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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 54, novembre-décembre 2007

Belgique : Les méfaits du communautarisme : suite mais pas fin !

21 novembre 2007 Convergences Monde

La partie de bras de fer continue entre les différents négociateurs qui discutent depuis le 10 juin pour former un nouveau gouvernement en Belgique. Jamais, dans l’histoire de la Belgique, il n’avait fallu autant de temps pour ce faire !

Un bras de fer entre les négociateurs ? Oui, mais pas sur tous les sujets car les négociateurs de « l’orange bleue » (c’est la couleur de ce qui devrait être le futur gouvernement : orange pour les partis chrétiens et bleu pour les libéraux) se sont mis tout de même d’accord sur un certain nombre de sujets. Par rapport aux thèmes de l’immigration, de la justice ou de l’emploi, ils ont réussi à s’entendre sur ce que pourrait être la politique de leur gouvernement. Pas difficile, certes, pour des partis réactionnaires de tomber ainsi d’accord pour durcir les conditions de l’immigration ou pénaliser encore plus les jeunes délinquants ! Bien sûr, chaque parti, c’est de bonne guerre, annonce que ce sont ses propositions qui ont triomphé dans ces négociations. Ce qui prouve au moins qu’ils avaient bien les mêmes.

L’affaire des partis…

Sur le terrain communautaire, par contre les choses n’ont guère évolué. À l’heure où nous écrivons, la scission de l’arrondissement de Bruxelles Hal Vilvorde n’est pas encore réalisée même si elle a été votée par les membres flamands (sauf par « les Groen », les Verts qui se sont abstenus) de la commission de l’Intérieur de la Chambre des députés. Les élus francophones, ensemble, toutes tendances confondues, ont quitté la séance avant le vote.

Cette scission est un des enjeux des discussions communautaires. Cet arrondissement administratif de Bruxelles Hal Vilvorde chevauche, en effet, la région de Bruxelles capitale (bilingue) et la région flamande (unilingue - 35 communes autour de la capitale où résident 150 000 francophones). D’où les problèmes linguistiques, les revendications et… les polémiques ! Cet arrondissement, tel qu’il existe actuellement, permet aux francophones de voter pour des candidats francophones bruxellois aux élections législatives et européennes. Cet arrondissement permet aussi aux francophones de voir leurs dossiers judiciaires traités en français. La région flamande veut mettre fin à ces droits particuliers aux francophones.

Autre sujet de discorde : les « communes à facilité » proches de Bruxelles. Ce sont six communes où vivent plus de 30 % de francophones qui bénéficient de facilités linguistiques en matière scolaire et dans leurs relations avec l’administration communale. Dans quatre de ces « communes à facilité », le bourgmestre (le maire) n’a toujours pas été nommé par la tutelle flamande depuis les élections communales de 2006. Il est reproché à ces bourgmestres d’avoir envoyé les convocations électorales en français aux électeurs francophones alors que des circulaires l’interdisaient. Dans ces communes, il est interdit aux bourgmestres et aux échevins (conseillers municipaux) de s’exprimer en français aux réunions du conseil communal.

Ces situations absurdes sont le résultat des différentes lois et circulaires qui ont été passées depuis 1932. Elles sont aussi le résultat d’années de démagogie des politiciens de droite comme de gauche qui ont fait de la question linguistique un fonds de commerce électoral. Rappelons que tous les partis sont eux-mêmes, depuis des années, scindés en deux : d’un côté le parti francophone, de l’autre le parti néerlandophone !

… plus que des citoyens…

Contre cette démagogie communautariste, on a vu apparaître, depuis quelques semaines, des drapeaux belges aux fenêtres des immeubles. 30 000 drapeaux belges auraient même été vendus en 6 semaines ; pour donner un ordre d’idée, pour la mort du Roi Baudoin, 50 000 avaient été vendus dans le même laps de temps. À ces drapeaux, s’ajoutent ceux confectionnés artisanalement… ou distribués dans les boîtes aux lettres à Bruxelles (20 000).

Ces drapeaux fleurissent surtout dans certains quartiers « petits bourgeois » où on en voit plusieurs flotter sur un seul immeuble donnant ainsi un air de fête nationale (dans les autres quartiers, les quartiers plus populaires et immigrés, ce sont plutôt des drapeaux turcs qui pendent aux fenêtres suite aux incidents entre l’armée turque et le PKK en Turquie et l’organisation d’une manifestation samedi dernier à Bruxelles contre le « terrorisme du PKK »).

Une manifestation pour « l’unité du pays » a eu lieu. Elle n’a rassemblé qu’une centaine de personnes à Bruxelles. Cette manifestation était appelée uniquement par quelques affiches ce qui expliquerait son peu de succès. Aucun des grands partis politiques, par contre, pour le moment, n’a appelé les gens à se rassembler ou à manifester pour « l’unité du pays ». Au même moment où se déroulait cette petite manifestation, 350 extrémistes de droite flamands se réunissaient en périphérie bruxelloise aux cris de « Belgique crève » et « dehors les rats francophones ».

…et encore moins des travailleurs

Du côté syndical, une pétition circule pour « sauver la solidarité » et s’opposer à la scission de la Sécurité sociale qui, en Belgique, recouvre bien plus de domaines qu’en France : les « pensions », le chômage, les vacances, les accidents de travail, les soins de santé, etc… Dans les milieux syndicaux, il se dit que si 100 000 personnes signent cette pétition, les syndicats organiseraient un rassemblement sur la « Grand place » de Bruxelles. Il y aurait 70 000 signatures actuellement tandis qu’une autre pétition pour « l’unité de la Belgique », initiée par des personnes qui disent être « au dessus des partis » en aurait recueilli 125 000 et prévoierait une manifestation le 18 novembre.

À gauche toujours, mais au niveau politique, le PS, qui ne participe pas à la négociation sur un futur gouvernement, agite aussi une démagogie antiflamande et se range dans le front des francophones ! Ainsi, une ministre et par ailleurs dirigeante du PS n’a pas hésité à dire à un congrès du PS qu’il fallait s’en prendre « à la mérule flamande ». La mérule est un champignon dont on se débarrase difficilement et qui s’en prend aux charpentes des maisons…

Les bavardages et criailleries sur le sujet permettent au PS, comme aux autres partis politiques, de faire passer au second plan le problème des salaires qui sont bloqués pour beaucoup de travailleurs depuis des années… alors que la hausse des prix est une des préoccupations importantes des travailleurs en ce moment. Ainsi « Test Achat », une organisation de consommateurs, estime qu’avec toutes les hausses prévues : pain, électricité, mazout, produits laitiers etc… un ménage « moyen » devrait dépenser 417 euros de plus en 2008 ! Mettre en avant les questions brûlantes pour les travailleurs, qui sont forcément les mêmes pour ceux de Flandre comme de Wallonie, serait pourtant une manière de montrer que les querelles communautaires ne sont pas de leur intérêt qui est au contraire de rester unis contre leurs exploiteurs flamands, wallons ou autres.

Rassurez vous quand même, ce ne sont pas ces préoccupations là qui ont amené Johnny Halliday à renoncer si rapidement à sa demande de nationalité belge ! Il a eu tort de renoncer, d’ailleurs : le prochain gouvernement en Belgique, que ce soit en matière sociale ou en matière communautaire sera aussi réactionnaire que le gouvernement français sous le règne de Sarkozy ! À moins que les travailleurs belges….

15 novembre 2007

Paul GALLER

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