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Accueil > Éditos de bulletins > 2010 > octobre > 17

Marée montante

Le gouvernement le craignait. Pour le coup, il avait raison. Les jeunes sont entrés dans la danse. Non seulement dans des cortèges dynamiques et plein de vie lors des manifestations nationales du 12 et 16 octobre. Mais tous les jours depuis une semaine, pratiquant la grève marchante d’un lycée à un autre. De ces grèves marchantes qui sont en passe de se répandre, entre les différents secteurs de salariés.

Ils ont bonne mine ces ministres qui voulaient opposer les générations entre elles ! Et que les retraités seraient en retraite trop tôt, et que ce serait au détriment des jeunes, et qu’il fallait bien que nous cotisions plus, plus longtemps en gagnant moins, pour nous contenter d’une retraite de misère, et autres balivernes.

L’intox n’a pas marché. Toutes unies, les différentes générations du monde du travail ! Dans la rue, dans la grève, dans les blocages, dans les assemblées inter-professionnelles, dans les manifs, dans les slogans !

Cheminots, enseignants, lycéens, chauffeurs routiers… et bien d’autres !

D’autant que cette même semaine, il n’y a pas que les lycéens, nos enfants, qui sont entrés dans la danse. Les cheminots s’y sont mis parmi les premiers. Mais ils ont été clairs : pas question que notre locomotive avance toute seule. Rejoignez-nous dans la grève, ont-ils dit au reste des salariés. Et au fil de la semaine, leur appel a été entendu. En fait, des locomotives, il y en avait déjà quelques autres : les dockers, les cantinières et les postiers de Marseille, les gars des raffineries… Mais il fallait que ça se multiplie, après le nouveau succès de la manif nationale du mardi 12 octobre.

Alors chez les profs et les instits, par exemple, où jusque-là ça hésitait, on a discuté : « on ne va tout de même pas laisser les cheminots tous seuls !  ». Et en quelques jours des centaines de lycées ont été bloqués, et pas seulement par les lycéens. Et quand le gouvernement a donné la consigne aux préfets de faire donner les lacrymos et les Flashballs contre les mômes, les profs, les syndicalistes et bien d’autres sont venus protester, s’interposer, et soutenir les lycéens.

Ce qui se passe chez une partie des enseignants, cela se passe aussi dans des tas de secteurs. Et pas seulement dans le secteur public. Dans les manifestations, les travailleurs du privé, des petites, moyennes et grandes boîtes, se montrent de plus en plus. Oh, tout n’explose pas d’un coup. Il y a le chômage, les bas salaires, les emplois précaires, les chantages patronaux. Alors on réfléchit, on pèse les chances d’un véritable mouvement d’ensemble, on s’observe. Mais les états d’esprit évoluent vite. Le temps social s’accélère.

Fin de l’isolement

Pour l’heure, ce sont le plus souvent des minorités qui prennent l’initiative. Mais un peu partout dans le pays. On se réunit en assemblées générales. On ne part pas forcément tout de suite en grève. Mais on participe à des débrayages, à des rassemblements locaux. On va voir les salariés d’à côté, on va soutenir les cheminots ou le blocage des raffineries.

Car c’est l’une des caractéristiques les plus prometteuses du mouvement en cours : les salariés en lutte, ou en passe de l’être, sortent de leur isolement, de leur seule entreprise, de leur seul secteur. Des noyaux inter-entreprises sont en train de se constituer.

Toutes ces initiatives locales doivent tendre vers un même but, vers un même mouvement d’ensemble irrésistible. Voilà comment de proche en proche le pays pourrait bien aller vers la grève générale, la vraie. Ce nouveau Mai 68 auquel tout le monde pense et qui pourrait bien devenir un Octobre 2010 encore bien plus dangereux pour le gouvernement et le patronat. Un raz-de-marée social qui emporterait sur son passage non seulement leur réforme scélérate des retraites, mais tous leurs plans contre l’emploi, les salaires et les acquis sociaux.

Alors, dès demain 19 octobre, tous ensemble dans la grève et dans la rue, et le lendemain on continue !

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