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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 84, novembre-décembre 2012

Les travailleurs d’Arkema Pierre-Bénite (Rhône) résistent au chantage patronal

28 novembre 2012 Convergences Entreprises

Sur ce site lyonnais de l’industrie chimique, le patron tentait de monnayer un investissement contre une réorganisation qui représente une régression brutale pour les travailleurs [1]. 70 millions d’euros pour augmenter la production de PVDF [2], qui permettraient de dégager 36 millions d’euros de profit annuel en plus.

La direction attendait de la réorganisation 2 millions d’euros d’économies sur notre dos. Au programme :

  • Effectif constant malgré l’augmentation de la production.
  • Une augmentation de la charge de travail.
  • Une réorganisation des roulements des travailleurs postés, qui entraînait six à neuf week-ends travaillés supplémentaires par an, plus de difficultés à prendre ses congés, et une baisse des salaires. Les travailleurs touchés par cette mesure ont sorti leur calculette, et il n’était pas rare que cela représente 400 euros en moins sur la fiche de paye !

Sans oublier 25 emplois supprimés sur l’usine de Saint-Auban (Alpes-de-Haute-Provence).

Voilà ce que la direction appelle un accord « gagnant-gagnant ». On se demande bien ce qu’aurait donné un accord « gagnant-perdant » !

Cette attaque intervenant après une longue série de plans sociaux, la direction comptait sur notre abattement et sur le chantage à l’investissement, censé pérenniser le site, pour faire passer la pilule. Raté !

Après une grève le 17 février sur ces deux sites, les travailleurs de Pierre-Bénite voulant en découdre se sont donné le temps de convaincre le plus de collègues possible. Le mouvement s’est étendu du 11 octobre au 15 novembre, avec une interruption de huit jours. Au total, plus de 120 travailleurs ont fait grève au moins un jour, et 85 ont fait grève plusieurs jours, sur un site qui en compte plus de 600.

Contents de notre grève

Les grévistes sont fiers de leur action. Organisés comme jamais auparavant, nous n’avons pas cédé à la pression.

Les grévistes ont décidé de chaque étape de leur mouvement et ont choisi des délégués par secteur pour rencontrer la direction… cette dernière se plaignant du manque d’interlocuteur ! Quand le patron a sorti des « propositions » pour arrêter la grève, les délégués lui ont répondu qu’ils ne décidaient pas à la place des grévistes. Pas sûr qu’il voulait ce genre d’interlocuteur !

Sanctions, réquisitions, lock-out à peine déguisé… nous avons répondu à chaque tentative d’intimidation. Le 13 novembre, le patron a sorti un ultimatum pour la reprise du travail à 16 h 30. Résultat : neuf grévistes en plus à 16 h 30 précises ! Une bataille des nerfs que nous sommes loin d’avoir perdue.

Le chantage continue

Pour arrêter le mouvement, Arkema a fait descendre son directeur général sur le site pour annoncer le retrait de la réorganisation… et de l’investissement. Ce dernier se ferait maintenant en Chine ou aux États-Unis. Allons donc ! S’il était plus rentable d’investir ailleurs, la direction l’aurait déjà fait. Une tentative grossière d’opposer les salariés entre eux. En début d’année, elle avait déjà tenté de rendre les grévistes de Saint-Auban responsables d’un retrait (finalement temporaire !) des investissements à Pierre-Bénite. On peut tromper une personne mille fois, on peut tromper mille personnes une fois... mais on ne peut pas tromper mille fois mille personnes ! La direction a même prétendu que la grève s’opposait aux investissements. Plus le mensonge est gros…

Arkema ne fait que suivre la mode patronale actuelle, que le gouvernement-complice veut encadrer : se servir de l’inquiétude bien compréhensible des travailleurs sur leur emploi pour imposer une exploitation accrue [3]. À Pierre-Bénite nous avons relevé la tête. Nous étions certes minoritaires, nous avons tout de même fait reculer la direction… pour le moment. Et, si nous avons repris le travail, c’est avec la ferme intention de reprendre la lutte si la direction nous repasse le plat. Pour la faire reculer définitivement et, plus généralement pour faire reculer les patrons-maîtres-chanteurs, nous ne ferons pas l’économie d’un mouvement tous ensemble.

Le 17 novembre 2012, Maya PALENKE et Toni ROUVEL


Un cas pas isolé dans la région

Le précédent de Bosch à Vénissieux (Rhône) : Usine menacée de fermeture en 2005, les syndicats signent un accord en échange d’investissements. Au menu, perte de six jours de RTT, baisse de la rémunération du travail de nuit, blocage des salaires pour trois ans. L’accord est renouvelé en 2010. Résultat : effectif réduit de moitié à 420 salariés en huit ans et, en ce moment même, 29 jours de chômage partiel pour les 150 travailleurs de la production du secteur photovoltaïque de l’usine. Le photovoltaïque… il s’agit des fameux investissements censés sauver l’usine après l’arrêt de la production de pompes à injection diesel. Le directeur technique du site promettant : « Bosch Vénissieux sera un site rentable dans le photovoltaïque. » Pour les actionnaires peut-être, mais les travailleurs, quant à eux, ont perdu à tous les niveaux.

Plastic Omnium à Saint-Désirat (Ardèche) : Après l’incendie d’une chaîne de production en mars dernier, la direction promet 20 millions d’euros pour la reconstruire, mais sous conditions : 70 postes supprimés, 25 mutations dans l’Ain, 6 RTT supprimés ainsi qu’une prime de 500 euros, salaires baissés de 10 % et gelés pour trois ans. Le patron menace de délocaliser en Allemagne sinon. L’usine en est à son troisième plan social : elle est passée de 1 700 à 1 091 salariés en CDI en cinq ans.


[1Cf. « Industrie chimique : plans sociaux en cascade chez Arkema », Convergences Révolutionnaires n° 80

[2Polyfluorure de vinylidène, utilisé notamment pour la fabrication de films qui constituent la couche arrière des panneaux solaires, mais aussi pour les canalisations off-shore.

[3- Cf. « Les accords de « Flexibilité » et de « Compétitivité » : Sarkozy en a rêvé, Hollande le fait », Convergences Révolutionnaires n° 83

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