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Plate-forme 5

Pour une candidature ouvrière, anticapitaliste et révolutionnaire du NPA à la présidentielle

9 juin 2021 Politique

La Conférence nationale du NPA doit décider de présenter une candidate ou un candidat du NPA à l’élection présidentielle de 2022, issu du monde du travail et qui en représente les intérêts généraux, anticapitalistes et révolutionnaires. C’est-à-dire décider du programme et des axes politiques privilégiés de cette apparition, décider du candidat ou de la candidate et des démarches et efforts nécessaires pour l’obtention des 500 parrainages. Dans une situation économique, sociale et politique profondément bouleversée – à l’échelle mondiale – par les conséquences de la gestion capitaliste de la crise sanitaire que nous vivons depuis plus d’un an, et dont bien des développements sont devant nous, les pires contre les classes populaires comme les meilleurs si elles poussent et coordonnent leur révolte, nos perspectives de révolutionnaires doivent résolument s’afficher. La présidentielle en est l’occasion de le faire à une très large échelle.

En guise de préambule, sur la situation et nos objectifs

Nous sommes confrontés à une situation internationale, avec des déclinaisons évidemment diverses selon les pays, où la faillite du système capitaliste à satisfaire les besoins de l’humanité – près de huit milliards d’individus – explose sous forme d’une polarisation extrême entre une immense masse de prolétaires d’un côté, une poignée de super nantis de l’autre. Sous la forme aussi d’une surexploitation et d’une précarisation du travail humain, qui est le pendant du grossissement de l’armée industrielle de réserve, et qui s’accompagne d’une multitude de formes d’oppressions et de guerres engendrées par les appétits impérialistes.

Depuis quelques années, avant même le déclenchement de la pandémie et sans que celle-ci n’y mette un terme, des révoltes politiques et sociales d’ampleur secouent le capitalisme, les unes après les autres ou les unes séparées des autres – sans qu’une perspective révolutionnaire internationale ne s’en dégage. Il est urgent et de notre devoir que le courant, communiste révolutionnaire, trotskyste, doté d’un programme d’indépendance politique de classe pour le prolétariat, porté en ordre dispersé par bien des individus et des groupes sur la planète, s’affirme et s’affiche. Un pôle révolutionnaire doit surgir, face aujourd’hui à l’inanité des illusions institutionnelles des partis traditionnels de la bourgeoisie, de droite comme de gauche, face aux apprentis caudillos d’extrême droite à la Trump, Bolsonaro… ou Marine Le Pen. Partout, la bourgeoisie renforce à des degrés divers les rouages coercitifs de ses appareils d’État. La force reste le premier agent économique, Marx ne s’y était pas trompé, à laquelle les exploités et opprimés ne peuvent opposer que leur propre force, celle de leurs mobilisations, pour résister, passer à l’offensive jusqu’à imposer leur propre pouvoir.

Que pourrons-nous dire et retransmettre, nous les révolutionnaires ici en France, dans la campagne présidentielle à venir, d’expériences et d’acquis politiques qui sont ceux de plus d’un siècle de mouvement communiste international et qui s’imposent aujourd’hui par leur actualité ? La situation concrète du moment nous le dira, à condition déjà que nous nous engagions à porter ce programme d’indépendance de classe, un programme révolutionnaire, loin de tous les mensonges institutionnels dits de gauche ou franchement réactionnaires.

Pour ce qui nous concerne dans l’immédiat, ici et maintenant : si les candidats des principaux partis politiques ne sont pas tous fixés, nous savons qu’il est improbable qu’une « candidature des luttes » voit le jour et que le profil des partis de la gauche, « radicale » ou pas (PS, EELV, LFI, PCF), reste étroitement et/ou principalement borné aux institutions et intérêts économiques bourgeois. Notre candidature à la présidentielle, qui affirmera notre programme anticapitaliste et révolutionnaire pour les mois à venir auprès d’un très large milieu populaire, doit se faire en toute indépendance de cette gauche ou « gauche de la gauche » institutionnelles. Pour le NPA, la campagne de la présidentielle ne peut pas, dans son contenu et sous prétexte de faiblesse face à un danger d’extrême droite, être une réédition ou calque de l’alliance avec la FI aux régionales que nous avons combattue en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine.

Cette campagne aura au moins trois objectifs : dénoncer le système capitaliste, avancer quelques mesures emblématiques d’un programme pour les luttes ainsi que les moyens pour les imposer et tracer une perspective pour renverser le pouvoir des patrons et des riches : vers un gouvernement des travailleurs et des travailleuses, seul capable d’en finir avec l’exploitation et les inégalités et d’établir une démocratie réelle, c’est-à-dire ouvrière, un pouvoir de classe qui prendrait toutes les décisions tant politiques qu’économiques.

