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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 16, juillet-août 2001 > Les mafias du nettoyage

Les mafias du nettoyage

Avec le développement de l’« externalisation des services », dans les entreprises publiques et privées comme dans les administrations, le marché du nettoyage a connu une forte expansion : « Deux fois plus de surfaces à nettoyer conjugué à plus de productivité. Tel fut le fil rouge de la propreté au cours des dix dernières années », selon la fédération patronale du secteur, la FEP.

Pour les travailleurs, cela s’est traduit par une exploitation accrue car, dans le nettoyage, l’augmentation de la productivité tient essentiellement à un accroissement des charges de travail.

Conditions de travail difficiles et bas salaires

Parmi les 300 000 salariés que comptent les quelque 11 000 entreprises de nettoyage en France, une large part travaillent à temps partiel, le plus souvent imposé : les contrats de moins de quinze heures par semaine ne sont pas exceptionnels... ce qui n’empêche pas les horaires fractionnés (une ou quelques heures tôt le matin, la même chose tard le soir). Selon la Fédération FO de l’Equipement, 80% des salaires sont aux deux coefficients les plus bas de la grille [1]. Aussi, pour s’en sortir, bien des travailleurs cumulent ces emplois à temps partiel chez différents employeurs. D’où des temps de déplacement importants, d’ailleurs sans véritable indemnisation.

Pour maintenir l’exploitation, le patronat joue de toutes les pressions : chantage aux heures complémentaires (souvent réclamées par les travailleurs à temps partiel restreint), chantage sur les dates de congés (rien n’oblige différents patrons d’un salarié multi-employeurs à lui accorder ses congés aux mêmes dates), chantage aux autorisations d’absence (un vrai problème à cause des enfants pour une main d’œuvre féminine à 70%)...

Même dans les entreprises où existent des militants syndicaux, les équipes de travail restreintes, la dispersion des sites et des horaires rendent difficiles l’organisation collective comme l’activité des Délégués du Personnel, ce que souligne la participation très faible aux élections professionnelles.

De leur côté, bien des patrons font la chasse aux syndicalistes à coup d’intimidations, de sanctions abusives... ou par des découpages en structures de moins de 51 (pas de comité d’entreprise) voire 11 salariés (pas de délégués du personnel) afin d’échapper aux obligations de représentativité.

Des syndicats pas toujours très propres

Mais le patronat a aussi d’autres armes : certains syndicalistes entretiennent en effet avec les patrons du nettoyage des relations que d’aucuns n’hésitent pas à qualifier de « mafieuses ».

Côté CGT, ce sont les dirigeants du Syndicat CGT des Agents de Propreté de la Région Parisienne qui sont souvent mis en cause. « Opération mains propres à la CGT nettoyage » titrait un article du Parisien du 22 février 2001. En fait, malgré les protestations répétées de militants contre les méthodes des principaux responsables du syndicat CGT nettoyage, la Fédération Nationale des Ports et Docks comme la confédération CGT se sont jusqu’ici contentées de bonnes résolutions... et de tentatives pour jouer un dirigeant contre l’autre. C’est ce qui explique la constitution récente de collectifs de sections syndicales CGT du nettoyage, à l’initiative des Unions Locales parisiennes des 14e et 17e arrondissements ; de même, des syndicats CGT ont été créés localement sur des chantiers... non sans réaction du syndicat régional, comme le montre une « descente » récente de quelques responsables à l’université d’Orsay (91) pour tenter d’intimider des militants CGT décidés à constituer un syndicat de site dans le nettoyage !

Gérard WEGAN


[1Le salaire minimum correspondant au coefficient le plus bas est actuellement de 43,94F/h pour un SMIC horaire à 42,02F ; il passera le 1er octobre 2001 à 46,97F/h pour un SMIC horaire à 43,72F.

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Réactions à cet article

  • Venant d’un des derniers syndicats typiquement stalinien ce type de pratiques déloyales n’est pas pour me surprendre. Ce syndicat s’est érigé une situation de monopole dans les ports français sous le démagogique cache « sexe » de l’unité syndicale. Attention le nombre de jours de grèves n’est pas de fait une attitude strictement attachéee à la défense des intérêts collectifs des travailleurs portuaires, mais plus un pouvoir lié à une caste.

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