routes, sont allés au contact des bolsonaristes et les ont fait reculer. Mais Lula, la CUT et le PT ne se sont affairé qu’à bloquer une intervention massive des travailleurs.
De ce fait, Lula a poursuivi la politique d’apaisement et d’endiguement qu’il avait développée face au coup d’État qui avait destitué Dilma Rousseff, face à sa propre proscription et son emprisonnement, et pendant les quatre ans de gouvernement de Bolsonaro et ses attaques contre le mouvement ouvrier et la population.
Lula avait appelé à tenir bon jusqu’aux élections, qui viennent finalement d’avoir lieu. À présent, il dit qu’il faut attendre jusqu’à ce qu’il accède effectivement au gouvernement, dans deux mois. Il a laissé passer de sévères attaques contre les travailleurs et le mouvement populaire, comme le massacre sanitaire de 700 000 morts à cause de l’obscurantisme capitaliste, entre autres.
Lula a déjà déclaré que son gouvernement ne sera pas un gouvernement du PT, mais « au-delà des partis » ; qu’il incorporera au cabinet ministériel non seulement ses alliés du Front de l’espoir, mais aussi des éléments de centre-droit du bloc connu au Congrès comme le Centrão [7].
Tout l’arc bourgeois impérialiste qui a soutenu Lula – comme Lula lui-même l’a souligné dans son discours au soir de sa victoire électorale – l’a fait sur la promesse qu’il allait favoriser « l’union nationale » et apaiser la brèche qui le sépare du « fascisme », avec une politique de cohabitation.
C’est pour cela qu’il a choisi Alckmin comme candidat à la vice-Présidence. Car il était le candidat libéral de la bourgeoisie, et une garantie donnée au grand capital que ce dernier pourrait le déplacer « institutionnellement » et assumer la présidence au cas où la classe capitaliste déciderait de lâcher le leader du PT.
Ce n’est pas un hasard si, aujourd’hui, Alckmin a été désigné pour diriger la commission qui organisera la « transition » pendant les deux prochains mois, d’ici la prise de poste de Lula au 1er janvier 2023. Il a déjà déclaré qu’il « souhaite mener un dialogue sain avec les membres du gouvernement de Bolsonaro (PL) ». Et il a été reçu et salué par le mandataire sortant lui-même.
Cette « commission de la transition » est une invention institutionnelle brésilienne ; c’est notamment un moyen de constituer le prochain gouvernement de manière à assurer la continuité de ce qu’on appelle les « politiques d’État ».
Il a déjà fuité que le président de la Banque centrale, Roberto Carlos Neto – inventeur de la tendance mondiale en vogue dans les banques centrales d’élever les taux d’intérêt pour contenir l’inflation –, nommé par le bolsonarisme pour couvrir la période 2019-2024, a reçu la demande de Lula de rester en poste.
Le Congrès a voté le budget 2023. C’est-à-dire que le prochain gouvernement Lula y sera déjà tenu. Selon les calculs, il n’y aura pas les fonds nécessaires pour payer l’augmentation des aides aux plus pauvres et aux chômeurs, ni d’autres dépenses comme la réduction des taxes sur les carburants, mises en place par Bolsonaro en pleine campagne électorale. Il faudra donc que Lula renonce à ces mesures, ou négocie pour obtenir des fonds additionnels auprès du Parlement. Le budget a également restreint les investissements pour les infrastructures et le transport de 15 000 millions de reais en 2022 à 6 500 millions pour 2023.
C’est dans le cadre des négociations de la « commission de transition » que se définiront les membres du cabinet ministériel et des secrétariats.
Un problème important concerne le futur ministre de la Défense. Sous le bolsonarisme, le poste a été occupé par des militaires, y compris venant de l’état-major de l’armée. Ce n’est pas un sujet mineur, dans la mesure où le gouvernement brésilien est hautement militarisé : il y a plus de 8 000 officiers en activité ou retraités à des postes exécutifs (ministres, secrétaires, directeurs d’entreprises d’État). Que deviendront-ils ? Les forces armées vont-elles continuer à s’auto-administrer en décidant des nominations ? Il ne faut pas oublier qu’elles représentent le principal soutien de Bolsonaro.