Les urgences de l’heure

La stratégie patronale du choc n’a pas attendu un quelconque rendez-vous électoral pour tirer profit de la crise ouverte par la pandémie. Licenciements en masse, multiplication des emplois précaires, y compris par échappement légal au statut salarié, baisse des primes et des rémunérations en général, vol de congés, pressions managériales et disciplinaires, etc. L’État a mis d’énormes moyens pour appuyer légalement cette offensive patronale et renflouer les caisses du patronat, bien davantage que pour lutter contre la pandémie.

Les résultats sont là : les « premiers de cordée », les « corona-profiteurs » de la guerre sanitaire ont vu leurs fortunes s’envoler en un an, les cotations boursières crèvent les plafonds. Si certains secteurs de la petite et moyenne bourgeoisie sont plongés dans l’incertitude par la crise sanitaire devenue économique, le grand capital s’y renforce, même si l’éclatement de bulles boursières menace.

À chaque virage dans la crise sanitaire (premier confinement strict puis premier déconfinement), les « premiers de corvée », travailleurs et travailleuses, avec ou sans emploi, et la jeunesse ont exprimé leur mécontentement. Le spectre de la colère sociale a hanté le patronat et le gouvernement sur des questions plus directement politiques comme la lutte contre les violences policières, le racisme ou la dérive autoritaire de l’État. La pandémie n’a donc imposé qu’une pause toute relative à un cycle engagé en 2016 avec la lutte contre la loi Travail de Hollande, renforcé en 2018 par la « bataille du rail », les mobilisations étudiantes, le surgissement des Gilets jaunes et à partir du 5 décembre 2019 par la grève interprofessionnelle contre la réforme des retraites. Aucun de ces mouvements n’avait permis d’imposer des reculs significatifs au patronat qui a continué son offensive (en repoussant néanmoins la retraite par point, ce qui n’est pas rien). Mais la lutte des classes a été remise au centre du jeu politique en faisant émerger une nouvelle génération militante.

Dans les mouvements sociaux d’aujourd’hui contre la vague de suppressions d’emplois largement amorcée, nous sommes face à la politique d’appareils syndicaux qui n’encouragent pas aux luttes et s’empressent bien souvent de négocier des compromis sous prétexte de dialogue social avec le patronat (sacrifices salariaux ou augmentations des horaires sous prétexte de limiter les licenciements, projets de reprises aléatoires d’entreprises ou faux plans industriels). Ils désarment et émiettent les réactions des travailleurs et des travailleuses en les circonscrivant aux entreprises, aux secteurs, isolés les unes des autres. Des tentatives de regroupement des luttes existantes par des équipes syndicales ont eu lieu, auxquelles nos camarades ont participé. C’est juste à plus d’un titre, le moindre n’étant pas que des militantes et militants syndicaux de terrain (de diverses étiquettes), des organisations syndicales sont sensibles à l’idée qu’on ne peut mener à bien les luttes si elles restent confinées, et prennent conscience à la fois du besoin de coordination et du fait que les directions syndicales ne l’impulseront pas. Aider, partout où nos militants et militantes sont en position de le faire, les travailleurs, les travailleuses et les organisations conscientes des luttes à mener à s’organiser, à se rencontrer et coordonner leurs combats – syndiqués et non syndiqués – est une de nos tâches immédiates. C’est une des tâches essentielles des révolutionnaires aujourd’hui, qui doivent avoir confiance dans leur capacité à « parler directement » à des secteurs de la classe ouvrière qui cherchent des alternatives à la stratégie perdante des directions syndicales. C’est ce qu’ont pu prouver à une échelle, certes encore modeste mais néanmoins indispensable, les initiatives construites autour des salariés des TUI, par exemple pour la manifestation du 19 juin à Paris. Notre parti doit évidemment y aider, par sa propagande et son agitation, afin d’aller vers une riposte d’ensemble du monde du travail. Dans la France qui a connu 1936 et 1968, des situations sociales et politiques aiguisées par la grève générale, cette dernière reste un scénario actuel à populariser.

Il en va de même à l’échelle internationale, où des mouvements de masse et des affrontements durs avec les pouvoirs en place se poursuivent et se multiplient. La Colombie et la Palestine s’ajoutent aujourd’hui à l’Algérie, au Sénégal, à la Birmanie, à l’Inde, à la Biélorussie, au Chili, au Liban… Chacun a ses particularités, liées à la situation locale. Mais il s’agit chaque fois de luttes longues, déterminées, aux avant-postes desquelles se trouvent les classes populaires et la jeunesse, particulièrement les femmes ; des mouvements mettant en cause les inégalités galopantes et réclamant une démocratie réelle « par en bas », refusant les replâtrages institutionnels. Ces mouvements, d’une intensité et massivité plus grandes que ce que l’on a connu ces dernières années en France, ouvrent des situations politiques nouvelles. Ils donnent une nouvelle actualité au clivage réforme ou révolution : faute de perspectives et d’organisations qui tentent d’ouvrir une voie indépendante pour les exploités et les opprimés, les impasses politiques institutionnelles habituelles prennent le dessus. Sans parler de la répression, voire des coups de force militaires. Les révolutionnaires peuvent avoir une intervention décisive dans de telles situations, s’ils et elles aident le mouvement à aller au bout de ses possibilités, s’ils et elles aident les travailleurs et les travailleuses à en disputer la direction aux appareils syndicaux et politiques « de gauche » ou populistes en tout genre, tout en étant capables d’écouter, de s’appuyer sur la force et la spontanéité de notre classe en mouvement.

