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Séisme meurtrier au Maroc : notre solidarité et notre colère, la fausse pitié en haut lieu

11 septembre 2023 Éditorial du NPA Monde

Dans la nuit de vendredi à samedi, un tremblement de terre d’une magnitude inédite depuis soixante ans a frappé le Maroc. Le bilan humain de la catastrophe est déjà de plus de 2120 morts dans tout le pays et dépasse les 2100 blessés. Mais lors de ce genre de tragédie, de tels chiffres annoncent un bilan final bien plus lourd. Et les destructions matérielles, les glissements de terrain dans les zones montagneuses de l’Atlas, les axes coupés, les infrastructures endommagées, tout cela va aggraver les conditions de survie de dizaines de milliers de familles marocaines. Face à cette immense tragédie, nous sommes nombreux et nombreuses à penser à nos amis, à nos proches ou à nos collègues qui sont directement ou indirectement frappés.

Les trémolos des hypocrites

Mais certaines expressions de solidarité sonnent plus mal que d’autres. Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a exprimé sa « solidarité » avec « nos compatriotes d’origine marocaine ». Le raciste a quelque peine à s’effacer devant le politicien (car pour lui ce sont toujours les « compatriotes » bien français qui comptent !)… et ça ne l’empêchera pas de développer sa propagande anti-immigrés et islamophobe qui vise les mêmes personnes. Même chose de la part de Macron, qui se dit « bouleversé » par la situation au Maroc mais semble ouvert à un nauséabond référendum sur l’immigration ! Les mines tristes sont trompeuses et ne coûtent pas cher ! Et l’aide humanitaire non plus, en réalité. Elle est nécessaire et urgente, mais combien pèsent les quelques millions d’euros débloqués pour aider la population face aux profits que les grands groupes de France et d’ailleurs réalisent sur son dos, sous la protection du régime ? La fortune personnelle du roi du Maroc, qui ne représente au fond que le pourboire laissé au garde-chiourme en chef, est évaluée à six milliards d’euros. Oui, pour tous ces politiciens bourgeois, le Maroc est un « pays ami » comme ils disent : un bon ami à très bon compte !

Phénomène naturel, catastrophe sociale

Bien sûr, il était impossible de prévoir la force, la date et le lieu exact de l’épicentre du séisme. Cela dit, une telle catastrophe ne touche pas de la même manière les plus riches, capables d’évacuer les lieux au plus vite, et tous ceux qui devront survivre dans les ruines pendant des semaines et des mois. Surtout, de tels séismes ne frappent pas aussi durement pays riches et pays pauvres, où les bâtiments sont construits vaille que vaille, comme on l’a vu il y a quelques mois en Turquie. Les techniques de construction antisismiques, les exercices de prévention sont aujourd’hui extrêmement perfectionnés. Mais dans un pays où 30 % de la population n’était pas branchée à l’eau courante il y a encore cinq ans, de telles mesures de protection générale de la population apparaissent comme un luxe. Et l’essentiel, ce sont les hôtels… de luxe, qui font marcher le tourisme. Eux sont construits aux normes antisismiques.

Solidarité humanitaire, solidarité de classe

L’émotion générale face au drame qui vient de survenir permet à une certaine solidarité internationale de s’exprimer. Mais passé le premier choc, que restera-t-il ? C’est un champ de gravats sans fin qui menace. Et ni l’aide des États (chiche de toute façon), ni les dons privés, ne suffiront. Reconstruire au plus vite des taudis, voire simplement entasser les gens sous des tentes pour une durée indéterminée, verrouiller en même temps toujours plus les frontières alors que l’Europe pourrait accueillir les réfugiés qui le souhaitent, et surtout s’arranger pour que les affaires reprennent au plus vite, voilà à quoi aboutiront les efforts conjoints des bourgeoisies des différents pays. Les travailleurs du monde entier ont bien mieux à offrir en solidarité au peuple marocain : travailler, quelle que soit notre nationalité ou notre religion, à rebâtir un monde débarrassé des frontières et du capitalisme.

Éditorial du NPA du 11 septembre 2023

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