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Avec les révoltés de Ferguson

Ferguson, aux Etats-Unis dans le Missouri, 9 août 2014 : Michael Brown, un adolescent de 19 ans, est abattu par un policier. Il a été touché par six balles. Le jeune n’était pas armé. Sa mort avait soulevé l’indignation cet été et les manifestations s’étaient succédé. Avec l’abandon des poursuites contre le meurtrier, des milliers d’Américains, à Ferguson mais dans d’autres villes du pays, sont descendus à nouveau dans la rue la semaine dernière. Comment admettre qu’un jeune, désarmé, puisse se faire tuer – ce qui est à l’évidence un crime raciste – et que son assassin soit absout par la justice, sous prétexte de légitime défense ?

L’affaire Michael Brown n’a rien d’une affaire isolée. A Cleveland, ce 22 novembre, Tamir Rice, un enfant noir de 12 ans qui jouait avec une arme factice dans un parc public a été tué par la police. A Brooklyn, un policier a mortellement tiré sur Akai Gurley, un jeune père de famille, dans une cage d’escalier. Il y aurait chaque année plus de 400 personnes tuées par la police aux Etats-Unis, dont de nombreux Noirs.

Certes, le pays a aujourd’hui, avec Obama, un président noir. Mais la discrimination raciale est toujours là, bien présente dans la vie de tous les jours. 27 % des Afro-américains vivent sous le seuil de pauvreté (contre 15 % pour l’ensemble de la population). Ils connaissent deux fois plus le chômage que l’ensemble de la population. Beaucoup de Noirs vivent dans des quartiers délaissés, séparés des quartiers blancs, avec bien moins de moyens pour l’enseignement et autres services publics. Et dans beaucoup de villes, comme à Ferguson, la police, majoritairement blanche, s’en prend à la population noire pauvre. Cela va du harcèlement quotidien aux violences mortelles.

Un jeune Noir américain a plus de « chance » de connaître la prison que l’université

A quoi s’ajoute un acharnement judiciaire contre les Noirs qui constituent 40 % des plus de 2 millions des détenus dans les prisons américaines, dont beaucoup ont écopé de lourdes peines pour des délits mineurs. Au point qu’un jeune Noir a aujourd’hui plus de chances de connaître la prison que l’université.

Mais Ferguson n’est pas qu’une affaire américaine.

A Londres, 500 personnes se sont rassemblées devant l’ambassade américaine et ont crié « policiers assassins, hors de nos rues », en solidarité avec les manifestants américains, mais aussi en référence aux exactions de la police britannique.

En France aussi, le racisme, y compris un certain racisme d’État est toujours présent, dirigé surtout contre les populations d’origine étrangère. Elles subissent discriminations à l’embauche et sont souvent reléguées dans les banlieues les plus défavorisées, dans les métiers les plus mal payés. Elles sont parmi les premières victimes du chômage et de la précarité.

Ici, aussi, il y a un harcèlement policier, à commencer par les contrôles d’identité au faciès. D’après un sondage de 2014, ils seraient deux fois plus fréquents pour les personnes d’origine maghrébine que pour l’ensemble de la population, et l’écart est encore pire pour les jeunes. Belle et bien oubliée, la promesse électorale de Hollande d’y mettre un terme !

Enfin, de ce côté de l’Atlantique aussi il y a eu des cas d’interventions policières aux conséquences dramatiques, comme en 2005 à Clichy- sous-Bois, avec la mort de deux jeunes.

La réaction contre les crimes policiers aux Etats-Unis est parfaitement légitime. Elle nous concerne aussi. Car lorsque l’État américain laisse la police manier du flingue contre les populations pauvres des Etats-Unis, c’est pour défendre la domination d’un ordre social profondément inégalitaire qui, partout dans le monde, craint de voir les opprimés se révolter, quelle que soit la couleur de leur peau.

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