De telles situations ne se produisent pas sur commande, et nous ne basons pas une politique sur des pronostics quant à la prochaine explosion sociale, par définition impossible à anticiper. Mais nous nous y préparons en permanence, en utilisant toutes les tribunes, y compris électorales, pour défendre nos orientations.

Comment contrer la montée de l’extrême droite ?

Le Rassemblement national a une audience dans le monde du travail, qui fait sa spécificité par rapport aux partis qui se sont succédé au pouvoir. Il nous faut non seulement combattre pied à pied les préjugés racistes, sexistes et xénophobes que le RN suscite et amplifie dans notre classe, mais également dénoncer l’illusion que ce parti, intimement et historiquement lié à des hommes et des intérêts bourgeois, pourrait freiner la régression sociale généralisée. Il se prétend parfois « anti-système » mais applaudit la pire des institutions de la République, à savoir son armée et ses généraux lorsqu’ils se prétendent candidats à rétablir l’ordre par un putsch dans le pays. L’appauvrissement des travailleurs et des travailleuses, et d’une partie de la petite bourgeoisie, engendré par la paralysie économique sous pandémie, peut faire craindre que, bien davantage qu’en 2017, une partie des classes populaires soit tentée de voter pour la « facho » pour faire barrage au « banquier », ou « pour la solution qu’on n’a jamais essayée ». Erreur funeste évidemment : des figures d’extrême droite ont accédé au pouvoir ces dernières années en Inde, au Brésil, en Indonésie, en Hongrie, en Turquie, en Autriche, en Italie et bien sûr aux États-Unis, pour poursuivre et aggraver l’offensive patronale dans tous ces pays. Sans parler de leur gestion mortelle de la pandémie.

Macron et ses alliés possibles, de gauche et de droite, se présentent comme un rempart face au RN. De LREM au RN, en passant par Les Républicains, c’est pourtant depuis des années l’odieuse surenchère raciste et sécuritaire, mue par les concurrences politiciennes pour capter un électorat réactionnaire ou aveuglé, mais servir aussi une politique patronale de division des travailleuses et des travailleurs. Si l’extrême droite n’est pas au pouvoir, les gouvernements antérieurs et l’actuel en ont repris une partie du discours, et une plus grande partie encore des méthodes sécuritaires et répressives contre celles et ceux qui contestent leur politique. En imposant des méthodes et législations plus musclées, en vantant les exploits policiers, en surenchérissant dans l’islamophobie, le gouvernement actuel banalise les tentations fascisantes et s’avère être le meilleur recruteur du RN, un allié de ce dernier dans sa stratégie de « dédiabolisation ». Hollande et Valls ont largement ouvert la voie à Macron.

Ce discours transpire jusqu’au sein de la gauche institutionnelle qui demande des frontières protégeant « la France » de l’immigration. Alors elle peut bien réclamer une police plus républicaine ou de proximité, et une armée qui abandonnerait toute tentation politique. Comme si ladite armée n’agissait pas en maintien de l’ordre impérialiste, aujourd’hui spectaculairement en Afrique, et pourquoi pas demain en France si le système capitaliste se sentait menacé ?

La « polarisation » politique actuelle, où seuls semblent s’opposer électoralement des camps réactionnaires, est le résultat des reniements de la gauche au pouvoir, de quarante ans de politiques antisociales. La politique de Mitterrand et de ses alliés communistes, d’austérité contre les travailleurs, les travailleuses et les plus pauvres au nom du « socialisme », avait permis au FN d’entrer avec fracas sur la scène politique. Jospin et son gouvernement de gauche plurielle (dont Mélenchon était secrétaire d’État et où le PCF avait quelques ministres) avait permis que le FN accède pour la première fois au second tour d’une présidentielle. Enfin le quinquennat de Hollande et de ses alliés Verts a mis la fille Le Pen sur orbite, lui permettant de battre des records en nombre de voix.

