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Accueil > Les articles du site > Il y a 100 ans, le congrès de Tours : la naissance du Parti communiste

1923 : une campagne internationaliste contre l’occupation de la Ruhr

Mis en ligne le 19 janvier 2021 Article Politique

En janvier 1923, au motif que l’Allemagne rechigne à payer les réparations de guerre prévues par le traité de Versailles, le gouvernement français de Poincaré, embourbé dans la dette issue de la guerre et se refusant à taxer les immenses profits des industriels, décide de se servir lui-même en charbon allemand et envoie ses troupes occuper la Ruhr. Pour Poincaré, « l’Allemagne paiera » et les difficultés sociales seront ainsi résolues en France. Dans cette ambiance où le chauvinisme est exacerbé par les discours politiciens et la presse bourgeoise, le jeune Parti communiste lance une campagne à contre-courant contre l’intervention militaire et appelle à fraterniser avec la classe ouvrière allemande. Campagne d’autant plus difficile que le sentiment anti-allemand est important au sein des masses.

L’influence des méthodes bolcheviques transparaît dans cette campagne : il ne s’agit pas seulement de faire de la propagande, l’objectif est d’organiser activement des travailleurs et des jeunes dans la lutte anti-impérialiste. Un comité d’action contre la guerre et l’impérialisme est formé au sommet autour d’organisations liées à l’IC [1] et doit essaimer à la base. Des bulletins sont distribués devant les usines, des meetings organisés. Le PC met en avant les intérêts communs des travailleurs par-delà les frontières et les conditions de vie en Allemagne, où la population est étranglée sous prétexte du traité de Versailles. Une liaison est établie immédiatement avec le PC allemand, dans l’idée d’organiser une conférence ouvrière franco-allemande.

Simultanément, les Jeunesses communistes travaillent à implanter des cellules dans l’armée grâce aux contacts établis avec de jeunes conscrits. C’est une activité clandestine chargée de relayer la propagande du parti à l’intérieur des casernes en diffusant des tracts et de faire émerger des préoccupations de soldats qui pourraient provoquer des révoltes et les amener à passer dans le camp de la révolution. Si cette activité ne fait pas reculer le gouvernement, les refus d’obéir sont fréquents, ce qui fait planer le spectre des mutineries de la mer Noire [2]. La répression s’abat durement et nombre de militants vont en prison, ainsi que Marcel Cachin, dont l’immunité parlementaire est levée par l’Assemblée.

Cette campagne peine à mobiliser au-delà des rangs communistes, mais elle est une expérience fondatrice pour beaucoup de jeunes militants. Elle symbolise les évolutions pratiques de l’agitation après le ralliement au Komintern. Les comités de base regroupent plusieurs centaines de jeunes, et les Jeunesses communistes, au premier plan de l’agitation, grossissent d’un tiers sur l’année 1923.

E.G.


[1Outre le PC, les Jeunesses communistes, la CGT unitaire et l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC, dirigée par Henri Barbusse et Paul Vaillant-Couturier).

[2Révolte des marins en avril 1919, qui se solidarisent avec la révolution russe, obligeant la France à mettre fin à son intervention militaire.

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