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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 115, novembre 2017

La SNCF, un univers impitoyable, lui aussi !

7 novembre 2017 Convergences Entreprises

Comme les salariés de nombreuses entreprises, les cheminots se sont reconnus en voyant l’émission d’Élise Lucet Cash Investigation, qui montrait les mauvais coups de Lidl et Free envers les salariés. Développer la polyvalence, empêcher de se parler, accélérer les cadences… Tout est bon pour augmenter la productivité et pourrir la vie au travail jusqu’à l’intenable ! Et quand les salariés se mettent en arrêt maladie ou font grève, les patrons n’hésitent pas à lancer des procédures de licenciement pour faute à leur encontre. Petite plongée dans le secteur commercial de la gare Saint-Lazare à Paris où les mêmes sales méthodes sont utilisées.

Faire du chiffre sur le dos des agents et des voyageurs

Chaque année, c’est la même musique. À la vente comme dans bien d’autres services, des postes sont supprimés, des boutiques ferment, des guichets disparaissent, des agents partent en retraite et ne sont pas remplacés, d’autres sont même sous le coup de procédures de licenciements… La directrice de l’unité de vente en est fière, puisque sous son « règne » de 5 ans, pas moins de 180 postes ont été supprimés. Beau bilan [1] !

Cette politique n’est pas sans conséquence sur les conditions de travail. Les files d’attente à n’en plus finir sont devenues la norme, les usagers lassés ont tendance à capituler au bout d’une demi-heure, les nerfs à vif, et les conflits se multiplient. On demande aux agents de défendre les augmentations de tarif alors que les conditions de voyage sont dégradées.

Pendant ce temps, la direction explique que l’objectif de l’entreprise serait d’en finir avec nos emplois. Agent commercial ? Obsolète ! Il faut envisager de se reconvertir (sic) ! Un discours en complet décalage avec le constat d’un service aux voyageurs déjà déprécié. Mais c’est bien le cadet des préoccupations des cadres dirigeants.

« On ne gardera que la crème »

C’est la formule du directeur d’établissement. La moindre erreur de procédure est sanctionnée comme faute professionnelle. Les « bons élèves » sont invités à prendre viennoiseries et boissons chaudes, tandis que les autres n’ont droit ni à quitter leur fauteuil ni à échanger la moindre parole entre eux ! Les chouchous d’un côté, les incompétents dans leur travail de l’autre ! Grossières tentatives de division !

Autre combine… Les chefs reportent sur des agents absents la responsabilité du sous-effectif et des charges de travail trop importantes : les grévistes sont accusés de sabotage, les malades d’être des malades imaginaires, les uns et les autres accusés d’être la cause des suppressions de postes. La lutte contre l’absentéisme est devenue le jeu favori des chefs. Il y aurait besoin de prévention contre le surmenage et le stress ? Pas question, la hiérarchie organise exclusivement les contrôles médicaux à domicile durant l’arrêt de travail... sans oublier les entretiens coups de pression avec elle au moment du retour.

Ça passe ou ça casse ?!

Comment réagir quand on nous dit chaque jour que notre métier va disparaître d’ici trois ans, et que chaque semaine arrive un nouveau lot de restructurations ? C’est un genre de sauve-qui-peut : maladies, recherches de mutations, congés sans solde ou encore démissions, certains cherchent à fuir… Au travail, bien trop souvent c’est la peur qui règne. La hantise d’être dans le viseur de la direction lors de prochaines vagues de suppressions de postes invite au silence, même quand certaines situations déplorables – travaux effectués à proximité rendant invivable l’échange avec les usagers, colère des clients en attente palpable, etc. – mériteraient que l’on exerce notre droit de retrait.

Gare à l’indigestion !

Personne n’est dupe. Avec ses réorganisations en permanence, les sanctions et le flicage des agents, la SNCF n’a pas d’autre objectif que de faire plus de fric sur notre dos et celui des voyageurs. Elle n’en ignore pas les risques et elle aussi a ses hantises que des grèves éclatent contre sa politique. C’est probablement la raison pour laquelle elle annonce qu’au 1er novembre 20 000 cheminots supplémentaires seront soumis aux mêmes restrictions du droit de grève que celles réservées jusque-là au personnel roulant (conducteurs et contrôleurs) et aux aiguilleurs – les personnels ayant un impact direct sur la circulation des trains.

C’est nouveau, ça vient de sortir... le bras de fer continue !

15 octobre 2017, Julie CORRENÇON


[1La SNCF a supprimé plus de 30 000 postes depuis 15 ans (2002), elle a annoncé encore 1 200 suppressions de postes pour l’année en cours et les secteurs comme la vente sont particulièrement concernés.

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