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Accueil > Éditos de bulletins > 2018 > mai > 15

La guerre contre les peuples

Les snipers de l’armée israélienne ont fait au moins 58 morts et des milliers de blessés par balles parmi les manifestants palestiniens de Gaza qui manifestaient pour rappeler, à l’occasion de son 70e anniversaire, que la naissance d’Israël les avait chassés de chez eux.

Au même moment était inaugurée l’ambassade américaine à Jérusalem, transférée depuis Tel-Aviv sur décision provocatrice de Trump, comme un encouragement donné à tous les « faucons » du monde. De fait, de la Palestine à la Syrie en passant par l’Irak, le Yémen, les dirigeants des puissances locales – Iran, Arabie Saoudite, Égypte, Israël – ne se privent pas de tuer en grand.

Quel décalage avec les prétentions d’un Macron qui s’était imaginé un instant qu’il allait influencer la politique des dirigeants américains ! Ne lui restent que d’hypocrites condamnations, avant de s’aligner demain, avec ses collègues européens et, surtout, les entreprises françaises, sur la politique décrétée par Trump. Et la guerre dans laquelle les interventions militaires des grandes puissances ont plongé le Moyen-Orient monte encore de plusieurs crans.

Trump a balayé d’un seul coup les tentatives d’accord de son prédécesseur avec l’Iran en dénonçant l’accord passé avec ce pays sur le nucléaire. Dès le lendemain, Israël, se sentant les mains libres, a mené des frappes aériennes en Syrie contre des cibles présentées comme iraniennes.

Quelles que soient les raisons de politique intérieure d’un Trump ou d’un Netanyahou – et ils n’en manquent pas –, il s’agit du contrôle de la première région pétrolière du monde, le Moyen-Orient. Dans ces conditions, que pèsent les souffrances du peuple palestinien, particulièrement à Gaza, véritable prison à ciel ouvert soumise au blocus d’Israël, mais aussi de l’Égypte ? Les dirigeants israéliens se sentent soutenus et réaffirment que leur pays est le bras armé du principal impérialisme mondial, l’impérialisme américain.

En Iran – visé par Trump et les attaques israéliennes contre, paraît-il, ses soldats –, la population a déjà subi de longues années d’un embargo imposé par les États-Unis et leurs alliés, dont la France, sous prétexte de mesures de rétorsion contre le régime islamiste. Mais ce sont les plus pauvres qui ont subi l’inflation et les pénuries alimentaires, pas les dirigeants de la République islamique. L’accord sur le nucléaire entré en vigueur en janvier 2016, la fin progressive des sanctions économiques et la reprise des échanges commerciaux avec les pays d’Europe, avaient suscité des espoirs parmi la population iranienne, espoirs déçus, les bénéfices de la nouvelle situation économique n’étant pas allés jusqu’à eux. Déception à l’origine des manifestations contre le pouvoir en décembre et janvier derniers. À peine la porte avait-elle été entrouverte qu’elle se referme.

En Iran, en Syrie, au Yémen, en Irak, mais aussi en Palestine, ce sont d’abord les populations civiles qui souffrent de la rapacité des grandes puissances, de leurs rivalités et de celles de leurs comparses locaux.

Il y a quelques semaines, Macron bombait le torse parce que son aviation avait envoyé, de concert avec Trump, des missiles sur la Syrie. Et, maintenant que la politique de Trump et des dirigeants israéliens montre clairement que c’est contre les peuples qu’elle se déploie, il balbutie des condamnations sans conséquences.

Depuis l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, des entreprises comme PSA, Renault, Total, Vinci et bien d’autres ont largement profité de l’accès au marché iranien. Les voilà aujourd’hui menacées par Trump de représailles économiques si elles n’appliquent pas, elles aussi, le boycott. C’est bien la seule chose qui ennuie Macron dans la politique de Trump ou Netanyahou, pas les morts ou les souffrances dont il n’a que faire.

Et pourquoi le « président des très riches » ferait-il autre chose que verser des larmes hypocrites sur les peuples martyrisés au Moyen Orient alors que, ici, il rêve de réduire les travailleurs à la portion congrue ?

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