Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Les articles du site

Grève des salariés de Laser à l’ARS de Marseille

Des petites mains de plus en plus visibles

Mardi 17 mai, les sept salariés de la société de nettoyage Laser employés au siège de l’Agence régionale de santé Provence-Alpes-Côte d’Azur, entament leur septième semaine de grève contre la tentative de mutation par leur nouvelle direction d’une agente de nettoyage et du chef d’équipe, jugé trop proche des salariés. La direction du sous-traitant souhaitait faire partir une femme de ménage, répartir son travail entre celles et ceux qui restaient, sans augmenter leur nombre d’heures. Elle prétextait une diminution des tâches à effectuer, mais le travail n’a en réalité pas changé : nettoyer les huit toilettes par étage, les espaces collectifs, la quarantaine de bureaux… en deux heures trente ou trois heures selon les agents [1].

Une grève au rythme des piquets…

Tous les jours depuis sept semaines, les grévistes se retrouvent à 16 heures devant l’ARS. La mécanique est maintenant bien rodée : ils installent drapeaux, banderoles, tables pour les tracts et la pétition, mais aussi des chaises pour occuper l’espace jusqu’à 18 heures. Pour les grévistes, c’est l’occasion de se rendre visible auprès de l’ARS et surtout de ses salariés. Les marques de solidarité, les petits mots de sympathie et les encouragements sont toujours nombreux, de la part de « collègues » que l’on côtoie parfois depuis plus de quinze ans. « Alors quelles sont les nouvelles ? », « Vous tenez le coup ? », « Vous nous manquez »… Et tout le monde de mesurer à quel point les locaux se détériorent quand les agents du nettoyage ne travaillent pas ! Il y a quelque temps, un incendie s’est déclenché au 7e étage, car les cendriers ne sont plus vidés. La tisanerie (où mangeaient les salariés de l’ARS) a dû être fermée…

Mais le piquet est aussi bien sûr l’occasion de se retrouver entre grévistes et avec les militants de la CNT-Solidarité ouvrière qui suivent la grève au jour le jour, pour faire le point et discuter de la suite. D’autres soutiens viennent aussi régulièrement, et à chaque nouvelle tête qui passe sur le piquet, les grévistes racontent leur bagarre. On discute aussi du quotidien, du coût de la vie, des vacances, de la hausse des prix des voyages pour aller voir la famille en Algérie ou aux Comores, de la pénurie d’huile et de farine…

… des attaques de Laser…

De Laser, pas d’autres nouvelles que des convocations à des entretiens disciplinaires pouvant aller jusqu’au licenciement. Six des sept grévistes ont déjà eu leur rendez-vous. La direction cherche à impressionner, à faire peur, à diviser peut-être, mais les dossiers sont bien vides ! Elle reproche des refus de mutation à deux salariés grévistes, à d’autres principalement des faits qui se sont passés à des moments où les salariés n’étaient pas présents… Malgré les pressions, la détermination des grévistes reste intacte, même si tout le monde comprend que la grève va durer. Face au mutisme de Laser, c’est au donneur d’ordre, l’ARS, de se positionner pour trouver une solution pour sortir du conflit. En cela, la pression que mettent les syndicats et des salariés de l’ARS est fondamentale.

… et de la caisse de grève

Pour tenir dans la durée, la question de la caisse de grève devient centrale pour les grévistes. Heureusement, les soutiens sont nombreux : beaucoup de salariés de l’ARS ont versé à la caisse de grève (et plusieurs fois !), les soutiens qui passent sur le piquet régulièrement aussi, et la CNT-SO la fait beaucoup circuler parmi ses contacts.

Mais les grévistes savent qu’il va falloir aller encore plus loin. Le premier mai, ils ont participé à la manifestation en cortège, avec leur propre banderole et des caisses pour recueillir du soutien. C’était une première manifestation pour la plupart d’entre eux, et ils ont apprécié l’accueil qui leur a été fait.

Plusieurs rassemblements publics ont été appelés devant l’ARS, avec chaque fois entre 30 et 50 personnes rejoignant les grévistes. Des rassemblements conviviaux, avec thés et petits gâteaux, et la chorale marseillaise de chants de lutte, venue à deux reprises.

Pour alimenter la solidarité, des sacs en tissus avec un dessin représentant les grévistes ont été imprimés. Ils sont vendus sur le piquet, mais des grévistes sont aussi allés faire un tour « à leur étage » pour le proposer directement. Les sacs ont été déposés dans plusieurs lieux culturels de Marseille (librairies, bars…), et les grévistes se posent même la question d’aller les vendre sur le marché le week-end. Une autre façon de s’approprier sa grève.

Au gré des rencontres, les sollicitations se multiplient : les grévistes ont été invités sur des piquets de grève (à La Poste notamment), dans des cadres militants (fête du premier anniversaire de l’Après-M, le McDo d’un quartier populaire occupé puis récupéré par ses salariés pour en faire un lieu associatif, soirée de soutien aux grévistes), dans les médias… De quoi verser les salaires de mars et avril, et remplir la caisse pour ceux de mai. En espérant avoir gain de cause le plus rapidement possible tout de même !

Correspondants

Mots-clés :

Imprimer Imprimer cet article