Dans cette élection présidentielle à venir, et au-delà, il faudra convaincre le monde du travail que l’extrême droite, son ennemie mortelle, ne se combat pas dans les urnes mais par l’unité de classe dans les luttes, parfois en s’affrontant majoritairement à elle, travailleurs et travailleuses, avec ou sans papiers, par-delà les statuts et les nationalités ; et qu’a fortiori elle ne se combat pas par une union électorale entre partis de gauche – ou cartel électoral entre partis éclopés et discrédités par leurs politiques passées. Qui d’autre que nous, les révolutionnaires (Lutte ouvrière et le NPA), pourra faire entendre dans la campagne électorale cette voix-là ? La voix des luttes et elles seules, contre une future austérité, de droite ou « de gauche » voire « écolo EELV » ? Voilà pourquoi nous regrettons qu’une fois de plus les révolutionnaires partent en ordre dispersé lors de cette élection. Nous sommes loin de répondre aux responsabilités qui sont les nôtres dans une telle période.

Gauche « radicale » ou pas, toujours institutionnelle

Au pouvoir, la gauche (si le terme a un sens) a mené la même politique que Macron, qui en est lui-même issu. Les partis de la gauche dite « radicale » (si le terme a davantage de sens), le PCF ou la FI, ne sont probablement pas perçus par nombre de travailleurs et de travailleuses de la même façon que le PS et ses potentiels alliés, et néanmoins rivaux, les Verts. Si le PC a aujourd’hui perdu beaucoup de sa base ouvrière, si Mélenchon semble perdre de l’aura électorale, il n’en reste pas moins que les milieux PC et LFI sont parmi ceux que nous côtoyons dans l’activité militante, avec lesquels nous partageons des combats. Pour faire grandir le rapport de forces, une préoccupation de « front unique » nous amène évidemment à chercher des alliances avec tout ou partie de leurs organisations, militants, militantes ou sympathisants et sympathisantes, dans des luttes aux objectifs précis. Les objectifs de ces luttes font aussi partie du débat, si ce n’est du combat, et nous avons à préserver une délimitation programmatique et stratégique. Frapper ensemble, quand c’est possible, mais marcher séparément, car ça l’est presque toujours ! C’est dans les tournants épineux qu’on voit la nature réelle de ces courants : leur solidarité avec les institutions et le cadre de l’État capitaliste ne fait pas de doutes. En 2015 à la suite des attentats de Daech, PCF et Verts ont voté en faveur de l’état d’urgence. Plus récemment, en mars 2020, une Assemblée nationale unanime s’est exprimée en faveur d’aides publiques historiques de 450 milliards grand capital. Macron avait adopté un discours martial et déclaré : « nous sommes en guerre ». Dans ce contexte, ce sont bien des crédits de guerre sociale, accordés au patronat, que la gauche parlementaire unanime a votés. Dès qu’il s’agit « d’union nationale », en réalité de serrer les rangs derrière le grand patronat « français » et ses profits, c’est jusqu’au PCF et à la FI (et même Ensemble) qu’on répond présent.

C’est l’honneur du NPA que de n’avoir jamais cédé à ces sirènes, et d’avoir défendu des positions de classe indépendantes de la bourgeoisie et opposées à toute union nationale, à nouveau cette année dans la crise sanitaire. Seule l’extrême gauche révolutionnaire, principalement Lutte ouvrière et d’autres organisations trotskystes ou libertaires plus petites, a tenu les mêmes positions. C’est cette indépendance qu’il faut faire vivre dans la future campagne, à l’opposé des compromissions qui ont entraîné certains et certaines camarades du NPA derrière la FI dans des campagnes communes aux municipales puis aux régionales (en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie), dans une « logique » qu’il faut bannir pour la présidentielle.

Il faut une candidature du NPA, en toute indépendance de tous ceux qui, au nom de la gauche, ont mené avant Macron puis en partie avec lui, la politique anti-ouvrière que nous connaissons, ou de ceux qui parlent de rénover la gauche, voire de la verdir, mais n’ont rien d’autre à offrir que les mêmes vieilles et désespérantes impasses. D’où l’absolue nécessité que le NPA présente sa candidature ouvrière, anticapitaliste et révolutionnaire.

Un enjeu pour le NPA aussi

Une campagne présidentielle est un moment important pour la diffusion de nos idées auprès d’un public bien plus large que les milieux que nous touchons par nos activités habituelles. Elle va aider à la construction du NPA : recrutement sur la base de sa propagande et son l’agitation, impulsion d’activités de campagne qui peuvent devenir des activités régulières pour les comités (vers les lieux de travail, la jeunesse, les quartiers populaires et des collectifs de lutte dont on peut se faire porte-parole des intérêts spécifiques), mais surtout à l’identification du NPA sur un profil. Une campagne réussie peut porter ses fruits, avoir l’objectif de renforcer numériquement et politiquement notre organisation, dans la perspective de la construction d’un parti révolutionnaire. De manière déformée c’est l’expression du rapport de forces et y participe également. L’enjeu est important, il mérite que l’organisation et ses sympathisants et sympathisantes se rassemblent pour cet effort. Sachant que le problème n’est pas (ou pas seulement) la candidate ou le candidat mais, en tout premier lieu, le contenu politique de notre campagne, son programme et les axes qui en découlent. Voilà pourquoi les camarades qui se sont soit trop engagés avec la FI ou en extériorité du NPA pourront difficilement rassembler largement le parti. C’est bien dans ce cas de figure que la candidature d’Olivier Besancenot serait la plus à même de répondre à ce besoin.

