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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 94, juin-juillet-août 2014

Quand FIFA rime avec mafia

Devant l’ampleur des manifestations à l’approche du début de la compétition, l’ancien président brésilien, Lula, a pris le temps de regretter que la Coupe du monde soit « politisée ». À l’époque où il avait mis tout son poids pour que le Brésil l’accueille, ainsi que les Jeux olympiques de 2016, il n’avait pas manqué de politiser sa « victoire », car ainsi « le Brésil entrait dans la cour des grands ». Il voyait ces compétitions comme une revanche pour les Brésiliens : « Notre pays a été colonisé et nous avons l’habitude de penser petit, avec le sentiment que l’on ne compte pas ».

Le retentissement mondial de ces compétitions donne effectivement aux multinationales l’occasion de conquérir de nouveaux marchés, en particulier aux groupes chargés de construire les infrastructures (rénovation des stades, du réseau de transport, de l’hôtellerie, etc.).

La Coupe du monde au Brésil, cette année, trouve sa place entre l’Afrique du Sud en 2010, la Russie en 2018 et... le Qatar en 2022. Ce ne sont certainement pas l’équité ou la glorieuse incertitude du sport qui font pencher l’attribution vers tel ou tel pays, mais bien plutôt la corruption et le choix des grands pays impérialistes de faire les yeux doux à telle ou telle puissance émergente… ou financière. Sepp Blatter, dirigeant principal de la Fédération internationale de football (FIFA), avouait même récemment que l’attribution du Mondial au Qatar avait sûrement été une erreur, tout en expliquant que des pressions politiques de France et d’Allemagne étaient intervenues.

Après tout, la Coupe du monde n’est jamais qu’une loupe focalisée sur le système : au programme se trouvent logiquement profits, corruption et… lutte de classe, qui prend la planète foot à contre-pied !

Norbert MORAVČIK


Certains s’en foot plein les poches

Le retard de livraison de quatre des douze stades de la Coupe du monde s’accompagne de surcoûts faramineux qui s’en vont directement dans les poches des groupes chargés de la construction.

L’Arena Corinthians a coûté 14 à 18 % de plus que prévu. À Curitiba, le surcoût est estimé à 35 % pour la mobilité urbaine (routes…) et 75 % pour le stade. Pour le stade du Maracanã, les travaux de rénovation dépasseront les 415 millions d’euros, contre 352 millions annoncés. Deux fois plus cher que le stade Soccer City dans lequel s’est jouée la dernière finale de Coupe du monde.

Des voix s’élèvent pour dénoncer corruption et détournements de fonds. La plupart des stades seront gérés par des consortiums privés. Pour le Maracanã, qui accueillera la finale, trois sociétés ont été sélectionnées : AEG, Odebrecht (responsable des travaux du stade) et IMX, propriété du milliardaire brésilien Batista, qui a financé la campagne électorale de Sérgio Cabral, gouverneur de Rio. Construction, compétition puis exploitation du stade : un joli hat-trick [1] réalisé par ces patrons.

Pour les Brésiliens, le revers de la médaille est terrible. Hausse des prix, coupes claires dans les prestations sociales… Pour accueillir les touristes, il faut faire place nette et redessiner les centres-villes. Pas question de laisser les favelas « gâcher » la compétition. Tout doit être parfait. Les travaux ont donc été l’occasion de lancer des grands projets de « revitalisation ». Autrement dit, de déplacer sans compensation des dizaines de milliers de Brésiliens. Si la Coupe du monde sert de prétexte, le but des travaux est « d’attirer les investissements pour les nouvelles unités résidentielles », selon un rapport d’Amnesty international en 2013. Là aussi, les protestations se multiplient, soulignant l’évidente collusion entre la FIFA (et ses exigences), la bourgeoisie brésilienne et l’État qui règle la note, sur le dos de la population.

N.M.


[1Hat-trick (coup du chapeau) : terme anglais qui désigne l’exploit, pour un joueur, de marquer trois buts au cours du même match.

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