Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Les articles du site

Au travail ou à l’université : des jeunes en galère et en colère !

17 février 2021 Article Politique

Depuis quelques semaines, la situation de la jeunesse – et en particulier des étudiants – a fait la une des médias. De la détresse psychologique aux longues files d’attente devant les distributions de colis alimentaires, les jeunes paient le prix fort de la politique sanitaire du gouvernement. Certes, leur précarité n’est pas une nouveauté : en 2017, sur cinq millions de pauvres en France, la moitié avait moins de trente ans. Mais la crise sanitaire a eu des effets ravageurs chez les jeunes, d’autant que de nombreuses familles peinent de plus en plus à soutenir financièrement leurs enfants en raison de revenus amputés par la crise.

Jeunes exploités

Dernier embauché, premier viré ! Les jeunes travailleurs ont été frappés de plein fouet par le chômage : alors qu’ils forment un tiers des emplois des 18-24 ans, les contrats courts, l’intérim et les autres types de contrats précaires ont été les premiers touchés, notamment dans la restauration, la culture ou les services. Après avoir répété qu’il suffisait de traverser la rue pour trouver du travail, Macron et son gouvernement avaient lancé cet été le plan « Un jeune, une solution », qui devait garantir des emplois pour les 700 000 jeunes attendus sur le marché du travail en septembre 2020. Et quels emplois ! Des jobs précaires et mal payés, comme les 300 000 contrats d’insertion, ou les 100 000 services civiques supplémentaires (payés au mieux 688 € par mois !), sans parler des exonérations fiscales (jusqu’à 4 000 € !) pour les patrons qui embauchent des moins de 25 ans et des apprentis. Les promesses n’étaient donc pas mirobolantes et visaient surtout à subventionner les embauches par de l’argent public. Mais la vague de suppressions de postes qui gonfle depuis le printemps dernier a aggravé la crise, pendant que la montée du chômage fait pression sur les salaires et les conditions de travail. Souvent privés d’indemnités et de dispositifs d’activité partielle, les jeunes travailleurs sont soumis à une exploitation patronale féroce (l’exemple typique étant la livraison à vélo) pour boucler les fins de mois. Et même si les jeunes font la queue à la soupe populaire, pas question d’ouvrir des allocations ! Alors que l’État déverse des centaines de milliards aux entreprises à travers les plans de relance, il refuse d’octroyer le maigre RSA (564 €, APL comprise) aux moins de 25 ans ! Au mieux, ceux qui ne travaillent pas et ne suivent pas d’études (soit près d’un million de 16-25 ans) essaieront d’obtenir la « garantie jeunes » (497 € mensuels), que le gouvernement a promis d’étendre à… 200 000 personnes, en 2021. Mais ce dispositif difficile d’accès écarte délibérément les salariés, les étudiants et les jeunes en formation. Pour eux, Bruno Le Maire propose un prêt de 10 000 euros à taux zéro : le peu qu’ils donnent, il faudra leur rendre… Pour éviter que les jeunes s’habituent à recevoir des allocations sans travailler (« l’assistanat », un privilège réservé aux actionnaires), le gouvernement préfère les former au « monde – du travail – d’après »… Au programme : chômage, galère et exploitation.

Étudiants abandonnés

La situation des étudiants n’est pas meilleure. Macron avait lâché à certains une petite prime de 200 € en juin pour calmer la colère qui montait. Mais il a fallu dix mois de crise sanitaire et un début de contestation pour forcer le gouvernement à agir, après avoir fermé les universités et abandonné les étudiants aux cours en ligne et à la dépression, dans l’attente d’un déconfinement qui tarde. 30 % des étudiants disent rencontrer des difficultés financières depuis le début de l’épidémie : car s’il faut faire une croix sur la fac et la vie sociale, il faut toujours se nourrir et payer le loyer ! Y compris au Crous, l’organisme public rattaché au ministère de l’Enseignement supérieur, qui continue de prélever les loyers des logements exigus et parfois vétustes des cités universitaires. Pas question pour l’État qui les gère de les suspendre : il faut payer ! Quitte à rogner sur les dépenses alimentaires… À ce sujet, les annonces de la ministre Vidal sur les restos universitaires sont aussi tardives qu’insuffisantes. Certes, le 25 janvier, le tarif « boursier » a été étendu à tous les étudiants, passant le coût du repas de 3,30 € à 1 € (une ristourne qui ne coûte pas grand-chose). Mais encore faut-il pouvoir se le procurer ! Malgré la réouverture en catastrophe de la plupart des restos-U. (souvent fermés depuis octobre), ils sont incapables de servir tout le monde. Pas assez de places et encore moins de personnel pour cuisiner, donc des quantités insuffisantes. Quant à la qualité des repas proposés… disons qu’elle est souvent à l’image de la politique du gouvernement à l’égard de la jeunesse. Une politique d’ailleurs assumée par Vidal, qui a loué sur Twitter les sacrifices des étudiants et promis : « le pays vous le rendra. » En attendant, il faut compter sur la banque alimentaire et les supermarchés qui font leur com’ avec quelques promotions pour étudiants… Quant aux « chèques psy » promis par Macron, leur nombre est aussi insuffisant que celui des étudiants autorisés à revenir dans les facs. Face à cette pandémie qui dure, au décrochage scolaire, à la privation de liens sociaux, la détresse psychologique des jeunes risque d’empirer et de s’ajouter aux difficultés matérielles. À moins que la jeunesse ne se rebelle. Ce ne serait pas la première fois ! Espérons qu’elle fera au plus vite entendre ses exigences, qui ne sont pas si éloignées de celles du reste de la population. Au travail ou en formation, la précarité des jeunes n’est qu’un aspect de la paupérisation galopante qui touche une grande partie de la classe ouvrière, ici et ailleurs. Le résultat d’une politique au service des patrons, qu’il faudra faire plier, pour que les travailleurs et les jeunes cessent de payer la facture de la crise sanitaire.

Mathilda Nallot et Hugo Weil

(Article paru dans l’Anticapitaliste n°556)

(Photo : Paris, 4 février 2021. Photographie de Martin Noda / Hans Lucas Copyright : Photothèque Rouge /Martin Noda / Hans Lucas)

Mots-clés :

Imprimer Imprimer cet article