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Accueil > Éditos de bulletins > 2000 > mars > 13

Nous ne sommes pas des moineaux, Nous voulons autre chose que des miettes !

La grève se renforce dans les lycées professionnels du pays et gagne des lycées généraux. Des manifestations massives d’instituteurs et de parents ont eu lieu à Nîmes, Rouen et Toulouse. Le 14 mars doit être une nouvelle journée de l’enseignement professionnel et des hospitaliers. Le 16 mars, une journée de l’ensemble de l’Education nationale et d’une grande partie de la fonction publique, enseignants et agents des impôts au premier rang.

Le mécontentement s’exprime un peu partout dans les services publics, contre le manque de moyens, le manque d’effectifs et la précarisation. Et en plus des échecs scolaires, on voit maintenant se multiplier les rackets, attaques à main armée. Jusqu’à cette malheureuse adolescente qui accouche à la sauvette dans les toilettes de son lycée de 2000 élèves ! N’en déplaise à Ségolène Royal, la faute n’en incombe pas aux enseignants qui crient depuis des années qu’ils ne sont pas assez nombreux, ni aux infirmières ou assistantes sociales qui sont quasi inexistantes. La faute en revient à ce gouvernement qui, comme les précédents, prend aux pauvres pour donner aux riches. D’où la « cagnotte » accumulée qui n’est pourtant que la partie visible de l’iceberg car le centuple est jeté par les fenêtres, chaque année, pour engraisser un patronat qui licencie les uns pour mieux surexploiter les autres.

Aux travailleurs et aux chômeurs, le gouvernement ne distribue que des miettes, pour désamorcer les coups de colère qui éclatent dans les services publics, et toujours en enlevant à Paul ce qu’il donne à Pierre. En enlevant aux enseignants du Val d’Oise ce qu’il donne à ceux de la Seine Saint-Denis, à tel hôpital ce qu’il donne au voisin. Encore que cette tactique, qui trouve son pendant dans les grèves tournantes organisées par les directions syndicales, qui laissent s’exprimer le mécontentement sans trop gêner le gouvernement, est en train de s’user. Comme disait un instituteur en colère interviewé à la télé : « Il va y avoir du bordel dans ce pays ».

Les grèves des services publics qui se multiplient à l’échelle nationale commencent à devenir un fait politique et une sacrée pierre dans le jardin de Jospin. Sans compter que la gauche plurielle est davantage préoccupée par de futurs déboires électoraux et leurs conséquences en postes et places pour ses politiciens qu’elle ne l’est par la détérioration de la vie quotidienne des classes populaires.

Et des mouvements ont lieu aussi dans le privé, pour des augmentations de salaires ou contre des licenciements, dans ces « World Companies » françaises ou étrangères, les Péchiney, Alstom, France Télécom dont les actions grimpent quand les effectifs baissent et que des travailleurs sont jetés à la rue ! Et ne parlons pas de leur super cagnotte !

Jospin et ses ministres ne sont donc pas à la fête. Jospin n’ose plus parler de sa réforme des retraites ! Sautter a remballé sa réforme des impôts ! Martine Aubry voudrait bien que les 10 milliards qu’elle a promis pour les hôpitaux (qui ne représentent pourtant que 2 % de ce qui est versé chaque année par l’assurance maladie aux hôpitaux publics) et les 10 000 emplois (qui ne sont pourtant que des embauches provisoires et précaires) suffisent à désamorcer le mouvement démarré depuis des semaines. Des directions syndicales l’y aident, à commencer par la CGT qui appelle à s’en accommoder. On verra quelle réponse donnera le personnel hospitalier ! Quant à Allègre, il est dans une mauvaise passe.

Pour arracher au gouvernement et au patronat davantage que des reculs partiels, il va falloir autre chose que des grèves qui se succèdent, se relaient, dans des secteurs appelés les uns après les autres, ou les uns séparés des autres, dans des cortèges à part, comme vont devoir manifester les enseignants et les agents des impôts dans la rue, à Paris, jeudi qui vient.

Il va falloir sérieusement envisager un mouvement d’ensemble.

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