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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 66, novembre-décembre 2009 > DISCUSSION

DISCUSSION

Battre la droite, ou sa politique ? Dans les urnes, ou dans la rue ?

Mis en ligne le 30 novembre 2009 Convergences Politique

Ce texte a été soumis à la discussion du NPA pour le Conseil Politique National des 7 et 8 novembre derniers.


Dans les propositions faites par le Front de gauche (PCF, PG, Gauche unitaire) à la réunion unitaire du 28 octobre, le NPA aurait trouvé « un élément nouveau que nous avons apprécié positivement » ? Nous en aurions même trouvé trois : que la nouvelle alliance ne soit pas baptisée Front de gauche élargi, que l’accord puisse être national et que le Front de gauche reconnaisse « l’existence de conditions » pour participer aux exécutifs.

L’unité électorale pourquoi, et à quel prix ?

Derrière ses calculs tactiques ou ses formulations, le PCF a depuis le début un objectif clair : conserver le plus possible de Conseil régionaux à la gauche, et être partie prenante de leur gestion. Objectif qu’il partage sur le fond avec le Parti de gauche, la Fédération (Fase) ou les Alternatifs.

Le NPA, lui, dans ces négociations de la gauche surnommée « radicale et antilibérale », par crainte de se retrouver seul ou par ambiguïté de sa propre politique, n’a jamais eu le mérite de la clarté.

La seule exigence nette mise en avant se résume à l’indépendance vis-à-vis du PS. Le critère est bien limité : fort du relatif succès du Front de gauche aux Européennes, le PCF lui-même semble avoir jugé que présenter des listes « différentes » de celle du PS au premier tour l’arrangerait.

Pour le second tour, le NPA est, comme les autres, partisan d’affirmer d’entrée qu’il faudra sauver les Conseils régionaux de gauche en faisant « tout pour battre les listes soutenues par Sarkozy ». En clair voter pour les sortants alors qu’on souligne que cette gauche a eu dans les conseils régionaux la même politique que la droite ! Et quel que soit le nom qu’on leur donne, « techniques » ou « démocratiques », les fusions des listes au second tour avec celles du PS apportent forcément à celui-ci une caution. Comment d’ailleurs une fusion pourrait-elle n’être que technique alors que son but serait de battre la droite, objectif éminemment politique ?

Refuser la fusion, s’il y a le Modem ? Le PCF l’affirme aussi. (Du moins pour le moment.)

Reste l’épineux problème de la participation aux exécutifs. Épineux, semble-t-il, au sein du NPA lui-même. Car le Relevé de discussion du 16 octobre, signé par le NPA et les autres participants (sauf le PC) écrivait : « Tout le monde est à ce stade grossièrement d’accord sur la formule suivante : aucune des forces du groupe de travail ne dit “jamais par principe”, aucune ne dit “toujours”. Il n’y a donc pas de refus de principe, dans toutes circonstances, de gérer les régions. » Tout le monde ? Donc aussi le NPA ? Dans la même ligne, après la réunion unitaire du 28 octobre, le NPA se satisfait de voir le Front de gauche à son tour ne pas dire « toujours ».

Au lendemain des Européennes, le CPN écrivait dans sa résolution : « les électeurs […], par leurs votes en partie et par l’abstention pour une autre partie, ont fait savoir qu’une unité même imparfaite était préférable à l’auto-affirmation solitaire d’un parti, aussi populaire soit son porte parole ». De peur de ne pas faire le scoop électoral espéré, devons-nous rechercher à tout prix « l’unité même imparfaite » ?

Un programme pour les luttes, pas pour les régions

Quant au résumé de programme que le NPA vient de soumettre dans son « Projet d’accord unitaire », à la réunion du 28, il reste dans les généralités quasi consensuelles, évitant les sujets qui fâchent. En premier lieu l’interdiction des licenciements.

Pourtant le programme sur lequel le NPA devrait se présenter aux élections régionales (seul ou avec d’autres) n’est pas un programme, concocté ou « décliné » dans les limites des prérogatives des Conseils régionaux. Il ne s’agit pas seulement de promettre aux électeurs une « mobilisation des fonds publics » régionaux pour les lycées, hôpitaux et logements sociaux (aussi justifiée serait-elle),… Ni pour la culture sans OGM ! Et ne parlons pas de revendiquer une « réforme radicale de la fiscalité » qui contrecarrerait le « désengagement de l’État » aux dépens des budgets régionaux.

Notre programme doit être celui de la défense des intérêts généraux des travailleurs face à la crise : interdiction des licenciements, hausse générale des salaires, pensions et minima sociaux, embauche dans les services publics, contrôle des travailleurs sur les budgets publics comme sur les comptes des entreprises, régularisation de tous les sans papiers, partie intégrante de la classe ouvrière. Sans omettre de préciser que, pour cela, il faudra prendre l’argent là où il est, dans les caisses du patronat. Et sans omettre non plus que le seul moyen de l’arracher sera une lutte d’ensemble.

C’est la divergence fondamentale, et à vrai dire irréductible, entre un programme lutte de classe, et celui de ceux qui font croire que si les électeurs leur donnent assez d’élus ils pourraient peser sur les décisions des Conseils régionaux, sur l’usage des subventions, ou la promotion de prétendus projets industriels novateurs, écologiques et créateurs d’emplois.

« Combien sommes-nous de militants de partis, syndicalistes, militants associatifs, féministes et écologistes qui enragent de cette situation ? Il est temps de s’unir dans la durée et dans la clarté. De se rassembler dans les luttes et dans les élections… », écrit le CE du NPA (déclaration du 22 octobre). Précisément « dans la clarté »  ! Pour chercher à rassembler tous ces militants. Et d’abord dans cette campagne pour l’interdiction des licenciements toujours remise au lendemain.

Nous aurions moins d’élus (peut-être même aucun) que ceux qu’on pourrait nous concéder sur des listes finales d’union de la gauche où nous figurerions avec le PS aux côtés du PC et du PG. Mais ce serait donner une autre « crédibilité » à notre parti que celle espérée d’un scoop dans les urnes. Car cette campagne électorale nous permettrait de populariser des objectifs dont pourraient s’emparer les travailleurs dans les luttes de demain, de regrouper autour de nous ceux qui pourraient en être les militants actifs, de devenir un parti vers lesquels les travailleurs regardent lorsqu’ils prennent le coup de sang.

31 octobre 2009

Olivier Belin, pour la Fraction l’Étincelle de Lutte ouvrière

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