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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 75, avril-mai 2011 > DOSSIER : Le nucléaire en question

Le nucléaire en question

L’enchaînement des catastrophes au Japon, depuis le 11 mars dernier, a relancé le débat sur le nucléaire. Même si l’accident à la centrale de Fukushima Daiichi n’est qu’un aspect du désastre qui frappe le pays, c’est celui qui, du moins à l’étranger, est le plus discuté.

Hasard du calendrier, cela survient à quelques semaines du 25e anniversaire de l’accident de Tchernobyl – une explosion de réacteur qui reste, en l’état de la situation au Japon, le plus grave accident de l’histoire du nucléaire civil, laissant toujours une région entière inhabitable pour longtemps.

Derrière la question du nucléaire se posent plus largement celles de l’avenir énergétique, des enjeux environnementaux et humains, de l’épuisement à terme des ressources fossiles… Le mouvement révolutionnaire ne peut les éluder au motif que seule une société socialiste, débarrassée des exigences à courte vue du profit privé, sera à même d’y répondre. Car, dans la critique à laquelle les révolutionnaires soumettent les réponses capitalistes d’aujourd’hui, se dessine le projet qu’ils portent pour demain.

Même une société débarrassée du capitalisme, des gaspillages et des productions inutiles voire nuisibles qu’il engendre sera confrontée aux risques d’activités industrielles dangereuses. Et la seule et nécessaire sobriété énergétique ne suffira pas à satisfaire les besoins croissants de l’humanité. C’est donc à elle qu’il appartiendra de choisir démocratiquement, en connaissance de cause, de recourir ou non à des solutions potentiellement périlleuses pour l’Homme et la planète. Le nucléaire serait assurément de celles-là… pour autant qu’il reste nécessaire.

Après l’accident de Tchernobyl, le discours dominant insistait sur les tares d’une technologie nucléaire obsolète, servie par un système soviétique bureaucratique. À l’inverse, « nos » centrales étaient réputées être à toute épreuve et leur exploitation étroitement contrôlée.

L’accident de Fukushima, comme les révélations sur les manquements de Tepco et ses connivences avec les autorités japonaises, apportent un démenti cinglant à ces prétentions, même pour un pays à la pointe de la technique.

En France, le discours officiel se fait aujourd’hui plus prudent : l’éventualité d’un accident nucléaire grave ne peut être entièrement écartée, mais tout serait fait pour l’éviter, nous dit-on. Tout, vraiment ? Les conditions d’exploitation des centrales… et des salariés qui y travaillent, permettent d’en douter !

Aux inquiétudes manifestées, le gouvernement oppose l’indépendance dont bénéficierait, par exemple, l’Autorité de sûreté nucléaire. Mais de quelle indépendance parle-t-on de la part de ces grands commis de l’État ? Un État lui-même inféodé aux intérêts privés dont ceux, particulièrement puissants en France, de l’industrie nucléaire ; habitué aussi aux traditions d’opacité héritées du nucléaire militaire. [1]

17 avril 2011

Gérard WEGAN


[1Sur ces points, voir l’édifiant rapport commandé par Sarkozy à l’ancien président d’EDF – Avenir de la filière française du nucléaire civil, François Roussely, 16 juin 2010 – dont seule une synthèse a été rendue publique.

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