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Accueil > Éditos de bulletins > 2010 > novembre > 22

Haïti au temps du choléra

L’épidémie de choléra sévit plus que jamais en Haïti. Hier le tremblement de terre, aujourd’hui un ouragan puis une épidémie. Le choléra est la maladie de l’eau sale et de la misère. Mais dans les décombres de Port-au-Prince comme dans le reste du pays, les gens sont trop pauvres pour se procurer eau potable et savon. Ils attendent toujours les dix milliards d’aide promis par les grandes puissances l’hiver dernier après le séisme.

Autre univers, autres secours : la semaine dernière, 4 500 passagers fortunés, bloqués sur un paquebot de croisière grand luxe au large du Mexique, ont été ravitaillés à partir d’un porte-avion de l’armée américaine en nourriture et eau potable. En quelques jours, ce fut la ronde des hélicoptères, un véritable pont aérien apportant tout le fret nécessaire. Mais rien pour Haïti, pourtant tout proche des Etats-Unis. 

Il y a deux cents ans, les Noirs haïtiens s’étaient libérés de l’esclavage par la révolution, mais l’Etat français n’a reconnu en 1825 l’indépendance du pays qu’en échange d’une rançon colossale. La dette, et ses intérêts, contractée auprès des banques françaises et américaines étouffe encore aujourd’hui Haïti ! Depuis, les dictateurs successifs ruinent le pays. Quant aux forces de l’ONU sur place, elles protègent les quartiers riches et les affaires des capitalistes tout en réprimant manifestations et émeutes de la faim.

Selon l‘ONU, il ne faudrait que 184 millions de dollars pour combattre la maladie. 377 millions d’euros sont dépensés par les Etats-Unis chaque jour pour occuper l’Irak et l’Afghanistan. Le coût d’un seul mois de guerre suffirait à reconstruire Haïti avec des bâtiments salubres et instaurer un réseau d’assainissement des eaux pour tous ses habitants.


En France : l’État voyou

On a donc droit à un mauvais épisode d’OSS 117.

L’affaire Karachi s’est emballée ce week-end et vire au règlement de compte politique franco-français.

Rappelons les faits. La France, un des principaux vendeurs d’armes dans le monde, avait décroché un énorme contrat de vente de sous-marins au Pakistan dans les années 1990. En 1994, alors que tout est bouclé, 33 millions d’euros de commissions transitent par une société-écran luxembourgeoise tout juste créée, dénommé HEINE. Ces commissions sont destinées à des « intermédiaires » imposés à la dernière minute par le gouvernement Balladur, et exhalent un fort parfum de « rétrocommissions », ces sommes d’argents qui font le voyage en sens inverse, à destination d’un parti ou homme politique. Bref, des pots de vin ! Cela sentait suffisamment fort pour que Jacques Chirac fraîchement élu en 1995 mette son propre clan sur le coup, Villepin, Juppé, Millon et consorts,... et coupe le robinet au clan rival.

Sept ans plus tard, onze salariés des chantiers navals meurent au Pakistan dans un attentat bien vite attribué à Al Qaida. En fait, les services secrets pakistanais seraient impliqués, à titre de mise en demeure de paiement.

Arrive Villepin, dans son nouveau rôle de preux chevalier, qui balance à tout va. À l’époque, Sarkozy, son ennemi juré, était ministre du budget, donc impliqué dans la création de la société Heine, et porte-parole de campagne de Balladur. L’occasion pour Villepin de faire d’une pierre deux coups. Mais le clan des Hauts-de-Seine réplique en laissant entendre que les responsables seraient ceux ayant cessé de payer.

Tout ce petit monde mafieux se tient par la barbichette. Une affaire parmi bien d’autres qui lève un coin du voile sur le fonctionnement de l’appareil d’État. Au service des grands capitalistes, à commencer par les marchands d’armes, Dassault, Lagardère et consorts bien sûr, mais dont le petit personnel politique n’oublie pas de se servir au passage. Avec pour payer les pots cassés, des ouvriers ! Bref, la France, du moins celle d’en haut, terre d’accueil… de la corruption.

De quoi croire en la révolution, pas aux élections !

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