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Les raisons de la colère sont toujours là !

Il y a bientôt un an le 27 octobre 2005, deux adolescents de Clichy-sous-bois, Zyed et Bouna, mourraient électrocutés dans un transformateur où ils avaient cru pouvoir se réfugier pour fuir la police. Médias et hommes politiques semblent attendre fébrilement ce triste anniversaire, puisque c’est cet événement qui avait mis le feu aux banlieues en novembre dernier. Exploseront, exploseront pas, leur suspense n’est rien moins que malsain, entre manœuvres politiciennes et manipulation de l’opinion publique, en tout cas à des années-lumière des problèmes des habitants des quartiers. Les agressions à l’encontre des forces de police dans les cités dites « sensibles » font sans cesse l’actualité, et Sarkozy monte au créneau pour menacer de cour d’assises « toute personne qui s’en prendra à un gendarme, un policier ou un pompier ». Il se garde bien de préciser de quelle sorte d’agression il s’agit : un refus de se voir interpellé, une échauffourée en manifestation ?

Il y a un an, l’attitude provocatrice de Sarkozy n’avait déjà fait que jeter de l’huile sur le feu, en traitant les jeunes de « racailles » et en prétendant « nettoyer leurs cités au karcher ». En intervenant continuellement sur le terrain sécuritaire, il poursuit sa démagogie pour séduire l’électorat le plus réactionnaire, celui qui serait tenté par le vote Le Pen. Même s’il prend parfois le soin de souffler le chaud et le froid vis-à-vis de la population d’origine immigrée, au cas où il pourrait aussi y glaner des voix supplémentaires. Les interventions policières musclées et médiatisées, comme aux Mureaux (des dizaines de portes défoncées pour une interpellation), alternent avec les conseils donnés aux forces de l’ordre de se montrer plus discrètes.

Nul besoin de boule de cristal, le risque d’explosion est bel et bien là. Pourquoi en serait-il autrement ? Car dans les banlieues, rien n’a changé depuis l’an dernier. Les jeunes continuent d’être révoltés par le racisme qu’ils subissent quand ils recherchent un emploi, ou lors des contrôles d’identité qui peuvent avoir lieu plusieurs fois par jour, de la part d’une police hostile et méprisante. Dans ces quartiers, aujourd’hui de vrais ghettos de misère, il y a de quoi être révolté par ce cadre de vie. Cette situation est la conséquence de ce système social qui fait s’enrichir de plus en plus les riches pendant que les travailleurs eux s’appauvrissent, ainsi que de la politique menée depuis des années par les partis de la droite et de la gauche gouvernementales. Car ils ont laissé ces quartiers se dégrader et permis le développement du chômage et de la précarité, pendant qu’ils distribuaient par milliards des aides au patronat pour continuer à supprimer des emplois. Le chômage dans les cités, qui peut atteindre 40 % pour les jeunes, les prive d’avenir, quels que soient leurs diplômes. Face à cette absence d’espoir, l’école perd son sens pour nombre d’entre eux. Quand ils réussissent à décrocher un emploi, c’est un stage ou un contrat d’intérim. C’est bien là le fond du problème. Et c’est aussi pour cela que quand elle explose, leur colère est aveugle. Ces jeunes n’ont pas le sentiment d’appartenir au monde du travail. Sans cesse un pied dedans, un pied dehors, ils s’en sentent exclus. Leur sentiment de révolte est légitime, mais ils ne voient guère au-delà de leurs réactions aux provocations policières.

Nous seuls, travailleurs, pourrions leur donner une perspective. C’est en entamant une lutte d’ensemble déterminée que nous pourrions les toucher dans leur colère et les associer à un autre avenir que de brûler les voitures de leurs voisins. Car ces problèmes sociaux dont ils sont victimes, ce sont aussi les nôtres. C’est toute la classe ouvrière qui subit la dégradation de sa vie quotidienne, logement, précarité, salaires. Quand les cités s’embrasent, gouvernement et patronat sont à l’abri. Ils ne le seraient pas d’un mouvement de colère de l’ensemble des salariés comme en mai 68 ou en juin 36, d’une lutte résolue pour l’interdiction des licenciements et des contrats précaires, et pour l’augmentation de tous les salaires à commencer par 300 € par mois pour tous !

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