La Conférence nationale devra évidemment aborder la question du ou de la camarade en situation de porter cette candidature. La meilleure façon de procéder serait de commencer par mettre en avant et publiquement un collectif de « porte-parole », non pas de « pré-candidats » qui se bousculeraient pour une primaire et seraient mis en concurrence, mais une équipe d’animatrices et d’animateurs des luttes, de différents âges, régions et secteurs notamment d’entreprises, qui pourraient chacune et chacun représenter le NPA à la présidentielle. Notre parti ne manque pas de « candidats et candidates » capables de tenir tête aux politiciens de la bourgeoisie. Une décision collective sur le choix du ou de la « présidentiable » interviendrait dans un second temps, comme en 2012, même s’il ne faut pas tarder.

Quelle campagne pour les révolutionnaires ? (Une esquisse d’idées et revendications, immédiates et transitoires)

A. Dénoncer la faillite capitaliste

La pandémie a mis en évidence l’incapacité du système capitaliste à répondre aux enjeux vitaux pour l’humanité. Si les gouvernements ont essuyé l’essentiel des critiques, leur politique commune d’austérité imposée aux services publics, au premier chef à la santé, et de largesses offertes au grand patronat montrent les intérêts de classe qu’ils servent. Les pénuries criantes de masques, de tests, de vaccins, qui ont entraîné des hausses de prix spectaculaires aux moments où ils étaient le plus nécessaires, condamnent la production capitaliste, uniquement guidée par le profit. Il en va, ne serait-ce qu’en France, de plus de 100 000 morts et d’un nombre incalculable de victimes collatérales.

À l’heure où il est urgent de vacciner le plus rapidement possible toute l’humanité, les brevets sont un obstacle inadmissible. Il faut les lever. Mais pour que le vaccin devienne réellement un « bien public de l’humanité », il faudra imposer l’expropriation du « Big Pharma », les réquisitions nécessaires de chaînes de production, plateformes logistiques et centres de santé pour les administrer aussi vite que possible, au mépris de l’enrichissement des actionnaires. Un tel effort exceptionnel à l’échelle de la planète ne peut aboutir que s’il repose sur la mobilisation consciente et active des travailleurs et des travailleuses de ces secteurs, et s’organise sous leur contrôle.

D’un côté le chômage de masse, du fait de la politique de terre brûlée du grand capital qui licencie et se replie sur ses actifs financiers comme « valeurs refuges », de l’autre la grande misère des services essentiels, la santé, l’éducation, les transports, La Poste, la culture, le logement. Il faut des millions d’embauches pour des services publics de qualité et gratuits. Il faut prendre sur le capital accumulé par la classe capitaliste, dont la partie concentrée dans les banques et les circuits financiers. Ce qui ne peut résulter que d’un affrontement social d’ampleur pour faire plier politiquement les milliardaires.

Les conséquences sociales de la crise se font déjà sentir durement parmi les travailleurs et les travailleuses les plus pauvres et les jeunes de milieux populaires. L’appétit patronal n’a pas de limites et emmène toute la société dans les abîmes. Dans ce contexte, les tentatives gouvernementales de fuite en avant réactionnaire, raciste et sécuritaire pour détourner l’attention, diviser notre classe, faire taire les contestations par la répression et concurrencer l’extrême droite sur le terrain électoral sont particulièrement dangereuses et irresponsables, d’autant qu’elles sont alimentées par l’évolution de la situation internationale.

Les tensions croissantes entre grandes puissances, le retour d’un certain protectionnisme, la guerre menée par les pays riches aux réfugiés, les expéditions militaires impérialistes qui s’enchaînent (notamment de la France en Afrique) et la faiblesse, l’abandon ou la capitulation pure et simple de toute perspective de lutte émancipatrice ou même de résistance du mouvement ouvrier traditionnel, contribuent à nourrir les extrêmes droites : nationalistes et racistes, complotistes et antisémites, ou religieuses et réactionnaires, ou tout à la fois tant ces courants se renforcent mutuellement, entre autres dans leur commun acharnement à maintenir les femmes dans une situation de mineures et de simples procréatrices. La menace est réelle de voir ces courants se développer sur des terrains militants dans les années qui viennent – et l’histoire a montré où ces rejetons monstrueux de la barbarie capitaliste pouvaient emmener la société.

