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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 97 : janvier-février 2015

Ça gronde chez les urgentistes

Mis en ligne le 28 janvier 2015 Convergences Société

Le 22 décembre, l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf) et la CGT appelaient les médecins urgentistes à la grève. Il était temps : depuis de nombreuses années les urgentistes des hôpitaux et du Samu subissent une charge de travail ahurissante. Cette grève « illimitée » n’aura cependant duré qu’une journée, après la conclusion d’un accord, « historique » selon les syndicats, avec la ministre Marisol Touraine.

Dépassements d’horaires

Dans les faits, le manque de médecins et de personnel amène les urgentistes à dépasser les 39 heures par semaine pour travailler jusqu’à 60 heures ! Cette surcharge n’est pas toujours payée en heures supplémentaires (la situation étant très variable d’un endroit à un autre). Amuf et CGT ont donc réclamé un plafonnement à 48 heures, avec une rémunération en heures supplémentaires au-delà de 39 heures. Des revendications « raisonnables » en somme : faire reconnaître les heures supplémentaires en tant que telles, et ramener le temps de travail au maximum de 48 heures fixé par la législation européenne depuis 1993 ! Ils ont aussi demandé une harmonisation de l’indemnisation des gardes, pour lesquelles les médecins universitaires et libéraux sont mieux rémunérés.

Évidemment, les problèmes des médecins urgentistes ne sont pas bien différents de ceux des autres personnels des urgences dont les salaires sont beaucoup plus bas, et bloqués depuis 2010 comme dans toute la fonction publique. Aides-soignantes, infirmières et agents de service hospitalier sont eux aussi exposés au sous-effectif et au manque de moyens. Les patients qui attendent souvent plus de six heures pour être pris en charge en savent quelque chose. Mais l’Amuf et la CGT santé se sont bien gardées d’appeler à une mobilisation commune : la grève des médecins urgentistes est venue rejoindre la liste des nombreuses grèves « par métier » qu’ont connues récemment les hôpitaux (sages-femmes, praticiens hospitaliers).

De rapides négociations... sans rapport de forces

Si la grève semble avoir été bien suivie, elle a peu perturbé les services, car les grévistes peuvent être assignés pour assurer la continuité des services et ne se signalent alors que par un brassard ou un badge « en grève ». Pas de quoi établir un rapport de forces conséquent. Mais c’était une épine de plus dans le pied du gouvernement, s’ajoutant à la grève des médecins de ville (fixée au lendemain de celle des urgentistes) et aux menaces de ‘grève’ (ou plutôt de fermeture !) des cliniques privées. Marisol Touraine s’est donc empressée de négocier sur la base des exigences très modérées des urgentistes, dont la surcharge de travail n’est que trop connue. Et d’annoncer elle-même la fin du conflit aux médias – ce qui a un peu crispé les syndicats qui n’ont pas eu le temps de prévenir leurs troupes… « Ce n’est pas à la ministre de dire si une grève est levée, mais aux gens qui sont en grève » a déclaré le porte-parole de l’Amuf. Finalement, ce sont les directions syndicales qui l’ont décidé, au terme d’une seule journée de grève.

Encore beaucoup à gagner

La ministre a cédé sur la question du temps de travail : un maximum de 48 heures réparties en 39 heures de travail auprès des patients et 9 heures de travail administratif rémunéré en heures supplémentaires. Pour la revalorisation des heures de garde, les urgentistes attendront : « nous sommes conscients des contraintes budgétaires », estime Patrick Pelloux, le président de l’Amuf. Comme si ces « contraintes » n’étaient pas le fruit de choix politiques.

Reste à voir si, et dans quelle mesure ces promesses seront appliquées. Les urgentistes seront mieux payés, mais ne pourront travailler moins que s’ils résistent à la pression, d’autant plus forte dans ces métiers où l’on travaille sur « de l’humain ». Car où trouvera-t-on des médecins pour que les urgences continuent de fonctionner ? Dans d’autres services, déjà surchargés ? Il faudra bien une politique d’embauche, mais aussi de formation : le nombre d’étudiants admis en 2e année d’études de médecine (numerus clausus) est limité depuis presque quarante ans pour raisons d’économies. Et la surcharge de travail des autres catégories de personnel, conséquence des mêmes politiques que subissent les urgentistes, continuera de rendre nécessaire un combat commun.

19 janvier 2015, Aldino BATTAGLIA

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Numéro 97 : janvier-février 2015

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