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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 94, juin-juillet-août 2014

Poste, Hauts-de-Seine : Les facteurs ne désarment pas

Mis en ligne le 14 juin 2014 Convergences Entreprises

Dans le précédent numéro de Convergences révolutionnaires, nous avions relaté les 74 jours de grève des facteurs de quatre bureaux, sur cinq villes des Hauts-de-Seine (92). Au moment où nous écrivons, les grévistes de Rueil, la Garenne-Colombes/Bois-Colombes, Gennevilliers et Courbevoie vont entamer leur 125e jour de conflit. Une très longue grève, oui…

Au-delà de la détermination des facteurs, la durée exceptionnelle de ce conflit s’explique en grande partie par la volonté de La Poste de briser les secteurs en lutte. Les grèves de Marseille (4e arrondissement), Paris 10e et Nantes, qui récemment se sont malheureusement terminées par de gros reculs des conditions de travail, en sont quelques illustrations.

Mais l’agressivité patronale n’explique pas tout. La Poste est un groupe complètement dirigé par l’État et par Montebourg, le ministre du « licencions français ». C’est avec le blanc-seing du PS que La Poste s’acharne aujourd’hui sur les grévistes du 92, sous prétexte de moderniser et d’optimiser l’entreprise. Ainsi que le disait élégamment un des pontes du PS aux grévistes, quand ceux-ci ont envahi le siège du parti, rue de Solferino (où ils ont été reçus en « audience » moult fois) : « Vous êtes de la merde ! »

Pacte de responsabilité : une leçon de choses

Les grévistes réclament l’embauche des contrats « aidés » et l’arrêt des suppressions d’emplois, alors que La Poste a touché 293 millions de Crédit d’impôt compétitivité-emploi en 2013. C’est sans vergogne et avec le soutien du gouvernement que la direction progresse vers l’objectif des « moins 50 000 postes » à l’horizon 2020. La dénonciation, par le petit groupe des postiers grévistes, de la véritable nature du nouveau « Pacte de responsabilité » de Hollande pousse évidemment ses zélateurs à montrer les dents.

La Poste et l’État : haro sur les grévistes

Le jour de l’ouverture des négociations, le 64e jour de grève exactement, les procédures disciplinaires ont commencé à tomber. Depuis, cinq licenciements pour « faute lourde » (quatre dans le 92 et un sur Paris) ont été demandés par la direction, un camarade de Paris a été exclu 3 mois, et trois autres sont en attente de conseil de discipline. Pour les patrons, l’expression des grévistes en direction des non-grévistes est en soi « une violence » justifiant les sanctions. De leur côté, les flics et leurs commanditaires ont fait très fort : quatre grévistes ont été retenus en garde-à-vue pour avoir prétendument blessé des vigiles privés au siège du groupe. Une blague si on connaît la véritable histoire des visites chez les pontes, qui se sont souvent soldées par des coups ou jets de gaz contre les facteurs.

Mais la pression répressive, aussi forte qu’elle soit, n’a pas eu l’effet escompté. Plutôt l’effet contraire, d’autant que la grève garde des perspectives.

Ni l’élan ni la conviction ne sont brisés

Si la fatigue est évidemment présente et si quelques grévistes ont repris le travail, la grève est encore majoritaire à Rueil et Gennevilliers, et se maintient à 25 % et 35 % des effectifs sur les autres bureaux (rappelons qu’il s’agit de petits bureaux qui n’ont jamais totalisé qu’une petite centaine de grévistes). Il reste peu de points à régler, à l’exception notable des sanctions, pour arriver à un compromis acceptable. Mais surtout, des liens ont été créés avec des grévistes de Paris 15e et d’Épinay-sur-Orge – qui viennent eux aussi d’entrer en lutte contre des réorganisations. Des visites sur les différents piquets ont été organisées et des actions communes commencent à avoir lieu. En dépit d’obstacles syndicaux, les nouveaux développements montrent qu’une convergence des luttes est la nécessité de l’heure. La Poste est en restructuration permanente ! Quoi qu’il en soit, il n’y aura pas de raccourci, c’est le seul chemin qui offrira la victoire aux travailleurs, dans le 92 comme ailleurs : à La Poste, où l’éclatement des services et secteurs est un obstacle incontournable, comme là où le problème est moins criant mais tout aussi réel.

30 mai 2014, Erwan PIAM

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Numéro 94, juin-juillet-août 2014

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