Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Éditos de bulletins > 1998 > septembre > 7

LA RENTREE ANTI-SOCIALE DU PATRONAT ET DU GOUVERNEMENT

Malgré l’aggravation de la crise financière mondiale, la gauche gouvernementale, s’appuyant sur l’annonce des superprofits industriels et financiers en France, continue à entonner sa rengaine « tout va très bien madame la marquise ». Du fait de cette « embellie économique », les recettes de l’Etat ont connu une forte hausse : 52 milliards de francs de recettes supplémentaires, sans compter les revenus dûs à l’effondrement du prix du pétrole.

On aurait pu croire que l’Etat allait utiliser tous ces milliards à embaucher dans les services publics mais il n’en est rien. Il laisse se dégrader la situation dans les chemins de fer et dans les hôpitaux. Et même dans l’enseignement, il ne crée que des emploi-jeunes provisoires d’un an et compensés par la suppression de 3000 postes de surveillants ! Et dans le même temps les patrons continuent les plans de licenciements, nullement inquiétés en cela par le gouvernement : Salins du Midi, Chantiers du Havre, Amtel, MHS, Frigécrème, etc, sans parler des suppressions massives d’emploi qui continuent dans l’automobile, la sidérurgie ou le textile, avec à la clef la baisse des salaires (parfois plus de 20% en dix ans selon l’INSEE) et l’aggravation des cadences pour ceux qui conservent leur emploi.

La ministre Martine Aubry a tenu à préciser que ce n’est pas le moment de revendiquer pour les emplois et les salaires et que le nombre des sans-emplois reprendrait même sa hausse dès ce mois de septembre.

L’Etat continue, comme avec les gouvernements de droite précédents, à se servir de l’argent de nos impôts pour faire des milliards de cadeaux aux patrons sans la moindre contrepartie ni garantie, sous prétexte d’aide à l’emploi : suppression de la taxe professionnelle payée par les entreprises, baisse des droits de mutation et de donation, lancement d’obligations d’Etat aux revenus indexés sur l’inflation – alors que les salaires avaient été desindexés par la gauche – « emplois jeunes » payés à plus de 80% par l’Etat, et tout dernièrement projet de baisse des charges patronales sur les bas salaires.

Dur pour les riches alors ce gouvernement ?

L’impôt sur la fortune passe très en dessous des revenus tirés de la redevance télé ou encore de la vignette automobile. Dans le même temps, Jospin n’a toujours pas les moyens d’augmenter les minima sociaux. Et les réformes des impôts promises par la gauche, comme la baisse d’ensemble de la TVA ou encore la taxe d’habitation proportionnelle au revenu, sont suspendues.

Mais le principal des cadeaux au patronat comme la plus grosse attaque contre les salariés reste l’accord des ... 35 heures ! Fin juillet, l’accord conclu dans la métallurgie avec l’aval de certains syndicats avait annoncé la couleur : flexibilité des horaires pour les salariés (admettant jusqu’à 12 heures de travail par jour), passage au temps forfaitaire pour les agents de maîtrise et disparition de toute référence horaire pour les cadres. Et sans aucune contrepartie sur des embauches. Même si l’application de ce texte n’est prévue que pour l’an 2000, les patrons du secteur en profitent en attendant pour essayer d’obtenir des accords entreprise par entreprise et les autres patrons sont invités à s’en servir comme modèle.

Si la ministre Aubry a prétendu y opposer l’accord dans l’industrie sucrière – signé le 18 août par la CFDT, la CFTC et la CGC – qui selon elle serait le type même du « bon accord », il ne vaut pas mieux pour autant : droit pour les patrons de modifier les horaires en fonction de leurs besoins, annualisation du temps de travail, gel des salaires... et au bout de tous ces sacrifices pour les salariés, création de zéro emploi nouveau !

Le bilan actuel de la loi des 35 heures fait état de 200 accords, qui n’auraient créé que 1800 emplois, si on n’y ajoute pas les prétendus « emplois maintenus » ! Cela fait une moyenne de 9 emplois par accord. En somme bien moins que ce que l’argent donné aux patrons aurait permis de créer directement.

S’opposer efficacement à l’offensive du patronat et du gouvernement qui le sert si bien, ne se fera pas en négociant entreprise par entreprise, mais par une lutte généralisée de l’ensemble des travailleurs.

Imprimer Imprimer cet article