Le bolsonarisme est la première minorité des deux chambres parlementaires. Si le gouvernement Lula veut arriver à gouverner, il devra passer des accords avec ce groupe ou avec le groupe du Centrão, qui a l’habitude de se vendre aux gouvernements en place. Tout cela laisse augurer un cabinet morcelé et une vie parlementaire complexe, qui peut rapidement tourner à l’opposition totale, ouverte et même éventuellement à une destitution de la présidence. L’attitude timorée de Lula et de la direction du PT pour ne pas affronter ni mobiliser contre l’agitation droitière a été prise en compte par la bourgeoisie et par la droite. « Lula n’a rien dit à propos de ce qui est en train de se passer ; cela montre qu’il sera dans une situation d’opposition similaire à celle qu’a connue Dilma Rousseff », a déclaré le leader du bloc de soutien au gouvernement au Sénat, Carlos Portinho, du Parti libéral de Bolsonaro.
Le front populaire
Lula a constitué un « front populaire » de conciliation de classes qui a oublié les problèmes sociaux et les revendications des masses pour se concentrer sur le problème de la « défense de la démocratie » contre le fascisme de Bolsonaro. Pendant quatre ans, le PT a fait le dos rond en freinant toute résistance organisée des travailleurs. Il a laissé passer les attaques patronales et de la droite les unes après les autres, en ne s’opposant que de façon symbolique ou en blabla. Il a paralysé les organisations de masse – syndicats, centrales ouvrières du mouvement étudiant, paysan, des sans toit, des femmes, etc. Bolsonaro a tiré sa « force » de cette paralysie induite du mouvement ouvrier et populaire. Le mouvement des femmes pour le droit à l’avortement, ouvertement anti-Bolsonaro, a été trahi par Lula, qui s’est déclaré ennemi public de ce droit. Et ce mouvement en est resté désarticulé politiquement et organisationnellement.
C’est Lula qui a fait enlever le mot d’ordre « Bolsonaro dégage » des manifestations qui ont commencé à poindre pendant la pandémie. Et ensuite il a empêché plus directement ces manifestations.
Le bureaucrate Juruña João Carlos Gonçalves, secrétaire général de la centrale Força Sindical et vice-président du syndicat des métallurgistes de São Paulo, est fier de raconter qu’en 2019, avec le secrétaire général de la Centrale des travailleurs brésiliens, il avait démontré à Lula la nécessité de constituer un « front progressiste hétérogène », derrière la bannière de « la défense de la démocratie », en y incorporant des politiciens du centre et de la droite.
« Cela n’a pas été facile. Dans les débats entre les centrales syndicales pour la construction des meetings du 1er mai, même si la majorité voulait un événement le plus large possible, avec la présence de partis comme le PSDB et le MDB [8], une minorité bruyante n’a pas accepté et accusé les autres d’être des vendus sans conscience de classe. Nous avons vaincu les sectaires, et dans tous les 1er mai sous la gestion de Bolsonaro, nous avons présenté à la société une forte unité avec une grande capacité de conciliation, en alignant des personnalités politiques comme Lula, Fernando Henrique Cardoso (PSDB), Marina Silva (Rede-SP) et Ciro Gomes (PDT) », raconte Juruña.
En définitive, la classe ouvrière, par le biais de ses directions syndicales bureaucratiques et pro-bourgeoises, reste subordonnée à un front de conciliation de classes, sous couvert de « récupération de la démocratie ».
C’est le principe de la politique de front populaire : les masses travailleuses cèdent leur indépendance politique pour s’allier avec des bourgeois supposément progressistes ou démocrates. Des secteurs qui n’ont pas hésité à destituer par un coup d’État la présidente Dilma Rousseff (PT) et à ouvrir la voie à l’accession de Bolsonaro au gouvernement. Ils retournent leur veste en fonction de la situation.
La « vague rose » en Amérique latine
Avec la victoire de Lula, neuf des douze pays d’Amérique du Sud ont des gouvernements nationalistes bourgeois ou de centre gauche. Seuls trois pays (l’Équateur, le Paraguay et l’Uruguay) ont encore un gouvernement de droite. Cela a amené divers secteurs à prétendre que ce virage va se traduire par des mesures de transformation sociale dans chacun de ces pays et dans des alliances qui s’affrontent à l’impérialisme.
