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Accueil > Éditos de bulletins > 2000 > février > 28

Quelques pierres, c’est bien le moins que sa politique mérite !

Pauvre Jospin ? Contraint d’écourter son voyage en Israël après avoir essuyé de méchants jets de pierre à l’université de Bir Zeit, dans les territoires palestiniens ? Jospin a pu mesurer le poids des mots et le choc des propos ! Des siens s’entend ! Et leurs retombées !

Malentendu ? Dérapage ? Certainement pas ! Ce n’est pas une révélation que Jospin mais également Chirac, par-delà leurs risettes à Arafat et autres dirigeants du monde arabe (contrats commerciaux obligent), défendent au Proche-Orient la politique des grandes puissances qui consiste depuis des décennies à s’appuyer sur Israël et son armée pour en faire le gendarme principal de la région.

Depuis 1967, l’armée israélienne occupe militairement le territoire de Gaza. Depuis plus de 20 ans, elle occupe militairement une large zone du Sud Liban, à partir de laquelle elle organise des raids aériens contre des cibles libanaises civiles autant qu’économiques ou militaires. Une tripotée de résolutions de l’ONU lui demandent poliment de quitter ces zones. Sans aucun effet évidemment ! Israël n’a concédé aux dirigeants palestiniens, en guise d’Etat indépendant, que quelques bantoustans où ils peuvent faire les flics contre leur population, à défaut de la nourrir et de lui permettre véritablement de vivre. Et voilà Jospin qui va dire à ceux qui opposent des pierres et quelques armes à la superpuissance militaire de l’Etat d’Israël qu’ils sont des terroristes et qu’ils compromettent le processus de paix ! Quels que soient ces combattants du Hezbollah libanais, tout fanatiques religieux qu’ils soient et certes bien mauvais bergers de la cause palestinienne et arabe, ce ne sont pas eux les agresseurs et la résignation n’est certainement pas la solution ! Il ne faudrait pas inverser les rôles. Et si Jospin le fait, c’est qu’il est consciemment et volontairement dans le camp d’Israël, c’est-à-dire dans le camp des grandes puissances, contre les peuples de la région.

Ce qui n’est pas un secret ! Ceux qui s’étonnent des propos de Jospin, ici, dans les milieux populaires de gauche, d’origine arabe ou pas, sont bien naïfs ou ont la mémoire bien courte. C’est avec le socialiste Guy Mollet au gouvernement que l’intervention militaire anglo-française de Suez a été déclenchée en 1956 contre l’Egypte et le monde arabe. C’est avec le même Guy Mollet, épaulé à l’époque par Mitterrand, que la guerre d’Algérie a été menée et que carte blanche a été donnée aux paras français pour torturer, massacrer. Aujourd’hui d’ailleurs, c’est Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères socialistes, qui au plus fort du carnage de l’armée russe contre Grozny, donne l’accolade à Poutine et vante ses qualités de « patriote ».

La droite, sur le fond, a très exactement la même politique.

Et quand on dit « politique de grande puissance », ça veut dire appui aux dirigeants, même dictateurs, qui maintiennent un certain ordre social destiné à assurer le maximum de profits aux grands trusts et banques qui dominent à ce jour le monde. Si Védrine cire les bottes de Poutine, c’est que le régime russe se charge d’extorquer aux classes populaires la plus-value nécessaire au remboursement des prêts occidentaux, intérêts et capital. Et si Jospin cire les bottes d’Ehoud Barak, c’est en particulier parce que des intérêts économiques français non négligeables sont en jeu. Ainsi Gayssot, qui était du voyage comme de bien d’autres coups tordus, souligne l’importance d’arracher la commande d’Airbus à la compagnie El Al, plutôt qu’elle continue à s’équiper de Boeings comme jusque-là ! Nous y sommes ! Ca méritait bien quelques mots qui plaisent aux dirigeants israéliens. Et ce ne sont pas Lagardère ou Dassault qui jetteront à Jospin la première pierre !

Subsidiairement, la polémique Chirac-Jospin dans tout ça n’a d’autre but que de savoir qui des deux en tirera le plus de voix pour les présidentielles de 2002 et l’honneur de présider à la politique de Lagardère et Bouygues - O pardon de la France ! - dans le monde.

La politique internationale des travailleurs, totalement solidaire des intérêts des travailleurs et des peuples du monde entier, serait tout autre.

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