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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 67, janvier-février 2010 > DOSSIER : SNCF : du monopole d’État au trust multinational

La défaillance syndicale

16 février 2010 Convergences Entreprises

Le secteur du Rail, en France, ne souffre pas d’un manque d’implantation syndicale. Toute la palette y est représentée, même si la CGT continue à garder la part du lion, avec ses 40 % de suffrages, et le pouvoir exclusif d’avaliser ou de dénoncer des accords soumis par la direction, donné par les nouvelles règles de « représentativité »..

Il y a eu l’explosion de 1995, mais depuis… la direction de la CGT cheminote donne tous les gages de responsabilité aux patrons de la SNCF et aux gouvernements, qu’elle a aidés dans leurs « réformes » anti-ouvrières : 35 heures en 1999, attaque des retraites de la fonction publique en 2003, acceptation d’une restriction au droit de grève en 2004, attaque des retraites des régimes spéciaux en 2007. Chaque fois, l’appareil de la CGT, en « partenariat » bien conscient avec la direction, a réussi à faire rentrer dans le rang celles et ceux qui s’étaient mis en grève, avaient répondu présents à des appels syndicaux dont ils attendaient une suite. Il en va de même face aux coups de colère engendrés par les réorganisations en cours. Alors que les attaques sont sérieuses, la direction de la CGT propose deci delà une journée de grève « carrée », tout sauf un plan de mobilisation et un programme pour les 220 000 travailleurs du Rail et activités connexes.

1999 : pour 35 heures… et l’aggravation des conditions de travail !

En 1998, l’hémorragie des effectifs commençait à avoir des effets dévastateurs sur les conditions de travail. La réponse systématique de la direction, appuyée d’ailleurs par les syndicats, était de renvoyer à l’accord imminent sur les 35 heures annoncé par le gouvernement Jospin. Il apparaissait pourtant que les cheminots y seraient perdants. En échange d’une augmentation du nombre de repos la direction comptait généraliser le travail de nuit et de week-end, ne pas embaucher mais faire absorber aux cheminots la diminution du temps de travail par une augmentation de la productivité et de la flexibilité.

D’où la grève qui éclata à la fin d’avril 1999, d’abord chez les conducteurs à l’appel du syndicat corporatiste FGAAC. Un peu partout, des travailleurs du rang mais surtout des militants syndicaux, voire des sections entières de la CGT saisirent l’occasion de l’appel de la FGAAC pour agir, contre l’avis de leurs propres fédérations. Et furent dénoncés par un communiqué de la CGT et de la CFDT.

La direction de la CGT n’hésita pas à jouer le rôle du pompier pour le gouvernement Jospin et, un mois plus tard, à signer l’accord – après avoir ouvertement brisé la grève et organisé un référendum bidon, avec la CFDT et l’aide logistique de la direction de la SNCF.

2003 : l’accompagnement de la réforme Fillon des retraites du public

Avec le retour aux affaires de la droite en 2002, la direction de la CGT a gardé son cap. Quand Fillon lança en 2003 sa réforme des retraites de la fonction publique, en prenant soin d’annoncer qu’elle ne concernait pas les régimes spéciaux, les cheminots ne furent pas dupes, et répondirent massivement à l’appel des organisations syndicales, le 13 mai. Il fallait remonter à 1979 pour trouver des taux de grévistes aussi hauts. Mais, dès le 14 mai – douche froide –, la CGT annonçait une « suite » pour la Saint-Glinglin… et pesait de tout son poids (mises en garde contre la reconduction et mensonges éhontés sur des votes de reprise dans des dépôts voisins) pour que le travail reprenne aussitôt, malgré des appels à poursuivre de Sud et de FO – partiellement suivis. Dans quelques chantiers, la colère et la méfiance se traduisirent par la mise en place de comités de grève : Paris-Nord, Paris-Austerlitz, Sotteville, etc.

2004 : complicité pour la restriction du droit de grève

Ce fut l’année d’une belle réussite du « dialogue social » : la signature de la CGT, comme de tous les autres syndicats sauf Sud et FO, d’un « accord de prévention des conflits » qui allongeait de cinq à treize jours le laps de temps entre le dépôt d’un préavis et le début d’une grève. Un répit supplémentaire pour la direction en cas de conflit. Cet accord devait empêcher le gouvernement de légiférer sur le service minimum... mais une loi fut néanmoins votée moins de deux ans plus tard, en 2007, sous le label de « continuité du service public ».

2007 : recul et lâchage dans la grève contre la réforme des régimes spéciaux

En 2007, la politique de collaboration de la confédération CGT connaît un nouvel élan avec l’élection de Sarkozy. Bernard Thibault rencontre, de façon ostentatoire, le nouveau président avant même son investiture. La droite avait pourtant mené campagne contre les cheminots, proclamant crânement la réforme de leurs régimes spéciaux. À son annonce répondit, le 18 octobre 2007, une journée d’action, à l’appel de tous les syndicats, qui fut un énorme succès (plus de 75 % de grévistes, du quasiment jamais vu). Impossible de laisser une telle journée sans suite… La CGT n’appela pourtant à une grève « reconductible » qu’un mois plus tard, le 14 novembre, pour la saboter la veille au soir en se félicitant que des négociations soient déjà en cours avec le gouvernement et la direction… La grève dura néanmoins 10 jours, ici ou là menée de façon vivante et démocratique sous l’impulsion de militants d’extrême gauche, mais torpillée par le manque de perspectives offertes par la direction de la CGT… hormis des négociations dont il n’est sorti que l’entérinement de la réforme.

Raphaël PRESTON

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