Mais… l’impérialisme ne s’oppose pas à ces gouvernements de front populaire. La vague des soulèvements populaires qui s’est étendue en Amérique latine l’a amené à reconsidérer le rôle que jouent ces gouvernements comme élément de contention de la lutte des masses, pour qu’elle ne dérive pas en révolutions sociales triomphantes. Le gouvernement de Donald Trump avait favorisé des coups d’État pour instaurer des gouvernements de droite (Bolivie). Bolsonaro a joué un rôle important dans ce processus contre la Bolivie et contre le Venezuela, par exemple. Mais la répression et les durs plans d’ajustement du FMI contre les masses n’ont pas pu empêcher l’explosion des soulèvements populaires en Amérique latine, qui ont emporté avec eux les gouvernements de droite. Les nouvelles administrations de centre gauche constituent des fronts populaires, soutenus par des mouvements de conciliation de classes. C’est ainsi que nous analysons le rôle de Boric qui, surgi de l’explosion révolutionnaire du 18 octobre 2019, n’a fait que contenir et dévier la lutte des masses pour que le gouvernement de Piñera arrive au bout de son mandat, et fait en sorte que la situation révolutionnaire disparaisse et se dissolve définitivement. Le gouvernement d’Alberto Fernández et Cristina Fernández a supplanté le gouvernement de droite de Macri, pour mieux devenir l’exécutant du plan d’ajustement contre la population élaboré avec le FMI. Si Macri avait continué au pouvoir, cela ferait longtemps que la rébellion populaire aurait explosé en Argentine. C’est pourquoi le président des États-Unis, Joe Biden, passe des accords avec ces gouvernements de front populaire ou nationalistes bourgeois. Celui des Fernández se maintient grâce au soutien de l’impérialisme et du FMI. Il en est de même avec le gouvernement de Pedro Castillo au Pérou, où vient d’être envoyée une mission de l’OEA (Organisation des États américains) pour tenter une conciliation entre la droite putschiste et le gouvernement impotent.
C’est pour cela que le grand capital et l’impérialisme ont appuyé la tactique du Front de l’espoir du PT et de Lula, dans la mesure où celui-ci a montré clairement son objectif d’empêcher l’irruption des masses fomentée par le développement de la crise au Brésil. La carte fasciste est trop risquée, et ils se gardent de la jouer maintenant ; d’autant que la démocratie bourgeoise leur offre encore beaucoup de promesses. La bourgeoisie s’appuie sur les syndicats dépendants du PT pour maintenir un certain degré de stabilité sur un continent et dans un monde convulsionné.
Le front populaire est aujourd’hui l’instrument privilégié pour garantir l’exploitation impérialiste. La victoire électorale de Lula a été saluée par la Bourse brésilienne avec une hausse historique, la plus importante au lendemain des élections dans ce pays.
L’importance de la lutte pour l’indépendance de classe
Les travailleurs et les exploités doivent être convaincus que l’accession prochaine de Lula au gouvernement est une carte jouée par le grand capital national et impérialiste, pour avancer ses attaques contre la population.
Lula va défendre les conquêtes réactionnaires imposées par le bolsonarisme. Il le fera avec une agitation populiste, pour laisser croire qu’il est en train de jouer un (faux) rôle progressiste. Il promet de créer un ministère en charge de la question indigène, mais il ne rend pas les terres volées par l’agro-industrie. Il a d’ores et déjà déclaré qu’il ne reviendrait pas sur les réformes anti-ouvrières du Code du travail et des retraites. Il dit qu’il ne va pas privatiser Petrobras [9] – privée à 60 % – mais qu’il ne va pas non plus la nationaliser. La direction de Petrobras vient de voter – avant l’accession de Lula au pouvoir – la répartition de 44 milliards de reais de bénéfice entre ses actionnaires.
Lula a démantelé le mouvement de lutte des femmes pour le droit à l’avortement et contre l’obscurantisme clérical.
Le grand défi des travailleurs est d’affronter la démobilisation que proposeront le gouvernement de Lula et les bureaucraties syndicales pour prétendument « négocier » une amélioration de la situation des travailleurs. La bourgeoisie ne donnera rien qui ne soit arraché par un mouvement de lutte des masses ouvrières et exploitées. Pour cela, il est nécessaire de récupérer les syndicats et les centrales ouvrières, pour qu’ils puissent servir comme instrument de la lutte des travailleurs. Cela nécessite une indépendance politique du gouvernement de Lula, du front populaire et des partis bourgeois. Le mouvement des femmes devra se réorganiser sur une base d’indépendance politique pour reprendre la lutte pour le droit à l’avortement, que le gouvernement n’autorisera que si cela lui est imposé. Comme cela s’est passé en Argentine et dans d’autres pays, grâce à une mobilisation indépendante.
