La Poste (Lille) : résistance en brigade de nuit
14 novembre 2022 Article Entreprises

Début septembre la direction nationale de La Poste annonce l’arrivée d’une nouvelle gamme de timbres pour 2023. Supprimer le timbre rouge qui permettait aux lettres d’arriver en un jour, cela signifie que La Poste peut encore supprimer des milliers d’emplois. Après en avoir supprimé 30 000 depuis 2017, elle s’en frotte les mains, car ce sont des profits faciles. Dans les centres de tri du courrier, elle se prépare à diminuer fortement l’activité la nuit… Peu importe les conséquences pour les postiers qui perdent leur taux horaire de nuit – qui représente plus de 250 euros sur la paye.
Dans la brigade de nuit de la PIC (Plateforme industrielle courrier) du Nord, la nouvelle fait vite le tour de la centaine de postiers qui y travaillent. Le dimanche 25 septembre sur la pause de 1 heure 30 du matin, 25 collègues se réunissent en assemblée générale pour discuter collectivement de cette attaque. Une première depuis plusieurs années à la PIC. Les collègues échangent sans retenue, et un mot d’ordre ressort : « la poste nous fait la guerre, il va falloir répondre. » La réorganisation préoccupe tout le monde, mais la question des salaires et des embauches est aussi sur le tapis. Car on ne travaille pas de nuit par plaisir, et c’est surtout pour pallier les petits salaires grâce aux primes qu’on veut y rester… Surtout quand on sait que vingt ans en nuit, c’est sept ans d’espérance de vie en moins.
Les semaines suivantes, deux nouvelles assemblées générales sont organisées qui regroupent encore plusieurs dizaines de collègues. L’ambiance dans le pays s’est réchauffée avec la grève des raffineries et ça se ressent dans les discussions. On réfléchit aux moyens de s’adresser aux brigades de jour, car une chose est sûre : « on ne pourra pas gagner seuls. » Un premier débrayage est voté pour le jeudi 27 octobre afin de s’adresser aux collègues du matin lors de leur prise de service. Le jour J, six collègues débrayent et une quinzaine d’autres viennent après leur service ou sur leur jour de repos pour se rassembler. L’action est remarquée par la brigade du matin qui est accueillie à 6 heures du matin avec un tract.
Cette première action et les AG répétées ont permis à un groupe de postiers en nuit de s’organiser. Il va falloir que chacun agisse et décide dans cette mobilisation ; l’idée commence à faire son chemin et renforce la cohésion des collègues, bien décidés à continuer. Au vu de la colère qui couve partout sur les petits salaires, cette perspective pourrait bien devenir contagieuse et gagner l’ensemble de la PIC.
Correspondant