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Accueil > Éditos de bulletins > 2023 > juin > 26

Naufrage en Grèce : les morts sont en mer mais les assassins sont à la tête des États européens

Une semaine après le naufrage en Méditerranée d’un navire transportant plus de 600 migrants, la vraie débauche de moyens humains et matériels pour aller à la rescousse d’une poignée de riches, dont des hommes d’affaires en mal d’aventures à 250 000 euros la place, dans le sous-marin Titan, apparaît comme totalement indécent. Lorsqu’il s’agit de milliardaires, la société capitaliste a des moyens ! Mais pas pour les milliers de travailleurs et travailleuses morts depuis des années en Méditerranée en fuyant la guerre et la misère, à cause du refus des gouvernements européens d’ouvrir les frontières. Aujourd’hui, l’agence européenne Frontex, chargée de la surveillance des frontières, accuse la Grèce de porter la responsabilité de la catastrophe. Une dénonciation cynique, car c’est la politique de l’Union européenne que la Grèce applique, comme tous les pays frontaliers de l’espace Schengen.

Les meurtriers dirigent l’UE

Ce sont les gouvernements européens qui rendent les routes de plus en plus dangereuses, surveillées, impraticables pour les exilés. Frontex met tous les moyens en œuvre pour les repousser loin des eaux territoriales de l’Europe et refuser de les secourir en mer. Y compris en pactisant avec les régimes despotiques les plus divers. C’est ainsi que Giorgia Meloni, cheffe du gouvernement d’extrême droite italien, a rendu visite en juin à Kaïs Saïed, président-dictateur en Tunisie et au maréchal Haftar, un des seigneurs de la guerre en Libye, pour négocier le prix de la sous-traitance des camps d’internement pour les réfugiés en Libye.

Nous sommes tous et toutes des immigrés

Celles et ceux qui sont morts en tentant de passer en Europe, poussés par la guerre, la misère, les catastrophes écologiques et l’espoir d’un avenir meilleur sont nos frères et sœurs. Qui d’entre nous ne connaît pas un aïeul, un collègue, un parent, un proche, qui a rompu tous ses liens avec son pays, sa ville ou son village, en quête d’un avenir meilleur, sous la menace de la guerre, de la faim, des persécutions ? C’était hier, ou c’était avant-hier. Nous sommes tous et toutes des immigrés ou des enfants d’immigrés. Accueillir toutes les personnes qui le demandent, ouvrir les frontières, c’est un droit humain et devrait aller de soi !

Oui, nous pourrions « accueillir toute la misère du monde » !

Le seul budget annuel de Frontex atteindra 845 millions en 2023 ! Dans le même temps, les budgets militaires explosent et atteignent plusieurs centaines de milliards dans toute l’Europe, autre conséquence meurtrière des frontières et de la concurrence acharnée entre grands capitalistes. Et il n’y aurait pas de quoi développer des infrastructures d’accueil décentes, des services utiles à tous ? Cet argent-là n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan des profits qu’il sert à protéger : en France, les seuls actionnaires des entreprises du CAC 40 ont encaissé 68 milliards de dividendes l’an dernier ! Que dire de l’immensité du gâchis et de la misère que ce système répand ? Un système absurde qui, pour se maintenir, doit découper des frontières entre les peuples alors qu’ils produisent et consomment en commun des marchandises qui circulent déjà librement.

Mettre fin à ce monde de misère !

Macron, Darmanin et tous les autres veulent nous faire voir dans tout réfugié une bouche à nourrir ? Mais ils disent la même chose de nos anciens pour nous faire travailler deux années de plus ! C’est la même logique. Pas de frontières entre les démagogues xénophobes qui gouvernent ou qui postulent à gouverner ce système. Jusqu’à la gauche institutionnelle, dont la plupart des dirigeants sont restés silencieux lors de l’opération de déportation menée à Mayotte le mois dernier.

Exiger la liberté de circulation n’est pas simplement lutter pour un droit humain, c’est un devoir politique : les frontières tuent en mer, elles nous divisent ici même. Face au torrent de xénophobie déversé par en haut, il est d’autant plus impératif de nous rendre audibles et offensifs. Dans nos lieux de travail ou d’études, nous devons le rappeler haut et fort : nous sommes pour l’ouverture des frontières, car nous ne voulons pas nous laisser diviser entre travailleurs et travailleuses. C’est pourquoi nous rejoindrons tous les rassemblements qui auront lieu dans les semaines à venir pour dénoncer ces politiques criminelles.

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