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Accueil > Éditos de bulletins > 2014 > décembre > 8

À faire la roue devant les patrons, Lepaon y perd des plumes

Après le coût de la rénovation de son appartement (105 000 €, plus 45 000 € de mobilier) et de son bureau à Montreuil (62 000 €), Thierry Lepaon aurait donc touché 31 000 € d’indemnités de l’Union régionale CGT de Basse-Normandie, qu’il a quittée pour devenir le leader national de la CGT en mars 2013.

Pour la majorité des salariés, des chômeurs ou des retraités aux prises avec des fins de mois difficiles, ces révélations ont de quoi choquer. Pour de nombreux syndiqués et militants CGT qui voient leur salaire et leur carrière bloqués à cause de leur engagement syndical, voire subissent la répression, il y a de quoi se sentir floué.

Les fausses indignations politiciennes

Mais quand un Manuel Valls en profite pour réclamer « l’exemplarité à tous les niveaux », il ferait mieux de balayer devant sa porte. Le chef du gouvernement « pro-business » déclare être propriétaire d’un modeste F2 à Paris, mais son appartement ferait plus de 200 m2 et vaudrait dans les 2 millions d’euros. Des scandales financiers il en a connu d’autres, et d’une tout autre ampleur, avec les amis qu’il avait choisis comme ministres. Comme en ont connu avant lui les gouvernements de droite.

Thierry Lepaon est même battu à plate couture par une Marine Le Pen, pourfendeuse des élites mais qui dispose d’une villa à Saint-Cloud (magnifique domaine de 5 000 m2), d’une maison près de Perpignan, de la maison familiale de La Trinité-sur-Mer et de l’appartement qu’elle loue à Hénin-Beaumont.

À force de singer les gens qu’il fréquente

A côté d’eux, Thierry Lepaon est décidément un petit joueur. Et bien plus petit encore à côté des commanditaires de tous ces gens-là : les grands patrons. Les petits privilèges d’un bureaucrate ne valent rien au regard des 16,6 millions annuels d’euros d’Arnaud Lagardère, des 9,7 millions d’euros de Carlos Ghosn, et même de la « modeste » paye d’un Pierre Gattaz (420 000 euros en 2013) chef du syndicat patronal, le Medef.

Et tous ceux-là ont bien profité d’avoir à la tête de la CGT, comme des autres centrales syndicales, des « syndicalistes de dialogue », passant leur vie avec eux autour des tables de négociations, et prêts à signer des compromis sur le dos des travailleurs.

L’ancien ouvrier de Moulinex n’a fait que singer ceux qu’il côtoie dans ces sommets sociaux et a fini par être plus préoccupé de ses cravates et du design de son bureau que de la lutte de classe.

Une campagne peut en cacher une autre

Partira, partira pas ? L’avenir de Lepaon à la tête de la CGT est encore en suspens. Mais, pour bon nombre de militants CGT de base, il est désormais clair qu’il ne les représente pas. Pire, que ses petites affaires sont un coup d’épée dans leur dos.

Car, pour tous les ennemis des travailleurs, c’est l’occasion de mener une campagne médiatique contre les syndicats. Une campagne qui sert les intérêts du patronat, à l’heure où celui-ci réclame de « libérer les entreprises », de déréglementer le droit du travail, d’en finir avec les 35 heures, de banaliser le travail le dimanche et… de réduire les droits syndicaux dans les entreprises.

La pire des démissions

« Il n’existe à la CGT aucune opposition de principe face au patronat », avait déclaré Thierry Lepaon à la presse en février 2013. Mais le patronat en réclame bien plus. Tendez-lui la main, il vous mangera le bras…

Alors, que Lepaon démissionne ou pas, qu’il soit débarqué ou pas n’est qu’une question annexe. L’essentiel est de savoir si la direction de la CGT continuera, avec ou sans lui, à démissionner face au combat à mener contre le patronat. L’essentiel est d’en finir avec la politique des hautes sphères syndicales de « dialogue social » et d’accompagnement de tous les reculs sociaux qu’on nous impose aujourd’hui.

L’essentiel est de redonner vie à la lutte. Ce que nous ne pourrons qu’impulser nous-mêmes, militants de base des syndicats ou travailleurs non syndiqués en colère face à l’offensive menée contre nous par le patronat et le gouvernement.

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