Face à ces dangers, il faut raviver une perspective lutte de classe, donc internationaliste, qui s’oppose explicitement et frontalement aux réactionnaires de tous bords sans oublier de tracer des perspectives, même lorsque le rapport de force est difficile pour sortir de cette situation qui les nourrit.

Les mensonges sur les ravages du « mondialisme » et la pertinence du protectionnisme ne sont pas l’apanage de l’extrême droite. La gauche syndicale et politique ne perd pas une occasion de vanter les mérites de l’industrie française ou d’appeler à des « relocalisations. » Comme si patrons et ouvriers partageaient des intérêts communs dans les frontières nationales. À cette illusion porteuse de reculs réactionnaires xénophobes et racistes, ferments de division de notre classe, nous opposons les intérêts communs des travailleurs et des travailleuses de tous les pays contre l’exploitation capitaliste planétaire, à commencer par les intérêts communs des travailleurs et travailleuses d’Europe. La crise économique qui nous touche n’est pas « française », et la colère du monde du travail s’est manifestée ces dernières années, voire ces derniers mois, à travers le monde. Ces luttes du monde entier sont aussi les nôtres. La nécessité de changer le monde est notre programme.

B. Avancer un programme de lutte pour aller jusqu’au bout

Des « plans industriels » nationalistes sont agités par la gauche et les syndicats face aux travailleurs et aux travailleuses en butte aux licenciements. Mais les recherches de repreneurs ou demandes de subventions pour des relocalisations n’ont jamais permis d’enrayer la montée du chômage. Prétendre enrayer le chômage en « relocalisant », c’est-à-dire en le déplaçant dans d’autres pays, n’a rien à voir avec une défense du monde du travail. C’est l’augmentation de l’exploitation des travailleurs et des travailleuses dans le monde qu’il s’agit de dénoncer et combattre, à commencer par ce qui se passe dans ce pays. Le modernisme, l’automatisation des chaînes de production, l’irruption du numérique aux avances fulgurantes, devraient se traduire par la réduction du temps de travail. Mais non. Et au-delà des effets des progrès techniques, la hausse du chômage est la meilleure arme pour maintenir le rapport de force du patronat. Flexibilité, cadences, pressions managériales et chantage au chômage sont les secrets de l’augmentation de la productivité.

Ce cercle vicieux ne sera brisé que par la lutte pour l’interdiction des licenciements et le partage du travail entre toutes et tous, sans perte de salaire, seul barrage aux ambitions patronales de se mettre dans la poche l’intégralité des gains de productivité. Évidemment la marche est haute, surtout pour des travailleurs et travailleuses forcés de se battre le dos au mur et isolés à l’annonce d’un plan social. Ce genre de mesures ne pourra être imposé que par un rapport de force entraînant l’ensemble des travailleurs et des travailleuses – et toutes les couches populaires condamnées à la précarité. Cela passe par la coordination ou la convergence de luttes que les directions syndicales maintiennent dispersées et sans perspectives, par la capacité de cette nouvelle génération militante dans les entreprises et les syndicats à se regrouper et s’adresser à tous les autres par la constitution de pôles ouvriers lutte de classes.

De manière générale, il faut convaincre que « ce n’est pas aux travailleurs et aux travailleuses de payer la crise », qui est un slogan politique. Accepter un recul même petit, c’est renforcer l’offensive patronale qui vise aussi à tester les capacités de résistance. Programme minimum et maximum sont intimement imbriqués. Il faut exiger le maintien des salaires et primes, aux frais du patron, chômage partiel ou pas, et 400 euros au moins d’augmentation par mois pour tous et toutes.

La dette que les États accumulent pour renflouer à coups de milliards le patronat, et qu’on voudra nous faire payer demain, n’est pas « notre dette ». C’est la leur : les travailleurs et les travailleuses n’ont pas à accepter d’en payer la note.

L’augmentation du chômage officiel n’est qu’un indicateur partiel, à ajouter à l’explosion du nombre de SDF ou aux queues aux soupes alimentaires. Et cela avant la fin programmée du chômage partiel (et donc la véritable vague de licenciements), avant les mesures d’austérité drastiques qui seront prises au prétexte du remboursement de la dette « Covid » (qui a servi à subventionner le capital).

Face à l’interruption brutale de tout revenu, le gouvernement a mis en place un « salaire universel » pour la petite bourgeoisie : 1 500 euros minimum pour les propriétaires de bars, commerces ou restaurants à l’arrêt. Mais pour les autres ? Intérimaires, saisonniers, livreurs et livreuses, travailleurs et travailleuses au noir, aides à domicile, jeunes qui débarquent sur le marché du travail ?

