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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 27, mai-juin 2003 > DOSSIER : Industrie de guerre et trafic d’armes à l’heure de la (...)

Le poids des armements dans l’économie mondiale

La part de l’économie mondiale relative aux armements est estimée actuellement à 3 %. Mais le poids réel de l’économie d’armement est bien plus important. Pour diverses raisons. Tout d’abord les trusts qui vivent essentiellement des commandes d’armes des Etats ont aussi d’autres activités civiles, lesquelles s’effondreraient sans le secteur militaire. L’exemple le plus connu est Boeing actuellement dans le rouge pour ce qui concerne l’aviation civile mais à qui les commandes d’armements du gouvernement américain sauvent la mise. Le poids des trusts de l’armement est ainsi bien plus grand que ce que recouvrent leurs seules ventes d’armes. Lockheed Martin vend 18 milliards de dollars d’armes mais a un chiffre d’affaire de 25 milliards, et Boeing vend pour près de 17 milliards de dollars d’armes avec un chiffre d’affaire de 51 milliards. C’est également le cas des trusts européens comme EADS ou le CEA (énergie nucléaire). Ensuite un grand nombre de secteurs ne seraient pas prospères sans l’aide de l’économie des armes : électronique, aviation, bateaux... etc. Enfin, la recherche serait bien moins aidée si les Etats ne subventionnaient pas massivement la recherche militaire.

Le SIPRI (l’institut scandinave d’étude des armements faisant référence) notait ainsi dans son rapport 2002 : « Les forces armées nécessitent un large éventail de matériels et de services de l’industrie. Nombre de produits qui ont été développés dans un but militaire servent à un but civil et inversement comme certains équipements de transport, de communication, services logistiques et toute une série de matériaux comme la nourriture, les vêtements, l’énergie et l’équipement ».

Il faut aussi prendre en compte le manque de transparence qui règne dans le secteur. Le SIPRI écrit ainsi : « Les informations sur les ventes d’armes, même si elles ne sont pas classées « confidentiel défense » ne sont pas du domaine public, ne serait-ce qu’en raison du secret industriel, commercial et militaire et c’est un secret protégé avec l’aide de l’Etat. Les Etats et les compagnies sous-estiment volontairement leurs chiffres pour toutes sortes de raisons dont la principale est de sous-estimer leur part militaire et cacher des ventes qui tomberaient sous le coup des traités de non-prolifération ».

Officiellement la plupart des pays n’ont pas d’industrie biologique et chimique et elle n’entre donc pas dans les statistiques. Une enquête télévisée pour Arte avait montré que sous couvert d’industrie pharmaceutique on trouve nombre de fabrications d’armes en France comme dans tous les pays producteurs. Bien d’autres types d’activité ne sont pas comptabilisés dans les armements mais en dépendent comme certains secteurs de l’informatique, ou encore certains secteurs de l’enseignement et des hôpitaux destinés à l’armée. [1]

Robert PARIS


Dans le tiers-monde

Certains pays du tiers-monde ont des budgets de défense fabuleux en regard de leur population comme les Emirats arabes unis avec 1518 dollars par habitant ou l’Arabie saoudite avec 1225 dollars. Sans atteindre ces chiffres pharaoniques des exportateurs de pétrole, il y a aussi des cas comme l’Indonésie qui consacre 318 dollars d’armements par habitant ou le Chili, 136 dollars, qui témoignent d’abord du poids des militaires dans le pays. Ce poids se mesure à la part du budget mais aussi au développement de trusts militaro-industriels liés aux généraux comme dans toute l’Amérique latine ou en Indonésie. Mais cela mesure aussi, encore plus que dans les pays riches, tout ce qui ne va pas servir au développement, à l’éducation, la santé et au progrès social.

Les achats d’armes rendent ces pays encore plus dépendants des métropoles impérialistes. Par exemple, la vente au Chili de 12 avions de chasse F 16 de la firme américaine Lockheed Martin pour 600 millions de dollars, permettront aux USA de mettre la main sur un important stock de cuivre chilien. Ensuite les pays du tiers-monde doivent payer pour des licences de fabrication à chaque fois qu’ils veulent fabriquer eux-mêmes des armes, ce qui représente des sommes considérables à ajouter aux achats d’armements. Enfin, ces échanges commerciaux d’un type particulier permettent une corruption massive des milieux gouvernementaux du tiers-monde qui sont les premiers clients d’un commerce qui ainsi devient dépendant des guerres et des guerres civiles et a donc quelque intérêt direct à les entretenir.


[1Pour en savoir plus : « La mondialisation armée, le déséquilibre de la terreur » Claude Serfati (Editeur : Textuel) ; L’année stratégique 2003, « Pourquoi les guerres » François Géré (Editeur : Larousse), SIPRI Rapport 2002

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Réactions à cet article

  • je m’aperçois que tout les dirigeants de ce monde privilègie leurs richesses personnelles au profit de l’être humain.Triste constat.

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    • Votre constat est amer mais c’est la triste réalité. Aujourd’hui on sait que la vente d’armes aux pays pauvres ne fait que s’accroître au grand dame de la communauté internationale. En tant que spécialiste de la question ,je peux comprendre ces transactions si seulement cela servait à quelque chose pour les populations de ces pays pauvres. Mais dans le contexte actuel la vente d’armes aux pays pauvres ne contribuent qu’à leur propre destruction. N’est-il pas temps que loin des discours habituels, le monde s’insurge contre cette pratique mesquine qui contribue à enrichir les mesquins et à appauvrir davantage ceux qui n’ont même pas le minimum vital ? Je trouve que votre article est formidable. Concernant le Chili et Boeing, Je pense que c’est un crime que d’accepter de vendre des armes par lesquelles des populations de ces pays sont tuées au nom d’une guerre qui ne fait que l’affaire de ceux qui l’ont déclenchée dans leur propre intérêt tout en aggrandissant des mutinationales qui ne sont que des laboratoires indirectes de malfaisance.Le monde pleure pendant qu’une minorité tire la ficelle et manipule les pauvres gens-qui ne demandent qu’à vivre- comme des marionettes accrochées à des fils invisisbles. ABBAGANA Souleymane Doctorant : Economie des guerres civiles.

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