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Catalogne : De la répression contre un référendum à la colère sociale ?

À coups de matraques et de balles en caoutchouc, la répression s’est abattue sur le référendum indépendantiste organisé ce dimanche 1er octobre en Catalogne. 844 blessés, dont deux graves. Le gouvernement espagnol a déployé 10 000 policiers et gardes civils dans la région pour fermer des bureaux de vote et saisir le matériel électoral. C’est la réponse que le gouvernement du premier ministre Mariano Rajoy s’est félicité d’avoir opposé à de simples bulletins de vote.

Voter, ce serait aller « contre la démocratie » ?

« Force de la loi », « respect de la Constitution », et désormais les coups de matraque, voilà les arguments du chef du gouvernement espagnol contre l’envie d’une partie de la population catalane de se prononcer en faveur de l’indépendance. On voit quel genre de légalité Rajoy, englué dans des affaires de corruption, entend faire respecter. Et les manifestations organisées à Madrid ce week-end pour l’unité espagnole, avec la bienveillance du pouvoir, avaient un vieux parfum de dictature franquiste.

Pas étonnant que face à cette répression commandée par le pouvoir de Madrid, une bonne partie de la population ait brandi d’autant plus rageusement le drapeau catalan. Et que quelque 40 % des Catalans soient allés voter pour l’indépendance, bravant l’interdiction. C’est le résultat direct de la politique du gouvernement de Madrid.

Puigdemont, pas plus démocrate que Rajoy…

Les gouvernants régionaux de Catalogne, chantres de l’indépendance, qui se sont placés à la tête de la colère catalane, laissent bien à désirer aussi, question démocratie. Ils ne sont pas moins répressifs que le gouvernement de Madrid. Ils l’ont montré lors de la grève générale du 14 novembre 2012 contre les mesures d’austérité, où la police catalane, aux ordres d’un gouvernement régional nationaliste qui avait durement réprimé la manifestation de Barcelone, faisait perdre un œil, d’un tir de balle de caoutchouc, à une manifestante.

… et tout aussi anti-ouvrier

Ce gouvernement régional porte sa part de responsabilité face à l’augmentation de la misère et du chômage. Il faut bien comprendre que les coups de matraque de Rajoy ne font pas du chef du gouvernement de Catalogne, Carles Puigdemont, autre chose que le petit Macron qu’il est, contre les travailleurs et les jeunes de Catalogne. Une région des plus riches d’Espagne, certes ; dont les riches disent qu’ils ne voudraient pas payer pour les pauvres des autres régions… mais qui déjà et surtout ne veulent pas payer pour les pauvres de Catalogne : 13 % de chômeurs, des coupes dans les budgets sociaux, un grave problème de logement… Puigdemont expliquant juste que la misère des couches populaires de la région serait la faute du seul gouvernement central de Madrid. Et d’agiter, en guise de seul programme, le drapeau catalan… ce qui ne donne ni du travail ni du pain !

La rue n’avait d’ailleurs pas manqué de le dénoncer, en 2011, avec le mouvement des Indignés. À l’époque, les politiciens aux manettes se sont empressés de détourner l’attention en faisant tout pour transformer la colère sociale en un soutien exclusif à leur conception de l’indépendance. Si Puigdemont accuse aujourd’hui Madrid, c’est pour mieux se dédouaner.

Ce mardi, la population de Catalogne est appelée par les syndicats catalans, mais aussi par les soutiens du gouvernement régional, à une journée de grève générale. Les travailleurs révolutionnaires que nous sommes ne pouvons qu’espérer que Rajoy récolte au centuple la monnaie de sa pièce et que la colère contre sa manière forte déferle dans les rues. Que même Puigdemont en prenne peur !

Mais si les classes populaires de Catalogne veulent défendre leurs intérêts jusqu’au bout, elles pourraient et devraient mettre aussi sur leurs banderoles leurs propres revendications démocratiques, pas seulement leur droit de vote par un référendum voulu (ou rejeté) d’en haut, mais leur droit de vivre d’un travail et d’un salaire décent. Comme tous les travailleurs et les jeunes de toutes les régions d’Espagne. En réalité, leur force serait bien davantage dans cette alliance, qui pourrait et devrait s’élargir à tous les travailleurs d’Europe. Car elle ne se résumerait pas à l’agitation d’un petit drapeau catalan qui isole, ou les laisse dans un face à face triste avec leurs patrons catalans !

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