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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 18, novembre-décembre 2001

Editorial

Les Etats-Unis livrent l’Afghanistan aux brigands

Mis en ligne le 1er décembre 2001 Convergences Monde

Malgré les succès remportés ces derniers jours par les Etats-unis et leurs alliés locaux la guerre continue en Afghanistan. Au moment où nous écrivons les bombardements se poursuivent sur Kandahar et d’autres villes du sud du pays, avec évidemment leur cortège de destructions et de massacres. Les talibans tiennent encore plusieurs provinces. Ben Laden échappe toujours à la traque des commandos lancés, paraît-il, à ses trousses.

La guerre n’est pas finie mais on peut déjà avoir une idée des conséquences de l’intervention impérialiste. Exactement ce qu’on pouvait en attendre : une main mise par des seigneurs de la guerre qui n’aura rien à envier au règne des talibans, si elle n’a pas des conséquences pires (un certain nombre de ces commandants étaient d’ailleurs au service de ces talibans il y a quelques jours encore et viennent juste de retourner leur veste, une nouvelle fois, pour rejoindre leurs confrères de l’Alliance du Nord). Car pour défendre chacun son fief et le droit de le piller et de trafiquer à volonté sur le dos de la population, ces bandits sont prêts à déclencher les hostilités et mettre l’Afghanistan à feu et à sang, comme ils l’ont déjà fait entre 1992 et 1996. Quant aux femmes, ces victimes exemplaires du régime obscurantiste des mollahs, l’un des premiers gestes des démocrates de l’Alliance du Nord a été d’interdire une manifestation de quelques dizaines d’entre elles qui avaient osé non pas enlever leur voile mais en soulever un coin.

Rien d’étonnant évidemment si le triomphe de l’intervention impérialiste n’aboutit pas à changer le sort de la population d’Afghanistan, voire l’empire. Ce n’était pas le but, quoi qu’ils en aient dit parfois pour justifier leurs forfaits, des Georges Bush, Donald Rumsfeld ou Colin Powell. Que l’Afghanistan soit dépecé entre quelques dizaines de féodaux brigands, que la population soit victime de nouvelles guerres, que les femmes soient toujours enterrées sous la burka, qu’est-ce que cela peut bien leur faire ! Même la stabilité du pays sous un gouvernement accepté, reconnu et représentatif, dont ils disent faire grand cas actuellement, n’est pas vraiment un souci pour eux. Les trusts pétroliers américains, après tout, peuvent trouver d’autres pays, apparemment plus fiables ou plus complaisants aujourd’hui, Iran, Turquie ou Russie, pour accueillir leurs oléoducs et gazoducs.

Il leur suffit d’avoir montré qu’ils peuvent faire tomber le feu de l’apocalypse où et quand ils veulent et que tous ceux qui osent les défier le paient cher, très cher. Que le secrétaire à la défense ose conseiller ouvertement aux hommes de l’Alliance du Nord (qui n’avaient d’ailleurs sans doute guère besoin de l’être sur ce point) de ne pas faire de prisonniers parmi les combattants étrangers, arabes, tchétchènes, pakistanais, supposés être liés à Al-Qaida et encerclés à Kunduz, en dit long sur la démonstration que veut faire le gouvernement américain. Ah, les sentiments humanitaires des défenseurs de la civilisation occidentale contre la barbarie asiatique !

La tâche de se débarrasser de leurs oppresseurs de tous poils, mollahs, féodaux, chefs militaires et mafiosi sera ardue et longue pour les pauvres, les paysans, les travailleurs et les femmes d’Afghanistan. Mais elle ne peut être accomplie que par eux-mêmes. Car si l’armée américaine est en train de démontrer quelque chose, c’est bien que toutes les interventions de l’impérialisme ne peuvent que rendre le combat des opprimés encore plus difficile.

Pour nous travailleurs des pays occidentaux, la seule façon d’affirmer notre solidarité avec les opprimés d’Afghanistan serait, si nous en avions la force, de nous opposer, d’arrêter et d’empêcher cette intervention criminelle de nos gouvernements.

Le 22 novembre 2001

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