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Accueil > Les articles du site > Ce qu’ils appellent « les classes moyennes »

En guise de conclusion

Mis en ligne le 4 avril 2021 Article Politique

Dans le Manifeste du Parti communiste, qu’ils écrivirent à la fin de 1847 et au début de 1848, Karl Marx et Friedrich Engels constataient :

Dans les pays où s’épanouit la civilisation moderne, il s’est formé une nouvelle classe de petits bourgeois qui oscille entre le prolétariat et la bourgeoisie ; fraction complémentaire de la société bourgeoise, elle se reconstitue sans cesse ; mais, par suite de la concurrence, les individus qui la composent se trouvent sans cesse précipités dans le prolétariat, et, qui plus est, avec le développement progressif de la grande industrie, ils voient approcher l’heure où ils disparaîtront totalement en tant que fraction autonome de la société moderne et seront remplacés dans le commerce, la manufacture et l’agriculture par des contremaîtres et des employés.

Si l’évolution qu’ils décrivaient s’est confirmée dans ses grandes lignes, cette petite bourgeoisie n’a pas pour autant disparu totalement de la société moderne. Elle s’est beaucoup affaiblie, a perdu une bonne partie de la pseudo-indépendance dont elle prétendait jouir, n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut jadis, mais est, malgré tout, toujours là. Elle continue d’exister, même si une bonne partie d’elle-même ressemble plus à des prolétaires qui ne disent pas leur nom qu’à des « entrepreneurs », mot passé dans le vocabulaire courant et moins connoté « lutte de classe » que le terme « patrons ».

Comme le constatait déjà Léon Trotsky en 1932 [1] : « Dans sa masse, la petite bourgeoisie est une classe exploitée et humiliée. » Cela est toujours vrai. Et de poursuivre :

Faut-il conclure […] que la petite bourgeoisie est condamnée à rester jusqu’à la fin de ses jours un instrument entre les mains du capital ? S’il en était ainsi, la dictature du prolétariat serait impossible dans une série de pays où la petite bourgeoisie constitue la majorité de la nation, et rendue extrêmement difficile dans d’autres pays où la petite bourgeoisie constitue une minorité respectable. Heureusement, il n’en est pas ainsi. L’expérience de la Commune de Paris, au moins dans les limites d’une ville, puis l’expérience de la Révolution d’Octobre, à une échelle infiniment plus grande dans le temps et dans l’espace, ont prouvé que l’alliance de la petite et de la grande bourgeoisie n’est pas éternelle.

À ces exemples de la Commune de 1871 et de la Révolution russe de 1917, on pourrait ajouter ceux des révolutions en France et en Allemagne du printemps 1848, mais aussi celui de la Révolution espagnole de 1936 où artisans et petits paysans se rangèrent en masse dans le camp des travailleurs.

En période de crise, l’alignement de la petite bourgeoisie derrière la grande bourgeoisie – via des mouvements pseudo-contestataires de type fasciste, nazi, phalangiste ou populiste – n’est donc en rien inéluctable. Car, concluait Trotsky :

Dans les conditions du capitalisme pourrissant, dans une situation économique sans issue, la petite bourgeoisie aspire, tente et essaie de s’arracher à la tutelle des anciens maîtres et dirigeants de la société. Elle est tout à fait susceptible de lier son sort à celui du prolétariat. Pour cela, une seule chose est nécessaire : il faut que la petite bourgeoisie soit persuadée de la capacité du prolétariat à engager la société sur une voie nouvelle. Le prolétariat ne peut lui inspirer une telle confiance que par sa force, son assurance dans l’action, une offensive hardie contre l’ennemi et le succès de sa politique révolutionnaire.

Tout est dit…

J. L.


[1Léon Trotsky, La seule Voie, octobre 1932.

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