Le développement rapide de situations de grande pauvreté est spectaculaire dans le milieu étudiant, du moins la grande masse des étudiants et étudiantes appartenant aux classes populaires, plus facilement accessible aux médias que la jeunesse ouvrière, et parce que la plupart ont moins de 25 ans et ne touchent même pas le RSA. Mais la situation est la même pour toute la jeunesse qui a vu ses revenus sévèrement amputés, inscrite ou pas à la fac. À tous ces jeunes, on réserve la charité et on refuse un revenu décent.

Cela dit, en versant cette somme aux restaurateurs, l’État admet contre son gré qu’on ne peut pas vivre dans la crise à moins de 1 500 euros – en réalité c’est au moins 1 800 euros qui sont nécessaires. Personne ne doit toucher moins. Aucun revenu en dessous de 1 800 euros, ni salaire, ni allocation chômage ou retraite, ni minima sociaux ! Dans certains milieux syndicaux on avance même et à juste titre la revendication d’un revenu minimum de 2 000 euros pour toutes et tous. Ce n’est pas la mendicité, il ne s’agit pas d’un RMI généralisé que certains réclament, mais d’une nécessité qui part des besoins sociaux, qui devra être financée par les capitalistes et qui ne pourra être imposée que par la lutte.

Bien d’autres mesures d’urgence sont nécessaires : pour permettre aux jeunes des classes populaires d’étudier, pour construire des logements, pour des transports collectifs de bonne qualité et gratuits pour tous et toutes, pour l’accès aux loisirs et à la culture dans de bonnes conditions sanitaires, pour un accès égalitaire à la santé, pour des mesures en faveur des droits des femmes (accès à l’avortement libre et gratuit, à des moyens d’urgence face aux violences qui leur sont faites). Ces mesures posent la question du financement immédiat. Nous ne prônons pas l’endettement de l’État ou des assurances sociales, ce qui est une manière de ne pas menacer les revenus du capital. Nous revendiquons la gratuité des équipements et services collectifs en prenant sur les richesses accumulées par la classe capitaliste.

L’appauvrissement de larges couches de la population est déjà à l’œuvre et modifiera en profondeur les conditions dans lesquelles nous militerons dans les années qui viennent. Cet appauvrissement ne touche pas que les couches populaires salariées. Mais si les réactions, coups de colère et mobilisations qu’il ne manquera pas de susciter sont dirigées par des secteurs de la petite bourgeoisie, alors l’affrontement n’ira pas au bout. Car ces secteurs ne rentreront pas en conflit direct avec les groupes capitalistes ou avec une conscience déformée de ce qu’il faudrait : conserver leur petite propriété, leur droit de vivre, mais sans perspective d’un vrai changement de société. Pire, ils pourraient le faire sur un mode « poujadiste » c’est-à-dire d’extrême droite, contre des salariés prétendument privilégiés. Seule la classe ouvrière est porteuse d’un tel changement qui ne pourra être entamé que par un mouvement d’ensemble, une grève générale, un Mai 68 qui irait jusqu’au bout. Et l’histoire révolutionnaire témoigne qu’en cas de vague de contestation sociale, les militants et militantes révolutionnaires, même très minoritaires jusque-là, peuvent se trouver à la tête de combats décisifs et incarner une telle politique d’indépendance de classe. Pour peu qu’ils et elles en aient l’audace politique et une implantation ouvrière.

C. Seul un pouvoir des travailleurs et des travailleuses pourra résoudre les problèmes urgents de l’humanité

Si des mobilisations de notre classe peuvent imposer quelques mesures d’urgence au patronat, c’est au pouvoir qu’elle pourra changer la société de fond en comble. Nous militons pour la fin de l’esclavage salarié, l’abolition de la propriété privée des moyens de production et leur mise en commun sous le contrôle de ceux et celles qui travaillent, au service de toute la société. Nous saisirons toutes les occasions dans cette campagne pour populariser, à l’aide de formules grand public, nos idées socialistes et communistes.

Un gouvernement réellement démocratique, au service de la population, comme le revendiquaient les Gilets jaunes, la jeunesse chilienne ou la population algérienne, ne pourra pas voir le jour grâce à quelques astuces institutionnelles, comme le RIC, une assemblée constituante ou une VIe République. Il ne pourra résulter que d’une lutte à mort contre les milliardaires qui possèdent l’économie, les médias, le poids sur les institutions, la justice, la police, bref l’appareil d’État. C’est-à-dire tous les pouvoirs effectifs d’information, de décision, de centralisation et de coercition. En un mot : une révolution !

Un tel gouvernement ne peut se forger que dans le feu d’une lutte d’ensemble où les travailleurs et les travailleuses entraînent avec eux et elles toutes les couches opprimées. Il en finira automatiquement avec les privilèges indécents qui font que les politiciens vivent comme des privilégiés – et se recrutent parmi les privilégiés. Mandatés et révocables, payés au salaire moyen ouvrier, les militants, militantes et élus d’un gouvernement des travailleurs et des travailleuses n’auront rien de commun avec les petits Bonaparte qui aspirent à la fonction suprême !