Le PSOL [10], qui a adhéré activement au front populaire et soutenu Lula se prépare à s’intégrer au gouvernement. L’extrême gauche qui est restée à l’intérieur du PSOL cherchera une place. Glauber Braga [11], un homme sans organisation, qui a été le chantre de l’aile gauche, a été réélu député sur les listes PSOL-Front de l’espoir. Le MES [12] et Resistência [13], deux courants d’origine « moréniste », sont totalement engagés dans la politique de front populaire qu’ils « cherchent à radicaliser ». Alternativa Socialista, membre de la LIS et liée au MST argentin n’a pas rompu avec le PSOL et sa politique de front populaire ; ils sont restés en son sein, et défendent qu’il faut battre Bolsonaro aussi dans la rue. La Corrente Socialista dos Trabalhadores, liée à la UIT-QI et à Izquierda Socialista en Argentine, se maintient dans le PSOL et signale qu’ils vont « continuer à demander au PSOL qu’il reprenne une position d’indépendance vis-à-vis des gouvernements patronaux et que, par conséquent, il ne soutienne ni n’intègre le gouvernement Lula ».
Le Polo Socialista Revolucionario [14], impulsé par le PSTU, le MRT et d’autres, qui a « attiré » des secteurs du PSOL – certains de façon opportuniste, sans rupture – n’a pas réussi à sortir de la marginalité extrême.
La posture « démocratie ou fascisme » amène à soutenir le camp pro-impérialiste. Elle a été utilisée non seulement pour freiner et contrôler les organisations ouvrières, mais elle le sera sans doute encore et encore pour justifier d’attendre et de ne pas « tomber dans les provocations ».
Il faut une indépendance politique face au gouvernement de front populaire. La droite fascisante sera vaincue par la mobilisation des masses pour ses revendications qui ont été jusque-là ajournées. Nous impulserons cette orientation dans la perspective de la lutte pour un gouvernement des travailleurs.
Novembre 2022, Rafael Santos
[1] Simone Tebet était la candidate au 1er tour de la présidentielle pour le MDB (Mouvement démocratique brésilien, parti de droite). Elle a obtenu 4,2 % des voix. (Note de CR)
[2] Ciro Gomes était le candidat au 1er tour du PDT (Parti démocratique travailliste, parti classé au centre gauche). Il a obtenu 3,04 %. (Note de CR)
[3] Le Front de l’espoir est le nom de la coalition des partis soutenant Lula. Il inclut le PT (Parti des travailleurs), le PCdoB (parti communiste du Brésil), le PV (parti vert), le PSOL, le PSB et d’autres formations. (Note de CR)
[4] La CUT (Centrale unique des travailleurs) est la première confédération syndicale du Brésil, largement liée au PT. (Note de CR)
[5] Le Mouvement des Sans Terre, formalisé dans les années 1980, organise des paysans brésiliens sans terre et revendique, notamment par le biais d’occupations, une autre répartition de la propriété terrienne. Il a été l’un des soutiens importants de Lula depuis sa première mandature. (Note de CR)
[6] Le Sport Club Corinthians Paulista est le principal club de football de São Paulo. Ses joueurs s’opposèrent à la dictature militaire dans les années 1980 et ses supporters ont la réputation d’être de gauche. (Note de CR)
[7] On appelle Centrão un ensemble de partis politiques brésiliens classés au centre. S’ils sont assez nombreux, ils ne se distinguent pas par leur politique… (Note de CR)
[8] Parti de la social-démocratie brésilienne et le Mouvement démocratique brésilien (partis de droite). (Note de CR)
[9] Petrobras est une entreprise nationale brésilienne spécialisée dans l’extraction, le raffinage et la commercialisation du pétrole. (Note de CR)
[10] Parti pour le socialisme et la liberté, constitué en 2004, par une aile du PT qui contestait les politiques gouvernementales anti-ouvrières de Lula. Plusieurs courants trotskistes militent dans le PSOL. (Note de CR)
[11] Le nom de Braga avait été cité comme possible candidat du PSOL à la présidentielle, avant que le PSOL ne se décide à renoncer à se présenter pour soutenir Lula. (Note de CR)
[12] Mouvement de la gauche socialiste, courant trotskiste du PSOL, membre de la 4e internationale (ex-SU). (Note de CR)
[13] Autre courant trotskiste du PSOL, notamment représenté par Valério Arcary. (Note de CR)
[14] Regroupement d’organisations qui soutenait la candidature à la présidentielle de Vera Lúcia, du PSTU, Parti socialiste des travailleurs unifié, parti trotskyste membre de la LIT (Ligue internationale des travailleurs). Vera Lúcia a obtenu 0,02 % des voix. (Note de CR)
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