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Accueil > Éditos de bulletins > 2018 > novembre > 26

Gilets jaunes : Macron rhabillé pour l’hiver

Avec plus de 100 000 manifestants, la journée de mobilisation des « Gilets jaunes » samedi dernier a été un succès. Macron a exprimé hypocritement sa « honte » face aux échauffourées sur les Champs-Élysées, mais pour les dizaines de milliers de travailleurs, chômeurs ou retraités qui depuis plus d’une semaine se retrouvent quotidiennement pour organiser les barrages filtrants, c’est la fierté qui domine !

En dépit de la fatigue et des CRS, la mobilisation se maintient, quitte pour beaucoup à « faire les 3/8, comme à l’usine », et exprime une colère sociale qui se généralise. À la Réunion, l’armée a décrété le couvre-feu pendant plusieurs jours en réponse à la multiplication des barrages, avant que ne soit finalement annoncé le gel de taxes pénalisant tout spécialement l’île.

Sois jaune et tais-toi

Macron, jusque-là quasi muet sur le sujet, se débat pour ne pas céder à la principale revendication, la suppression de la hausse de la taxe carbone, et faire illusion par quelques mesurettes comme l’extension aux chaudières au fioul de la prime à la casse des voitures ou la mise en place de microcrédits pour l’achat de nouveaux véhicules !

En revanche aucune annonce concernant le rétablissement de l’ISF, dont la suppression sera directement compensée par la hausse de la taxe carbone de l’aveu même du ministère de l’Économie. Pas question non plus de taxer les profits colossaux engrangés par les compagnies pétrolières comme Total. Et le gouvernement vient de ponctionner de 577 millions d’euros le budget prévu en 2018 pour cette soi-disant « transition écologique ». C’est dire si l’environnement a bon dos !

La taxe de trop

Mais ces contre-feux pseudo-écologiques risquent d’être bien dérisoires pour éteindre l’incendie social en train de se propager : car parmi les milliers de travailleurs pauvres qui se mobilisent, souvent pour la première fois de leur vie et découvrent ainsi la puissance de la force collective, la question des carburants n’est que « la goutte qui fait exploser le réservoir de la colère  », ainsi que le déclare un manifestant. Sur les gilets comme sur les pancartes, les slogans parlent désormais du chômage, de la précarité généralisée, des salaires et des retraites de misère qui ne permettent pas de tenir jusqu’à la fin du mois, des conditions de travail de plus en plus dégradées, etc. Comme le résume une manifestante dans l’Eure : « On veut que ça s’arrête, on veut pouvoir manger et vivre correctement. »

La crainte de l’extension

En réponse, Macron et Castaner ont dénoncé les violences des Champs-Élysées : une violence anecdotique en comparaison de la violence sociale infligée par le gouvernement. En dénonçant un « mouvement séditieux », manipulé par l’extrême droite, Castaner essaie de faire peur au reste de la population qui regarde avec sympathie les Gilets jaunes. Mais tous ces travailleurs et travailleuses, aide-soignantes, caissières, ouvriers du bâtiment, précaires, licenciés reconvertis en auto-entrepreneurs, salariés, chômeurs et retraités ne s’en laissent pas conter et s’organisent eux-mêmes. Et, au-delà de faire céder Macron sur la taxe carbone, les revendications se multiplient à propos de la vie chère, des salaires, de la CSG, du forfait hospitalier et bien d’autres.

En quelques jours, c’est toute une fraction de la classe ouvrière, celle qui était précisément la moins organisée et la moins visible, qui vient de prendre l’initiative de la lutte. Une lutte que l’ensemble du monde du travail, qui subit lui aussi les attaques du gouvernement et du patronat, a tout intérêt à rejoindre. Oui, les expériences faites par de nombreux travailleurs montrent que le mouvement pourrait s’étendre et gagner les entreprises et amorcer, pourquoi pas, une lutte d’ensemble contre le « président des riches », et contre ses bons amis patrons, capables comme Carlos Ghosn, ex-PDG de Renault-Nissan détrôné, de rafler des dizaines de millions au fisc !

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