Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Éditos de bulletins > 2007 > janvier > 8

Réquisition des logements vacants !

Depuis mi-décembre, des tentes occupées par des sans-logis se plantent un peu partout en France. L’initiative des « enfants de Don Quichotte » a ainsi permis de rendre plus visible le problème du logement et de l’imposer dans les débats.

Depuis des années, les différents gouvernements n’ont pas levé le petit doigt pour donner un logement à tous. Ils ont laissé s’envoler les loyers en construisant des HLM au compte-goutte. Ils ont laissé les patrons licencier en masse, tout en multipliant les exonérations fiscales en faveur des riches. Pour Noël, les députés et sénateurs ont même souhaité offrir un cadeau au patronat en votant l’exonération de la « redevance pour création de bureau » en Île-de-France. Or, l’essentiel des 90 millions d’euros de cette redevance était destiné aux logements sociaux et aux transports. Les priorités du gouvernement sont pour les riches affairistes, pas pour les sans-logis !

Si le nombre de SDF est si important, c’est aussi parce que les salaires sont de plus en plus faibles. Selon l’Insee, 29 % des sans-domicile ont un travail mais, aujourd’hui, avoir un salaire ne suffit même plus à se procurer un toit. Le patronat, qui augmente ses profits sur le dos des travailleurs, est donc directement responsable de cette situation.

Avec la multiplication des tentes sur les trottoirs, le gouvernement a dû faire mine de générosité en allongeant les plages horaires des centres d’accueil des SDF. Voilà la seule réponse de Villepin, Sarkozy et toute la bande face à la crise du logement : agrandir les foyers de sans-abri. Car le problème de ces politiciens n’est pas de donner un logement décent aux dizaines de milliers de SDF, mais d’en débarrasser les rues à l’approche des élections. Pour eux, l’avenir des pauvres, c’est l’asile de clochard !

De son côté, la gauche et sa candidate Ségolène Royal n’annoncent guère mieux. Royal promet une loi obligeant chaque ville à créer une place d’hébergement d’urgence pour 1000 habitants, loi qui... existe déjà depuis 1994, sans être appliquée. Elle annonce aussi la construction de 120 000 logements sociaux par an, soit la même chose que ce qu’annonce la droite pour 2007. Mais ce chiffre est bien insuffisant pour loger les 1,4 millions de demandeurs de logements sociaux, sans compter ceux qui n’en demandent pas par découragement face au temps d’attente.

Quant au niveau exorbitant des loyers, personne ne bronche, ni à droite, ni à gauche. La majorité qui trime pour des salaires minables doit reverser une bonne part de ses revenus à une minorité de riches propriétaires, qui spéculent sur la misère. Beaucoup de ces propriétaires préfèrent souvent ne pas louer leurs logements que de les laisser à un prix qu’ils jugent encore trop bas. Ainsi, les logements vacants se multiplient. On en compte 2 millions dans toute la France et entre 100 et 150 000 à Paris, soit environ un logement sur dix. Là encore, Ségolène Royal propose une taxe sur les logements vacants, mais les propriétaires spéculateurs préféreront verser quelques sous que de louer à prix décent, comme les communes riches préfèrent payer que de construire les 20 % de HLM exigés par la loi.

Si un gouvernement voulait réellement régler le problème du logement, il commencerait par appliquer la loi prévoyant la réquisition des logements vacants pour les louer au tarif HLM à ceux qui en ont besoin. Mais pour cela, il ne faut compter que sur nous-mêmes !

Avec d’autres associations d’aide aux sans-abri, Droit Au Logement a réquisitionné un immeuble de 1000 mètres carrés, au cœur de Paris, qui appartient à une filiale du groupe bancaire CIC et reste inoccupé depuis trois ans, bien qu’il soit en bon état. Cela permet de loger provisoirement quelques familles, quelques jeunes et quelques salariés mis à la rue par la hausse des loyers. Voilà une initiative à saluer ! C’est en multipliant ce type d’action qu’il sera possible de loger tous ceux qui n’en ont pas les moyens et de contraindre les propriétaires à cesser de spéculer. Le logement des sans-abri sera l’œuvre des sans-abri et de tous les travailleurs eux-mêmes.

Imprimer Imprimer cet article