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Accueil > Éditos de bulletins > 2017 > juin > 26

L’été sera-t-il chaud ?

Des canicules comme celle de la semaine dernière – 66 départements touchés pendant plusieurs jours – risquent de se produire plus souvent dans les années à venir, réchauffement climatique oblige. Alors il se pourrait bien que celle-ci ait deux ou trois choses à nous apprendre…

« Situation contrôlée » : vraiment ?

Tout en multipliant les messages d’alerte, les autorités se sont voulues rassurantes. Pas de surmortalité dans les maisons de retraite, comme lors de l’été 2003, où 15 000 personnes âgées étaient mortes prématurément. Les hôpitaux ont évité la saturation, malgré 30 % d’admissions en plus aux urgences. Les maîtres-nageurs ont même accepté de faire des heures supplémentaires pour que les piscines ferment plus tard. S’il n’y avait pas eu des inconscients pour ouvrir les vannes des bouches d’incendie, tout aurait baigné dans l’huile…

Ah bon ? Alors pourquoi des écoliers se sont-ils retrouvés à l’hôpital, par exemple à Nersac, en Charente ? Pourquoi le père d’une enfant d’un an et demi en attente d’une greffe de foie a-t-il dû dénoncer dans le Parisien du 94 l’absence de ventilateur dans sa chambre d’hôpital, qui atteignait les 35 °C ? Sans parler de la pollution qui a redoublé à Paris, Lyon ou Grenoble…

« Vous avez chaud ? Il faut quand même travailler »…

résume le journal patronal L’Usine nouvelle. De fait, sans même parler de la situation sur les chantiers du bâtiment, dans plus d’une usine on a vu des collègues faire des malaises, comme à PSA Caen, sans que la direction fasse grand-chose à part distribuer de l’eau, parfois à peine rafraîchie.

Dans les bureaux, ce n’est pas forcément mieux. La tour de la Part-Dieu à Lyon n’a plus de climatisation depuis trois semaines. Et les fenêtres ne s’ouvrent pas. Seul Orange a déménagé ses 360 salariés… jugeant que cela lui coûterait moins cher que leur baisse de productivité. Les 800 autres, employés de plus petites entreprises, en sont réduits à s’arracher les ventilateurs du supermarché du coin.

À France Bleu Champagne-Ardenne, il faisait entre 35 °C et 50 °C selon les locaux, et même 80 °C à proximité des serveurs informatiques ! Un salarié a fait un malaise avant que la station interrompe ses programmes.

Car si l’employeur est tenu de prendre des précautions contre les effets de la chaleur, la législation ne fixe aucune température limite au-delà de laquelle le travail doit cesser.

Il ne faudrait pas trop nous chauffer…

Là où des réactions ont eu lieu, c’est parce que des salariés se sont organisés. Des chauffeurs de bus ont protesté à Meaux ou Nantes contre les 50 °C atteints derrière les pare-brise. Six chauffeurs nantais ont fait sensation en contournant l’interdiction du port du bermuda en se mettant… en jupe ! Détail amusant : au même moment, des écoliers anglais astreints eux aussi au pantalon en faisaient autant. Avis aux nostalgiques de l’uniforme à l’école : vous pourriez bien susciter des révoltes !

Surtout dans les écoles où, faute d’isolation, la température intérieure dépasse celle de l’extérieur : « Ils me disent de fermer les volets. On n’a même pas de volets ! », s’étrangle une directrice à propos des conseils de sa hiérarchie. À Nîmes ou Avignon, c’est avec les parents que les instits ont organisé la protestation.

…car on pourrait bien s’enflammer

Des pannes de trains aux usines, aux bureaux ou aux chantiers transformés en fours, c’est tout une politique de coupes budgétaires et d’extorsion de profits que la canicule met en lumière. Les solutions ne manquent pourtant pas. Le réchauffement climatique attisera-t-il aussi les braises de la révolte sociale ? C’est à espérer. L’historienne Michelle Perrot a montré que les grèves, au moins pour le XIXe siècle en France, étaient plus fréquentes en été. Il y a des traditions qu’il est bon d’entretenir…

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