Un pouvoir ouvrier et populaire mènera une lutte contre tous les vestiges réactionnaires sur lesquels s’appuie le capitalisme, contre tous les préjugés, racismes et discriminations sexistes ou liées à l’orientation sexuelle. Lui seul permettra d’atteindre non seulement l’égalité en droits mais l’égalité réelle, comme le revendiquent à juste titre dès aujourd’hui les mouvements contre le racisme et les violences policières ou les mouvements féministes et LGBTI qui ont fait irruption partout dans le monde. Car les luttes indispensables pour les droits démocratiques, civiques ou les droits des femmes ont montré que l’égalité en droit, quand elle existe, n’empêchait pas le racisme et le sexisme d’État, et que ces problèmes sont systémiques.

Comme son ancêtre de la Commune de Paris, un gouvernement ouvrier combattra tout repli national, ouvrirait les frontières à tous les travailleurs et travailleuses du monde, frères et sœurs d’armes dans la lutte de classe – autant qu’il les fermerait aux capitaux qu’il mettrait sous son contrôle. C’est le sens internationaliste de notre défense de la liberté de circulation et d’installation pour toutes et tous : de l’air, ouvrez les frontières ! On vit ici, on bosse ici, on reste ici et on vote ici !

Un pouvoir ouvrier et populaire mettra également au premier plan l’harmonie entre les êtres humains et la nature. Le réchauffement climatique, l’écologie servent à ce jour surtout de prétexte aux gouvernements pour justifier, d’un côté de nouvelles subventions aux entreprises, de l’autre de nouvelles taxes et des licenciements pour les classes populaires. Nous reprenons à notre compte la formule : « L’écologie sans luttes de classes, c’est du jardinage ». Nous relions intimement le combat pour le climat, la biodiversité, à nos luttes sociales. Même en pratiquant ce qu’il appelle « la transition écologique », limitée à certains secteurs et néanmoins soumise aux lois du marché, le capitalisme ne sera jamais vert. Car, pour reprendre les mots de Marx, il « épuise les deux sources de toute richesse : la terre et le travailleur. » Seule une planification démocratique de la production, sous le contrôle des travailleurs et des travailleuses concernés, permettrait que cette production soit organisée en fonction des besoins sociaux, tout en préservant au maximum les équilibres naturels. Mais surtout seuls les travailleurs et les travailleuses ont la force d’en finir avec la folie capitaliste qui mène la planète au chaos.

Tous les problèmes de l’heure, les inégalités extrêmes, le chômage endémique, les oppressions systémiques, l’émergence de pandémies, le saccage de l’environnement, se posent à l’échelle mondiale et découlent de la dictature des groupes capitalistes multinationaux. La révolution sociale qui en finira avec cette dictature du profit devra se hisser à cette échelle. La contagion des luttes actuelles autour de la planète y encourage !

Il y a urgence : « socialisme ou barbarie », c’est l’alternative que nous voulons poser à une échelle de masse. Il est temps de rendre crédible une autre société, une rupture révolutionnaire face à la barbarie capitaliste. Notre campagne doit aider à populariser cet objectif.

Alain (Besançon), Angela (jeunes Grenoble, 69), Armelle (Asnières-Gennevilliers, 92 nord), Aurélien (Asnières-Gennevilliers, 92 nord), Aurélien (Comité cheminots, Paris), Baptiste (Grenoble, 69), Barth (jeunes 92 nord), Benoît (Comité cheminots, Paris), Bernard (Comité auto 92), Brenda (Comité cheminots, Paris), Bruno (Tours-Agglo, 37), Cécilia (Santé, Strasbourg, 67), Celso (Comité Rosa Luxembourg, Nantes, 44), Clément (Comité auto 92), Coline (Lille, 59), Damien (Cheminot, Lille, 59), David (Bordeaux, 33), Françoise (Mulhouse, 68), Florent (Auto, 91), Florès (93), Gaël (Metz, 54), Gaël (La Poste, 92 nord), Hélène (Paris), Hubert (Limoges, 87), Isabelle (Strasbourg, 67), Laura (jeunes Le Mans, 72), Maria (La Poste, Paris), Marie-Hélène (Rouen, 76), Mathilde (Nanterre, 92 nord), Mathilde (Travail social, 92 nord), Mina (Nanterre, 92 nord), Nicolas (Caen), Pauline (Comité cheminots, Paris), Philippe (Toulouse), Raphaël (Marseille), Régis (Cléon, 76), Selma (Jeunes, Paris), Stéphane (Evry, 91), Thierry (Nathalie le Mel, Guingamp, 22), Vanessa (Nanterre, 92 nord), Victor (jeunes, 92 nord), Xavier (La Poste, 92 nord), Yann (La Poste, 92 Nord), Zara (Comité cheminots, Paris)

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